
Golden Imagination est le roi du tatouage micro-réaliste en Principauté
C’est dans une des rues les plus désirables du centre de Liège que l’on rencontre Golden Imagination, alias Salvatore di Salvo, un des maîtres du tatouage micro-réaliste en Belgique dont le talent n’a d’égal que le tempérament. Envie de vous faire tatouer par le fin du fin ? Vous ne pourriez pas mieux tomber.
Quand je pousse la porte de l’Atelier des Rêveurs, le studio de tatouage qu’il partage sur le pimpant boulevard Piercot avec son associé, Dorian dit SPNV, Salvatore di Salvo, ou Golden Imagination pour les 12.300 personnes qui suivent ce talent émergent du tatouage micro-réaliste sur Instagram, vient tout juste de se faire voler. Une sombre histoire de rapide passage à la banque juste en face, de cliente qui laisse son sac « en gage de bonne foi » le temps d’aller retirer le montant nécessaire à payer l’entièreté de son tatouage, le tout sur fond de « Chicago de Belgique » (sic) et voilà un motif d’ancre et de compas (mais pas moral, rh rh rh) bien mal acquis qui ne profitera probablement pas à sa nouvelle propriétaire.
On serait de mauvaise humeur à moins, mais Golden, ou Salvatore, bien que pas forcément ravi, n’en perd pas le sourire pour autant. Pour celles et ceux qui, comme moi, ont connu (de justesse, dans mon cas) l’époque où le tatouage était encore majoritairement réservé aux pirates (métaphoriques) et les tatoueurs se permettaient d’être bourrus et taciturnes, surtout avec les personnes qui ne collaient pas au stéréotype des encrés, pousser la porte d’un studio où ce sont les good vibes qui priment reste à chaque fois une très agréable surprise. Et ici, c’est vraiment le cas, même en cas de coup dur donc.
Le diable au corps
Tant mieux, vous me direz, puisque mine de rien, on vient tout de même chez Golden Imagination pour un moment important. Même si la technologie progresse, a priori, on se fait en effet tatouer pour la vie, donc autant que ce soit fait dans la joie et une bonne humeur aussi mémorable que le motif.
Et puis avec talent, s’il vous plaît, or ça, justement, Salvatore en a à revendre.
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À voir la finesse de son trait et le réalisme de ses dessins, difficile d’imaginer que celui qui n’a pas encore fêté ses 30 ans est autodidacte. Et pourtant : mordu de dessin depuis l’enfance, « jamais sans un crayon en main », il se dirige d’abord vers la décoration d’intérieur puis décide de se former au tatouage en solitaire, en parallèle d’un job alimentaire pour subvenir à ses besoins.
C’est d’ailleurs là, dans les rayons de la supérette où il travaille, qu’il rencontre ses premiers cobayes, des quidams téméraires ayant entendu qu’un membre de l’équipe du magasin rêvait de jeter l’encre et prêts à offrir leur peau en guise de canevas contre la promesse d’un tatouage gratuit.
Cela aurait pu (très très très) mal tourner, sauf que Salvatore est doué, méticuleux et précis, et très vite, il affine tant son trait que son style. « Bien sûr, j’ai commencé par m’exercer sur de la peau synthétique et de la peau de cochon, mais je n’aimais pas du tout le rendu, qui ne ressemblait en rien à celui de la peau humaine. Grâce à mon premier client, qui est venu me trouver au Spar pour me demander de lui tatouer Belzebuth, j’ai pu avoir une réalisation à montrer à d’autres pour les convaincre de me laisser les tatouer » se souvient celui qui a parcouru pas mal de chemin depuis ses débuts il y a 8 ans.
Du talent et de la tchatche
Après avoir oeuvré dans un autre salon en périphérie liégeoise, où Dorian alias SPNV a d’abord été son stagiaire puis son apprenti, aujourd’hui, le duo manie les aiguilles dans un espace beau comme un appartement bourgeois. Dans le paysage toujours plus saturé du tatouage, ils se distinguent par la délicatesse de leur travail, mais aussi la chaleur de leur accueil. Et puis leur talent, forcément, leur talent !
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Sur les réseaux sociaux, où il poste ses créations, Golden Imagination a ainsi été repéré par l’Américain Winterstone, qui a notamment encré Matt Damon, Jessica Alba mais aussi Kristin Cavallari, inoubliable blonde atomique de Laguna Beach. Suivi par plus de 600.000 fans de son trait ultra léger, il a invité le Liégeois à venir tatouer avec lui à Los Angeles, séduit par sa maîtrise du microréalisme.
Un genre dans lequel Salvatore se spécialise, afin de contrer la concurrence toujours plus grande. Lui-même orné « simplement » d’une sleeve et de deux autres petits tatouages dont un qu’il « regrette et hésite à faire lasériser », il note que ces dernières années, la pratique a connu un véritable boom. Avec tout ce que cela compte de dérives, et de cowboys qui manient l’aiguille sans maîtriser la technique.
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« Le fait que le tatouage soit très à la mode complique la situation, parce que beaucoup de gens se lancent sans avoir forcément suivi la moindre formation, et cela étouffe le marché. Il faut lutter pour garder l’attention du public » concède le Liégeois. Qui, pour sa part, réussit à la maintenir grâce à une communication léchée, qui lui vaut un following à 5 chiffres sur Instagram.
Un rêveur (micro-)réaliste
Avant que je passe sous ses aiguilles, il affirme avec l’assurance de celui qui doit se faire swiper plus souvent vers la droite que vers la gauche (et qui se sait doué en prime) que son but est de réaliser « mon tatouage préféré ».
Une affirmation d’autant plus audacieuse que lors de notre rendez-vous, mon corps est déjà recouvert d’une trentaine d’autres motifs parmi lesquels choisir, mais plusieurs semaines après qu’il m’ait encrée tout en finesse, sans que le passage de l’aiguille ne suscite la moindre douleur ou gêne, je dois bien reconnaître que son travail tient plus de l’oeuvre d’art que du simple tatouage.
« Micro-réaliste », c’est vraiment ça, avec, en prime, un jeu d’ombres et de nuances qui donne l’impression que le symbole choisi est en 3D sur mon avant-bras. Dingue, et oui, comme annoncé, désormais un de mes tatouages préférés.
Tout au long du rendez-vous, on papote dans une ambiance bon enfant, à l’ombre d’une impressionnante fresque d’époque de Carpay qui ajoute encore un peu plus de crédit artistique à l’endroit, et Salvatore ne rechigne pas à se raconter.
« L’Atelier des Rêveurs », le nom de son studio de tatouage ? « D’abord, on partait sur quelque chose d’ironique à la « pardon maman » et on pensait s’appeler Oh Shit ! Studio, mais on ne trouvait pas de logo approprié, c’était horrible, donc on en a beaucoup discuté ensemble avant de tomber d’accord sur l’idée du rêve ».
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Golden Imagination ? « C’est venu comme ça, il fallait que je trouve un nom d’artiste et ça me plaisait ». Le motif qu’il aimerait ne plus jamais tatouer ? « Les horloges ! À un moment, c’était très à la mode, j’en ai tatoué trop et ça m’en a dégoûté ».
Son conseil à celles et ceux qui aimeraient se faire encrer ? « Je ne pense pas qu’on puisse regretter un tatouage qu’on a bien choisi, même s’il est associé à un souvenir plus trop positif, parce que si on l’a pensé en âme et conscience, il devient une partie de nous ». La réciproque est vraie pour le choix du studio, et croyez-en une convertie : à l’Atelier des Rêveurs, vous êtes entre de bonnes mains.
Golden Imagination – L’Atelier des Rêveurs
Boulevard Piercot 44 – @goldenimagination (Prise de rendez-vous en message privé via sa page Instagram)