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Le menu de Mio Posto photographié par Marie-Valentine Gillard

La clientèle de Mio Posto a grandi (et sa carte aussi)

Arrivée il y a 8 ans comme un rayon de soleil en Souverain Pont, l’Osteria Mio Posto a su d’emblée séduire les Liégeois pour qui aller au resto est une fête, une joie pour les papilles et pour les yeux aussi, qui commence dès la tenue choisie. Comprendre, le public a toujours été aussi sexy que la carte, canaille et fédératrice. Et désormais, sous l’impulsion de la deuxième adresse du patron, plus audacieuse (et sensuelle) que jamais. 

Car après Mio Posto, Gabriel Caridi a repris l’espace longtemps occupé par la Ferme en Ville de sa compagne pour en faire Fugazi, sa table italo-américano-française saluée par la critique et les gourmets. Sublimées par une vaisselle en inox parfaitement dans le zeitgeist, les préparations envoyées par la cuisine y sont non seulement extrêmement photogéniques, mais surtout, de vraies réussites gustatives, superpositions de textures et de saveurs qui surprennent et ravissent. Et puis inspirent, aussi, car piquée par le succès de l’adresse d’en face, l’équipe de l’Osteria a décidé de monter le niveau d’un cran, emmenée par un patron épicurien qui s’est dit qu’après 8 ans d’une formule qui fonctionne, l’heure était venue d’oser (un peu) la réinventer.

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C’est qu’ainsi qu’il le souligne, le public, à l’origine plutôt (très) jeune et festif a grandi, et se compose désormais de ce qu’il qualifie dans un sourire de « 25 ans + », le plus désignant aussi bien les gourmands au mitan de la trentaine que ceux qui ont l’âge de la retraite.

Si on va forcément (à vie) piquer sa formule pour répondre à celles et ceux qui nous demandent notre âge ? Bien sûr, mais ce n’est pas le sujet. Et en l’occurence, la maturation de la carte pour coller à l’évolution des dîneurs est plus que réussie.

L’âge de raison

Confession : cela faisait des années qu’on ne s’était plus attablés chez Mio Posto, et depuis l’ouverture de Fugazi, s’il fallait dîner rue Souverain Pont, c’était toujours au numéro 34 plutôt qu’au numéro 29 qu’on choisissait de se rendre. Certes, les pizzas étaient vraiment bonnes, et la combinaison de Negroni spritz parfaits (servis avec une tranche d’agrume et une olive, comme dans la Botte) et d’un bel assortiment d’entrées à partager, tout ce qu’il y a de plus réjouissante.

Mais disons que passé le cap des 25 ans, on pouvait regretter un manque de sophistication de la part de cette osteria festive au possible. Loin de nous l’idée de vouloir un cadre plus guindé, ou des préparations moins canaille, mais tout ceci était parfois un peu trop dérivatif de Big Mamma pour nos papilles – et oui, nous aussi, on a envie de se coxer l’arrière du crâne en écrivant cette phrase.

menu osteria mio posto liège

L’âge de raison, donc ? Le soir de notre visite, la carte traditionnelle s’accompagne d’une série de quatre suggestions toutes plus alléchantes les unes que les autres. Eliminée d’emblée pour cause de compagne de table VG, l’assiette de charcuterie du moment, aperçue sur la table d’à côté, est un mille-feuille de chair alléchante, généreusement servi et jouant la carte du mono produit pour ne pas saturer le palais de sodium mais plutôt mettre la qualité à l’honneur.

Autre nouveauté, qu’on partage avec joie, les « verdure della casa », ou légumes du moment si l’on préfère Molière à Dante, proposés au prix tout ce qu’il y a de plus raisonnable de 10 euros. En ce soir de printemps, c’est sans surprise mais avec joie que l’on accueille à table un beau bouquet d’asperges, servi (sur une assiette en inox !) accompagné d’un pesto addictif ainsi que d’oeufs marinés à l’asiatique, où le vinaigre balsamique se substitue à la sauce soja.

Régal total.

Farandole d’antipasti

Parce que c’est jeudi soir, qu’il fait exquis et que ça fait longtemps qu’on n’a pas profité de la compagnie l’une de l’autre (et plus longtemps encore qu’on n’a plus mangé chez Mio) on décide de panacher les antipasti et d’agrémenter les asperges des encornets frits, à la carte depuis l’ouverture de l’osteria, ainsi que d’une portion de stracciatella garnie de zestes de citron.

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D’une élégance folle, cette assiette estivale et délicate nous ravit, et on se jure de la répliquer à chaque apéro à compter de ce repas en terrasse. Pour ce qui est des encornets, on regrette la légèreté croustillante des fritto misto de la Botte, dont la texture aérienne rappelle presque parfois le tempura. Et quitte à revisiter le menu, on préfèrerait qu’ils soient remplacés par des supions, plus subtils et donc plus raccord avec ce Mio Posto 2.0 qui envoie la sauce (métaphorique) et tire ses assiettes vers le haut.

Comment ? Personne ne nous a demandé de nous mêler de faire des suggestions à la carte ? Ah.

Pas grave, on sauce nos assiettes avec joie, et on passe des Negronis à un rosé absolument parfait, d’un rose profond qui tire sur le rouge et réconcilie les tablées où certain·e·s préfèrent le blanc et d’autres le vino rosso.

Pizza, pasta e basta cocktails

Et avec ça ? Parmi les (multiples) options végétariennes à la carte, le risotto alla milanese, agrémenté de safran, stracciatella et noix, est une évidence. Lui aussi généreusement servi, il arrive, ensoleillé et alléchant, et tant la taille de la portion que la justesse de sa préparation justifient amplement son prix (20 euros l’assiette en l’occurence).

pizza mio posto liège

Version viandarde, on ne résiste pas à l’appel de la « Pizza Tasty », en suggestion lors de notre visite.

Soit la pâte impeccablement cuite qui a fait la renommée de l’adresse, vêtue d’un manteau de coulis de tomate absolument dinguissime, puis rehaussée de n’duja, parmesan, mozzarella di buffala et chips d’oignon. « Une tuerie » comme on dit quand on a 25 ans (+++), savourée sur place et achevée le soir même, froide, par une bonne fourchette qui n’était pas de la fête mais qui s’est fait une joie de boulotter les restes – et quels restes !

E poi ? Pas de dessert, mais pas non plus de regrets, parce que Julien amène à table un surprenant hybride d’Hugo et de Pornstar Martini. Une concoction ultra rafraîchissante et agréablement acidulée à base de gin et de liqueur de sureau, aussi fraîche qu’elle est traitre, d’ailleurs, parce qu’elle se boit comme une limonade sauf que c’est clairement une boisson pour adultes.

cocktails osteria mio posto liège

Et tant qu’on parle de Julien : si tous les serveurs de Liège calquaient leur comportement sur son approche souriante et attentive, aller au resto serait encore plus agréable.

Grâce à ses conseils avisés et à son service prévenant, parfaits compléments aux spécialités italiennes revisitées envoyées par la cuisine, on a décidément passé une délicieuse soirée.

Et cette fois, on ne laissera plus passer des années avant de rendre visite à cette osteria qui n’a clairement pas dit son dernier mot.

Osteria Mio Posto

Rue Souverain Pont 29 – MA-SA 18h-22h30 – Osteria Popolare 

Photo de couverture : Marie-Valentine Gillard

 

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.