Anarchitecte déconstruit le « harcèlement quotidien » des architectes
Anarchitecte, c’est un excellent jeu de mots, déjà, mais c’est aussi le titre d’une collection de pamphlets satiriques qui vient de paraître aux éditions Fourre-Tout. Une maison liégeoise derrière laquelle se cache nul autre que l’architecte renommé Pierre Hebbelinck, qui a accédé au souhait de l’auteur d’Anarchitecte, aujourd’hui disparu, de « rendre sa dignité au plus beau et au plus complet de tous les arts ».
En écorchant d’une plume mordante tous les individus et organismes qui la menacent au passage. Ordre des architectes, région wallonne, maîtres de stage… C’est armé de sa plume qu’Olivier Verdique, alias Alvar Le Corvanderpius, dénonce le harcèlement que subit au quotidien chaque architecte. Et pointe du doigt « ce qui est peut-être sa plus grande faiblesse: l’absence de reconnaissance du rôle de l’architecture dans les instances institutionnelles et décisionnelles ».
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Déconstruction du métier d’architecte
Nul besoin d’avoir usé ses fonds de pantalon dans un amphi consacré à l’apprentissage de l’architecture pour se délecter de la lecture d’Anarchitecte: incisif et ironique, le livre est d’autant plus passionnant qu’il traite d’un métier qui fascine et auquel tout qui a un jour eu affaire, qu’il s’agisse de la construction ou de la rénovation de son bien immobilier ou de la contemplation coupable de l’une ou l’autre téléréalité dédiée aux projets immobiliers des autres.
C’est ainsi qu’on lit en pouffant le chapitre intitulé « Décris-moi ton architecte, je te dirai qui il est », entre « l’architecte peu scrupuleux, qui vend son âme au diable et s’acoquine avec des entrepreneurs qui lui assurent un quota de ‘boîtes à habiter’ et qui doit avoir comme prérequis de ne pas avoir peur de dénigrer tous les principes élémentaires qu’on lui a inculqués pendant ses études », ou l’architecte nanti.
Il en existe deux types distincts, le parvenu, quarantaine accomplie poivre et sel, et le dinosaure, petite soixantaine cheveux blancs, qui regrette amèrement le bon vieux temps qui lui a permis de faire fortune sans trop d’effort et passe le plus clair de son temps à mettre en valeur sa carrière, qui est son seul fonds de commerce ».
Les concours? « Le succès est rarement au rendez-vous et la désillusion est grande ». Batibouw? Un de ces « événements annuels que l’on redoute bien que l’on sache intimement qu’ils sont incontournables ». Le Conseil de l’Ordre? « C’est un peu comme le Vatican pour un vicaire de village: il sait que cela existe et qu’il doit y croire, bien qu’il ne l’ait jamais vu ».
Des clients publics au clients privés en passant par ces « fermettes » si chères aux propriétaires belges, rien ni personne n’est épargné et c’est ce qui fait toute la saveur de ce pamphlet qui devrait être offert à chaque signature d’acte chez le notaire. Et qu’il vous est possible de vous procurer ici en attendant.
