Les 12 supplices à affronter quand on tente d’acheter à Liège
Prenez les douze travaux d’Hercule, faites-leur rencontrer le supplice de Sisyphe et vous obtenez la réalité malheureusement pas mythologique du marché de l’immobilier à Liège, duquel seuls les aventuriers les plus patients émergent avec, en main, la clef des gagnants.
Devenir propriétaire à Liège? Beaucoup l’ont tenté, mais ils sont de plus en plus rares à y parvenir, et encore, au prix de l’affrontement de ces supplices qui feraient presque passer les douze travaux d’Hercule pour de la gnognote.
Garde-le, va, ton taureau de Minos, mariole, et vois plutôt ce qui t’attend si tu l’oses.
1) L’emballement du marché
OK, ça ne se limite pas à Liège, loin de là, mais disons que même si on salue l’audace, demander « offre à partir de 387.000€ » pour une ruine à Droixhe, ça fait particulièrement mal.
Vous nous direz, au moins, ça annonce la couleur d’emblée: si vous pensez ne pas être venus ici pour souffrir, vous vous trompez.
2) L’approche « artistique » de la géographie
Les agents immobiliers à Liège ont visiblement la même approche du territoire que les Français, qui, à moins d’habiter Marseille, se revendiquent tous de « la région parisienne ».
Dans la Cité ardente, c’est pareil, Cointe s’étendant de Sclessin à Saint-Nicolas s’il faut en croire les annonces. Le pire, c’est qu’on a beau savoir, on se fait quand même avoir.
Et c’est pareil pour Embourg ou les Vennes.
3) Le menti sur Saint-Léonard
Attention hein, c’est un quartier rempli d’âme où il fait bon habiter, mais le côté « splendide maison de maître », « luxe accessible » et puis derrière, les vieux de la vieille qui ânonnent depuis trente ans que « non mais le quartier est en plein boom », pardon, mais non.
Deux mots: dépôts sauvages. Ça n’empêche pas d’y vivre heureux, mais n’importe quelle annonce qui veut faire croire que vous y serez roi/reine dans le manoir vous ment.
4) La frénésie des Vennes
OK, le quartier n’est pas si grand, et les maisons à prix accessible qui y sont en vente sont relativement rares. Mais tout de même, ça ne devrait pas être permis pour un bien d’être en ligne 24h max avant d’avoir déjà une option dessus.
Qui les achète, la descendance de Vif Argent?!? On aimerait avoir au moins le temps de faire semblant qu’on peut se l’offrir avant que l’annonce disparaisse. Merci.
5) La rue de Campine
Saloperie. Avec toutes ses façades super charmantes, ses petits jardins en pente, la promesse de la proximité avec le centre. Et notre cerveau qui, par tous ces avantages alléché, oublie de fois en fois que non seulement, rares sont les maisons qui y ont un garage, qu’il est virtuellement impossible de s’y garer, mais qu’en plus, le trafic incessant reproduit à merveille le bruit du cycle essorage de la machine à laver.
Mais les façades sont franchement charmantes hein, faut pas croire!
(*charmantes, donc, pas gentilles ici)
6) La taxe Cointe
À notre connaissance, pas plus effective dans le code de l’urbanisme que la taxe Embourg. Dans les faits, pourtant bien réelle, et calculée en prenant le prix que le bien devrait valoir normalement et en lui ajoutant au bas mot 30%.
Le prix de l’entre-soi, paraît, sans rancune la plèbe!
7) Les oublis stratégiques
OK, tout qui est né à Liège aurait bien du mal à oublier que plusieurs semaines/mois par an, les habitants des alentours de la place St-Lambert/du boulevard d’Avroy/de la place Delcour/… ont le (dé)plaisir d’être à l’épicentre de festivités 𝚋̷𝚛̷𝚞̷𝚢̷𝚊̷𝚗̷𝚝̷𝚎̷𝚜̷ bouillonnantes.
Mais bon, imaginez, vous êtes un businessman New-Yorkais, vous cherchez (pourquoi pas?) un pied-à-terre en Cité ardente, et vous le réalisez seulement après avoir déménagé.
Avouez, vous êtes dégoûté.
8) L’interprétation de la gentrification
Quand les agents immobiliers de Brooklyn ont utilisé le terme dans leurs annonces au début des années 2000, ils voulaient dire « no worries, d’ici quelque mois le quartier sera méconnaissable, la valeur de votre loft aura quintuplé et il y aura tellement de coffee shops pour barbus en fixie et chemise à carreaux que vous ne saurez pas lequel choisir ».
À Liège, c’est un synonyme de « on vend la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais on a bon espoir de l’apercevoir un jour et de voir si on arrive à lui faire la peau ».
Voir aussi le point 3.
9) Les farces du cadastre
Revenu cadastral de 12,50 par an pour votre quatre façades avec piscine dans un quartier huppé et de 1.387,94€ pour une maison ouvrière deux façades dans un quartier ouvrier.
Cherchez pas, c’est incompréhensible, mais au moins ça a le mérite d’être drôle – enfin, à condition d’aimer rire jaune.
10) Les photographes de certaines agences
On ne mentionnera pas les agences en question, parce que certaines d’entre elles sont *très* chatouilleuses, mais disons que certains des photographes qu’ils emploient ont clairement pris l’option « je choisis l’angle qui donne l’illusion qu’un placard à la superficie d’un palais à Saint-Luc ».
11) Les « faire offre à partir de »
Et les Visigoths qui, immanquablement, paient plus que vous alors que vous avez déjà proposé des dizaines de milliers d’euros de plus que le prix demandé.
12) La promesse d’être « proche des grands axes »
Déjà, de base, à moins de vraiment adorer avaler du tarmac, ça fait moyennement rêver.
À Liège, ça veut dire que vous êtes entouré d’une bretelle d’autoroute et d’une route à trois bandes, et que si vous avez vraiment de la (mal)chance, à l’encrassement de vos poumons s’ajoute un couloir aérien au-dessus de vos têtes pour combiner pollution aérienne et sonore.
Après, vous êtes proche de tous les grands axes, donc ça veut dire que vous pouvez plus rapidement vous faire la malle.
Plus de listes qui se veulent drôles mais ne feront pas rire tout le monde:
- 15 preuves que tu as grandi à Ans ou Alleur
- Les 10 supplices des navetteurs du train Liège-Bruxelles
- 10 plaies du 15 août qui vont (presque) nous manquer cette année