Au-delà de la ligne d’arrivée, la quête paralympique de Roger Habsch
Dans le monde du sport, certains récits dépassent le simple cadre de la compétition pour devenir de véritables sources d’inspiration. C’est le cas de Roger Habsch, para-athlète liégeois au parcours aussi atypique que captivant. Rencontré à l’approche des Jeux Paralympiques de Paris 2024, Roger nous a ouvert les portes de son univers, entre anecdotes sportives et philosophie de vie teintée d’humour.
Dans les starting blocks, Roger Habsch, originaire d’Andrimont, est un véritable athlète de l’extrême évoluant dans la discipline de l’athlétisme, plus précisément dans les épreuves du 100 et du 200 mètres en fauteuil roulant (wheeler). Sous le statut de Sportif de Haut Niveau à la Ligue Handisport Francophone (LHF), il représente le RFC Liège – Leg’s Go. Son palmarès compte notamment la 4ème place au 100 mètres en chaise roulante, ainsi que la 5ème place au 200 mètres aux Championnats du Monde 2019 à Dubaï.
Les Jeux Paralympiques de Tokyo 2021 ? Ce fut l’occasion de collectionner des médailles de bronze pour les courses de 100 mètres et 200 mètres ! Un exploit impressionnant dans la catégorie T51, malgré les défis posés par sa tétraplégie. Mais ce n’est que le début de son parcours… Dernièrement, au Championnat du Monde 2023 à Paris, Roger est monté sur la plus haute marche du podium du 200m T51, et il a ajouté une médaille d’argent au 100m. En mai 2023, il a également repoussé les limites du possible en pulvérisant le record du monde du 100m en fauteuil roulant dans la catégorie T51 lors du Daniela Jutzeler Memorial qui s’est tenu en Suisse, laissant les autres concurrents dans son sillage de poussière…
Mais ce n’est pas seulement ses exploits sur la piste qui font de lui une légende vivante. C’est sa résilience, sa détermination et son esprit indomptable qui font de lui quelqu’un d’inspirant.
Malgré un accident de voiture dévastateur à l’âge de 18 ans, Roger n’a jamais laissé son handicap le ralentir. Au contraire, il a foncé tête baissée vers ses rêves. Et c’est à toute vitesse qu’il envisage les plus hautes marches du podium aux Jeux Paralympiques de Paris 2024. Sera-t-il qualifié ? Réponse en juin !
Du Rock’n’Roll aux Records du Monde
Roger Habsch, c’est d’abord l’histoire d’un passionné. « Je faisais du rock’n’roll, je participais à des compétitions, mais ce n’était pas vraiment ma tasse de thé », confie-t-il avec son franc-parler habituel. Puis survient un tournant : un accident, le laissant tétraplégique avec un pronostic médical peu encourageant, qui le propulse sur une voie inattendue. « J’ai découvert le vélo à trois roues, couché au sol. Ça peut paraître incongru, mais pour moi, c’était une révélation, » explique-t-il.
Son parcours sportif prend alors une nouvelle dimension : « J’ai enfilé les kilomètres, les compétitions, jusqu’à ce que je découvre l’athlétisme en 2017 ». Mais le chemin vers la reconnaissance n’a pas été sans embûches. Entre reclassifications controversées et sabotages à Tokyo, Roger a dû faire face à l’adversité avec détermination et humour. « Quand on m’a désaxé ma roue à Tokyo, j’ai compris que j’étais une menace pour certains, ça m’a donné encore plus envie de me battre pour la première place », partage-t-il.
Objectif : Paris 2024
À quelques mois des Jeux Paralympiques de Paris, Roger ne cache pas ses ambitions. « Je ne suis pas encore qualifié officiellement, mais entre nous, si je n’y vais pas, je me demande bien qui ira à ma place, » lance-t-il en souriant. Son secret pour affronter la pression ? « Je ne me prends pas la tête. Je suis carré dans ce que je fais, mais je reste flexible quant aux résultats. Il y a plus important que l’or dans la vie. Mes enfants par exemple », confie-t-il. « Par contre, je suis très fier de ma page Wikipédia (rires) ! C’est le plus important pour moi, pour mon entourage, c’est de laisser une trace. Le reste, c’est des futilités, ce sont des prologues qui prennent la poussière… »
Cependant, Roger n’oublie pas ses objectifs ! Pour se qualifier, il mise sur la régularité et des performances de haut vol et s’entraîne entre 15 et 20h par semaine. Qui peut en dire autant ?
« Je vise l’or à Paris. Après tout, j’ai un petit compte à régler avec cette médaille »
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Côté sponsors, Roger peut compter sur Mobitech, Immovlan et Autosphère, entre autres. Il fait également partie des deux ambassadeurs et athlètes belges de la campagne de communication déployée par Visa en Belgique, et intègre ainsi la toute première Team Visa aux côtés de Noor Vidts. « Ils ont choisi un athlète valide et un non valide. Ils nous mettent sur un même pied d’égalité, on a la même reconnaissance que les valides. Ça a beaucoup d’importance parce que je pense que si on veut parler de l’handisport, il faut de la visibilité », souligne Roger.
L’handisport, entre humour et engagement
Au-delà de ses exploits sportifs, Roger porte un regard engagé sur l’handisport : « Pour moi, le handicap n’est pas physique, il est mental, » affirme-t-il avec conviction. « Le blocage, c’est dans la tête. Seul le mental nous impose ses limites ». Son objectif ? Briser les préjugés et changer les mentalités : « Je veux que les gens me voient comme un athlète avant tout, pas comme un athlète handicapé ».
À la fin de sa carrière sportive, Roger envisage de rester actif dans le monde du sport paralympique. « Je me vois bien comme coach, transmettant mon savoir et ma passion aux jeunes générations », conclut-t-il.
Roger Habsch, c’est l’histoire d’un homme ordinaire aux projets extraordinaires. Il incarne la force de la résilience et la beauté de l’humilité. Alors que les projecteurs se braquent sur les Jeux Paralympiques de Paris, nul doute que Roger Habsch continuera de nous surprendre, avec son sourire en bandoulière et ses records en ligne de mire…
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Photos : (c) Gilles Deherand
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