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Kuore n’a pas fait chavirer notre coeur, mais…

Ouvert à Liège en décembre 2022 sur les cendres de feu le flaship Vans, Kuore nous a immédiatement mis l’eau à la bouche avec ses visuels aussi léchés que son concept: une « salumeria gastronomica » sexy où venir se régaler du lunch à l’apéro. Une proposition qu’on n’a été que trop ravis de tester pour voir si la magie opérait. 

Verdict? On ne va pas faire durer inutilement le suspense, la séduction a opéré, certes, mais plutôt en demi-teinte. Pas de vrai « coup de Kuore », disons. Mais ce n’est pas (si) grave, et on vous explique pourquoi.

Parce que oui, incroyable mais vrai en ces temps chahutés, il est encore permis d’avoir un avis nuancé. Voire même, quitte à pousser l’anti-manichéisme jusqu’au bout, à continuer de visiter avec plaisir une adresse même si on ne l’a pas trouvée « parfaite ». On vous dit tout.

En plein Kuore de Liège

Disons le d’emblée: on frétillait à l’idée de s’attabler chez Kuore. D’abord parce que son concept de « salumeria gastornomica » nous évoquait le meilleur de la gastronomie italienne et nous faisait saliver. Ensuite parce qu’on avait eu le plaisir de croiser la route de Caroline Klijne, moitié du couple à l’origine du projet, lorsqu’elle officiait en salle d’une table réputée de la région, et on savait à quel point la jeune native de la Basse-Meuse est douée pour créer une ambiance chaleureuse. Enfin parce que c’était midi, il faisait froid et gris, et on avait bien besoin d’un peu de soleil dans l’assiette.

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Dès l’arrivée, on constate qu’on n’est pas les seuls à avoir eu cette idée puisqu’alors qu’il n’est même pas encore midi trente (et qu’on n’est ni un mercredi, ni un jour de week-end), la salle est pleine. Un bon point pour l’établissement, mais un léger désagrément pour les clients: sans être non plus serrées les unes contre les autres, les tables sont suffisamment proches pour qu’il faille parfois tendre l’oreille ou hausser poliment le ton pour reprendre le fil de sa conversation, parfois un peu noyée dans le brouhaha de celle des voisins. Lesquels, entre copines qui partagent planche et cocktails avant leurs pâtes, commerçante du quartier qui savoure vite fait une burrata avant de rouvrir boutique et têtes connues qui ont choisi l’endroit pour une interview, offrent un panorama joliment éclectique de la Cité ardente.

kuore liège

DR Kuore

Timing serré oblige, on se contente d’un plat de pâtes, accompagné d’eau en bouteille parce qu’il faut rebosser après sans possibilité de s’offrir une sieste digestive, mais sans bouder non plus le plaisir de s’offrir deux cappucini, un à la mousse de lait et l’autre généreusement nappé de crème fraîche. Montant total: un tout petit peu moins de 60 euros à deux. Pas donné pour un lunch rapide, mais pas indécent non plus (comptez une vingtaine d’euros le plat de pâtes) au vu du contexte actuel et de la hausse insensée du prix des ingrédients et autres matières premières.

Chaleur et générosité

Les bons points?

  • Les portions, ultra généreuses: pourtant pas connus pour avoir un appétit de moineau, on quitte Kuore avec un tiers de notre assiette précieusement emballé et prêt à être savouré plus tard.
  • La rapidité du service, suffisamment véloce pour pouvoir s’offrir une pause midi sans dépasser du temps imparti, mais pas pressé au point de gâcher le plaisir de se faire un petit resto plutôt que des tartines au bureau.
  • L’accueil, chaleureux, sans chichi, attentif sans être étouffant.

Mais pourquoi on ne crie pas au coup de Kuore, alors? Parce qu’à l’image de la déco, joliment brocante, la cuisine se veut, si pas bonne franquette, du moins sans prétention, comme dans les nombreuses trattorias italiennes où on engloutit des pâtes honnêtes et gourmandes qui subliment des ingrédients de base sans en faire des caisses. Problème, lors de notre visite, on aurait voulu que la démarche soit un peu plus aboutie.

Kuore Liège

Si, sur papier, le plat de pasta ragù blanc à la saucisse nous faisait saliver, évoquant le souvenir sublime du ragù bianco de notre Osteria favorite de la banlieue de Rome, dans l’assiette, en guise de pâtes brillant du gras d’une sauce complexe et viandarde, on a des penne agrémentées de saucisse malheureusement trop cuite et d’un sofrito ayant un peu abusé du vin blanc et noyant son ivresse dans le fond de l’assiette. Pas mauvais, mais pas dingue, tandis que les ravioli ricotta beurre de sauge font honnêtement le job, mais à 17 euros l’assiette, on en attendait un peu plus de leur part que le minimum syndical.

Alla prossima !

Simple erreur de jeunesse, peut-être? Même si notre coeur n’a pas chaviré, on tire tout de même un bilan plutôt positif de notre visite chez Kuore, qui s’avère être une alternative charmante aux sandwicheries et autres brasseries avoisinantes pour un lunch qui change. On continue d’ailleurs de les suivre avec gourmandise sur les réseaux sociaux, et c’est avec plaisir qu’on retournera s’y attabler dans quelques semaines, pour voir si le trac éventuel des débuts a laissé place à une cuisine plus réfléchie.

En tous les cas, on tire déjà notre chapeau bien bas à « Alex e Caro », le duo à l’origine de Kuore, parce que dans le contexte actuel, cela demande déjà une sacrée paire d’oser ouvrir un commerce, mais encore plus à Liège, qui n’en finit pas de vivre une situation tramatique. Une fois la carte affinée et les recettes mûries, on n’en doute pas: Kuore méritera un coeur avec les doigts.

Kuore

Rue Saint-Adalbert 16, 4000 Liège / 0470 04 04 15

La page Facebook de Kuore

 

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.