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5 raisons de découvrir le Trinkhall Museum

Depuis mars 2020, un nouvel élément dans le boulevard d’Avroy nous interroge. Le parc est-il devenu une piste d’atterrissage pour vaisseau spatial ? Un nouveau terrain d’étude pour une station polaire ? Ou encore le décor d’un film de science-fiction ? Non, c’est le MADmusée qui a fait peau neuve pour devenir le Trinkhall Museum. Entrez, c’est ouvert !

Sur le fond, la collection reste la même : près 3.500 œuvres essentiellement réalisées par des artistes porteurs de handicap mental. « Ce que nous voulons, c’est célébrer la puissance expressive des mondes fragiles » nous confient Carl Havelange, directeur artistique et Muriel Thies, chargée de communication du Trinkhall. Des œuvres désormais mises en valeur avec un nouveau projet muséal inscrit dans la notion d’arts situés (on vous explique le concept un peu plus loin).

Une collection rendue possible grâce au travail du Créahm, association fondée en 1979 pour encourager les personnes handicapées mentales à créer des formes d’art en collaboration avec des praticiens en arts plastiques et arts vivants dans des ateliers. Les 3.000 visiteurs déjà venus entre les mois de mars et octobre 2020 vous donneraient sans doute d’innombrables raisons de découvrir le Trinkhall. On vous en présente 5. Ce voyage ne vous laissera pas indifférent !

1. Même avant d’entrer, on est déjà sous le charme

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C’est l’atelier Beguin-Massart, habitué aux projets de la ville, qui a pris en charge la rénovation du musée. Ils ont notamment pimpé la librairie Pax, l’extension du Trésor de la Cathédrale et le mur des Libertés à l’esplanade Saint-Léonard. Pour le Trinkhall, les architectes ont choisi d’envelopper délicatement l’ancienne structure du MADmusée avec un nuage de résille opaline. Pas de panique pour les nostalgiques, les murs molletonnés sont préservés pour respecter le souvenir sixties du lieu.

À l’intérieur de ce cocon tout en modernité, bercé par une lumière douce et diffuse, on se laisse absorber par la contemplation des œuvres ou par la vie du parc à travers les immenses baies vitrées.

La danse des canards dans l’étang, les joggeurs du dimanche, les enfants qui jouent, le bruit des klaxons à l’heure de pointe vous ambiancent dans la poésie du lieu. Et une fois la nuit tombée, le bâtiment ressemble à une luciole géante.

2. À chaque visite, on part pour un nouveau voyage

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Dès l’entrée, on embarque dans le bateau d’Alain Meert qui nous propose son musée idéal à l’image de l’ouverture du Trinkhall. Mis à flot sur le boulevard d’Avroy, un ancien bras de la Meuse, le musée navigue parmi les différentes techniques, en exposant des sérigraphies, des peintures, des sculptures et des installations. Et aussi en voguant parmi les thèmes, en proposant des expositions variées tout au long de l’année. La salle monographique prévoit de mettre à l’honneur un artiste tous les six mois. En ce moment, on peut y voir À tout n’a rien gagner de l’artiste français Jean-Michel Wuilbeaux.

À l’étage, l’exposition Visages/Frontières invite le visiteur à rire, sourire, s’étonner, grimacer et questionner ces visages qui parcourent les frontières de l’identité. Les œuvres des artistes du Créahm dialoguent, par exemple, avec un vrai crâne surmodelé de Nouvelle-Guinée Papouasie, un autoportrait de Rembrandt ou une lithographie de James Ensor prêtés par le Musée Wittert de l’Université de Liège. Le tout présenté dans la Black Box qui nous fait penser à un cabinet de curiosités moderne. Enfin, le musée propose une immersion dans l’univers de Pascal Tassini avec sa cabane dans laquelle on découvre avec tendresse ses différents projets comme son cabinet de docteur, son costume de marié et celui créé pour le Manneken-Pis.

3. On arrête de ranger l’art dans des cases

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Dans leur laboratoire de médiation, l’équipe du Trinkhall a travaillé sur le patrimoine génétique du MADmusée et l’a modifié pour repenser les œuvres réalisées par des personnes handicapées mentales dans une démarche artistique moins réductrice.

On ne parle plus d’art différencié, mais d’art situé. Ici pas de style, pas de caractéristique ou de genre. Tout ce qui compte, c’est de faire connaissance avec les œuvres et leur contexte de création en atelier.

Et pour cette rencontre, le Trinkhall vous propose plusieurs supports comme un guide du visiteur trilingue et des vidéos montrant les artistes au travail. Sans oublier l’équipe du musée qui se fera une joie de vous donner les clés de cette nouvelle médiation.

4. On se sent bien accueilli

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On l’a compris plus haut, le message politique muséal du Trinkhall veut avant tout créer un dialogue, une ouverture avec le public en replaçant l’œuvre dans son contexte de création. Venez comme vous êtes et apprenez de l’œuvre juste en la regardant.

Ici, on désacralise la hiérarchie du savoir. Comme nous le dit Carl Havelange, on veut se détacher de la notion « le musée sait, moi pas ». Et cela se manifeste par l’accueil chaleureux de l’équipe, la simplicité des attitudes et une scénographie décontractée. Vous apprécierez les œuvres sans limites : il n’y a pas de vitrine et les œuvres sont assises avec vous sur les bancs. Pas besoin de plisser les yeux sur un petit cartel, il vous suffit de vous laisser absorber par les créations. Aussi, quand vous êtes dans la cabane de Tassini vous profitez de cette proximité avec l’art rarement possible dans d’autres musées. Et vous allez aimer ça !

5. Et il n’y a pas que les collections à découvrir

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Le musée dispose d’un centre de documentation pour les plus curieux. Pour ceux qui veulent aller plus loin, l’espace librairie propose des ouvrages soigneusement choisis en collaboration avec la librairie Pax. Et quand les circonstances le permettront, l’espace de rencontres et d’activités pédagogiques ravira les plus créatifs. Sur la terrasse de son café-resto, vous aimerez à nouveau vous connecter avec vos copains et la nature urbaine comme au 19e siècle. En effet, le nom Trinkhall n’est pas nouveau : c’est celui de la guinguette aux allures orientales tenue par un Allemand et qui était « le lieu (hall) où l’on boit (trink) » dans les années 1800. Santé !

C’est aussi l’occasion de découvrir la raison d’être du projet social du musée puisqu’une partie du personnel du café-resto est porteuse d’un handicap. Raison de plus pour célébrer des différences qui nous rassemblent !

Trinkhall

Archive du Trinkhall au 19e

Crédit photo : Muriel Thies

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A part le trait d'union, rien ne les sépare (à jamais pour toujours). Marie et Alice, toutes deux historiennes de l'art et archéologues, se sont rencontrées à leur entretien d'embauche . Depuis, elles ne se sont plus quittées. C'est par leur profession dans la médiation culturelle dans différents musées que les deux amies se sont mises à écrire. Et elles adorent ça! En plus de travailler sur des projets en littérature jeunesse, Marie et Alice ont envie de vous faire découvrir la ville de Liège qu'elles vivent, visitent, dansent, boivent et mangent à toutes les sauces, comme les boulettes!