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Habiter près de la Foire, une fête? Les riverains témoignent

Ça y est, le coup d’envoi de l’édition 2023 de la Foire de Liège a été donné ! Jusqu’au 12 novembre, ses nombreuses attractions vont animer le Boulevard d’Avroy. L’occasion rêvée pour faire le plein de sensations fortes dans l’incontournable Décadance ou le XXL tout en se régalant avec les traditionnels croustillons et lacquemants. Mais si ce spectacle de sons, d’odeurs et de lumières ravit petits et grands, est-ce également le cas de celles et ceux qui le vivent au quotidien pendant un mois ?

« Honnêtement, cela ne me dérange pas », sourit Marcelle. À bientôt 80 ans, elle a emménagé avec son mari sur l’Avenue Rogier il y a cinq automnes. Depuis les fenêtres de son appartement, il lui arrive souvent d’observer la Foire et ses passants en contrebas.

« C’est du triple vitrage, confie-t-elle, quoi qu’il arrive, il n’y a presque pas de bruit. Mais même quand on entend les attractions, cela s’arrête toujours vers minuit et demi ou une heure du matin. On ne peut donc pas vraiment parler de nuisances sonores. Et puis, cela met un peu d’animation sur le Boulevard ».

Quant à la question du parking, ce n’est pas là non plus un problème, car la résidence dans laquelle habite Marcelle met un garage privé à disposition de ses résidents.

Ce ressenti plutôt positif à l’égard du Rotor et consorts, c’est également celui de Tom, un étudiant de 21 ans.

« Je suis arrivé aux Terrasses en août 2021 et il est clair que je vais davantage à la Foire qu’avant mon déménagement. Vivant juste en face, il est fort tentant d’y faire un tour, par exemple pour manger un bout ».

Bien qu’un peu dérangé par le bruit et la circulation générés par l’événement, son principal souci avec les attractions est tout autre : « Pendant un mois, on ne peut pas se balader dans le parc d’Avroy. Cela peut sembler « bête », mais quand on vit dans une coloc de huit, cela fait du bien de prendre l’air de temps en temps ! »

Vacarme convivial

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De son côté, Sarah a un avis plus nuancé sur la question. « Je ne trouve pas ça désagréable de vivre en face de la Foire, commence-t-elle, l’inconvénient majeur serait le bruit. Or, nous sommes quand même baignés dedans depuis deux ans à cause des travaux du tram ». Étudiante en droit à l’ULiège, elle a en effet dû subir de longues journées de tintamarre du matin au soir. En comparaison, les cris des amateurs de sensations fortes et les musiques de fête foraine sont un moindre mal.

« De toute façon, dès que vous vivez au centre-ville, vous savez qu’il va y avoir du bruit, comme simplement le trafic ou les concerts du MAD café en semaine me concernant. Mais en octobre, je ne suis pas en examens et, même si je dois travailler sur mes cours, c’est gérable. Les bruits sont bien moins gênants que les travaux, car ils sont plus conviviaux ! »

Ne possédant pas de voiture, Sarah n’est pas impactée par la réduction du nombre de places de parking. En revanche, ce n’est pas le cas de son entourage qui n’habite pas sur Liège et qui vient moins souvent lui rendre visite durant le mois d’octobre. Sarah relativise cependant : « Comme pour le bruit, ce n’est pas fort long, donc on l’accepte ».

« Parmi les points positifs, mon appartement possède une immense fenêtre qui donne sur le boulevard et le soir, avec toutes les lumières, c’est super beau ! En plus, avec le COVID, puis tous les travaux, je trouve que Liège était devenue triste. La Foire permet d’apporter un coté chaleureux et convivial qui ramène les gens au centre-ville. Cela fait plutôt plaisir à voir ! »

Sans oublier le sentiment de sécurité qui habite Sarah lorsqu’elle rentre seule après un verre en ville ou dans le Carré. « Au moins, il y a du monde et de l’ambiance, c’est rassurant. »

Malgré tous ces points positifs, Sarah ne fréquente pas spécialement les attractions plus souvent qu’avant. « Quand je vivais chez mes parents et qu’on venait sur la Foire, nous y passions toute la journée. J’étais aussi scolarisée à Saint-Jacques puis à Saint-Servais, donc il n’était pas rare que nous y allions avec mes amies à la fin des cours. Par contre, en tant qu’étudiante, c’est un certain coût car vous ne trouvez pas grand-chose en-dessous de 6 ou 7 euros minimum. Je ne me verrais pas investir dans une grosse journée à la Foire et je n’en ai d’ailleurs pas spécialement la même envie qu’avant. Bien évidemment, il existe toujours des activités qui me plaisent comme le Décadance que je fais chaque année ou la course de chameaux. Ceci étant dit, j’y passe quand même régulièrement soit pour rentrer chez moi, soit pour y prendre un petit goûter sympa ».

Rotor de bâton

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Évidemment, si certains prennent du plaisir à côtoyer la Foire, d’autres ne parviennent pas à y trouver du positif. C’est notamment le cas de Robin, jeune travailleur, dont le logement donne sur la grande roue : « Je trouve cela surtout pénible, soupire-t-il, entre la pollution sonore (musiques des attractions, cris des gens ou encore les messages au micro) et la pollution visuelle (lumières et déchets en tout genre), c’est un peu l’overdose ».

C’est cool genre dix minutes, le temps de faire quelques photos et stories pour Instagram, car il y a un côté « fête foraine à l’américaine » quand tu regardes ça de loin, mais quand tu y es confronté tous les jours en sortant de chez toi et en rentrant, tu te lasses assez vite – Robin

Ni les machines à sous, ni la Petite Suisse ne trouvent grâce aux yeux de Robin, et encore moins les sucreries que l’on peut y déguster. « Attention, si les gens peuvent trouver du divertissement et de la joie en allant à la Foire, je ne suis personne pour leur enlever cela, précise le jeune homme, mais quand tu rentres chez toi après une longue journée de travail et que tu veux juste te reposer un peu, c’est très difficile à cause des musiques en boucle. Je crois que c’est vraiment ça le pire : la répétition ».

L’occupation de l’espace de parking sur le boulevard représente également un problème pour Robin qui est contraint d’aller se garer loin de chez lui, sur des emplacement souvent payants.

« Sincèrement, j’ai beau y réfléchir, mais je ne trouve aucun avantage à vivre ici au mois d’octobre. Bon allez, une fois depuis chez moi, j’ai pu faire signe à des potes qui étaient dans la grande roue. C’était sympa, mais je ne suis pas certain que cela vaille un mois de nuisances… »

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Crédits photo : Robin Nicolas, Geneviève Rousseau, Colin Charlier

Liégeois de naissance et de cœur, Colin est du genre à se demander s’il y a vraiment du lapin dans la sauce et pourquoi le mélange grenadine-orangeade s’appelle un Liégeois. Il a rejoint Boulettes Magazine avec l’envie de partager ses interrogations du quotidien sur la plus ardente des cités, convaincu que Liège n’a pas encore dévoilé tous ses mystères !