Les 10 supplices des navetteurs du train Liège-Bruxelles
Certains Liégeois trouvent que Bruxelles est une ville lointaine et s’y déplacent seulement pour visiter l’Atomium ou le salon de l’auto. Et puis il y a la masse a priori indistincte qui s’y rend tous les jours pour travailler, souhaite éviter les bouchons et monte dans un train en gare de Liège-Guillemins avant 9h du matin en général.
Le navetteur Liège-Bruxelles revêt différents profils. Il y a: ceux qui se lèvent très tôt, retrouvent leurs amis et papotent non-stop pendant 50 minutes (étrangement vous les retrouverez davantage dans les trains qui quittent Liège aux environs de 6h30 que dans ceux qui démarrent 30 minutes plus tard);
Ceux qui souhaitent terminer leur nuit et rêvent d’avoir une place sur une banquette à deux, côté fenêtre (avec l’espoir secret que personne ne viendra s’asseoir à côté d’eux). Ceux-là prennent le train vers 7h (celui de 6h30 étant trop bruyant).
Ceux qui bossent sur leur ordi, lisent leur journal ou regardent une série et arrivent à finalement apprécier la durée du trajet, voire parfois espèrent un léger retard à l’arrivée parce que certains épisodes durent un peu plus de 50 minutes.
Ceux qui ne sont pas arrivés à sortir de leur lit, ont repoussé cinq fois l’heure de leur réveil ou qui décalent légèrement leur journée et se disent que le train de 8h est tout de même pas mal.
Toutes ces personnes ont cependant en commun une expérience particulière de la vie en société.
Parce que, même si la majorité du temps, les 50 minutes de trajet se passent de manière très relax, que finalement les retards sont assez limités (surtout comparé aux embouteillages), 50 minutes dans un lieu clos cela peut être propice à pas mal de situations cocasses. L’occasion d’un Best of du navetteur :
1. La période des vacances
Le train qui se rend à Bruxelles, c’est aussi celui qui va à Ostende. Et quand il fait beau, tout le monde veut profiter de la Côte. On ne rechigne sur rien : la frigo box, les gosettes que l’on distribue à toute la famille en s’appelant d’un bout à l’autre du wagon, le parasol, le niveau sonore général… Le navetteur déteste les jours de beau temps en été, parce qu’il sait qu’il ne pourra peut-être pas s’asseoir, que ça ne sera pas la faute des gens qui s’arrêtent à Louvain cette fois, et qu’il aura des envies de meurtre avant la fin des 50 minutes de trajet. S’il vous plaît, vous qui prenez le train une ou deux fois par an, évitez les heures de pointe !
2. La musique
Quand cela arrive, ça promet des moments particulièrement intéressants. Il y a ceux qui ont mal branché leur casque, ceux qui se disent que cela pourrait être chouette de tester une à une leurs sonneries de téléphone et puis aussi ceux qui ont envie d’écouter de la musique, comme à la maison.
« Parfois cela entraine des moments hallucinants durant lesquels le mélomane agresse toute personne qui lui demande de respecter les autres voyageurs en éteignant sa musique, car il trouve inapproprié d’être dérangé alors qu’il a, lui aussi, payé son billet de train »
C’est en général à ce moment-là que cela devient intéressant, les arguments des uns et des autres devenant de plus en plus déconnectés du problème initial, et il vaut mieux se prendre au jeu et regarder la joute verbale en souriant, car il est dorénavant impossible de sauter du train par la fenêtre, les trains IC n’ayant plus de fenêtres qui s’ouvrent.
3. La drague
Non, en effet, se faire draguer n’est pas une spécificité de la SNCB et de son réseau ferroviaire. Mais il est rare que ce moment, souvent embarrassant, dure 50 minutes. On apprend à très vite sentir quand cela risque d’arriver et à choisir sa place en conséquence.
« Rabrouer vertement le dragueur n’est pas toujours la meilleure solution pour s’en débarrasser »
Et puis, lorsque la situation se déclenche, on peut aussi se dire que, foutu pour foutu, il peut être intéressant d’écouter des flatteries pendant 50 minutes (ça peut toujours servir d’exercice de développement personnel). #Kiss&Ride
4. La fin de service
Parfois le train peut s’arrêter dans une gare qui ne faisait pas partie des arrêts annoncés. Dans ce genre de cas, assurez-vous que la batterie de votre téléphone est suffisamment chargée (sinon il y a des prises près des sièges situés à côté des portes coulissantes), car votre conducteur pourrait avoir fini son service et vous devrez potentiellement attendre (longtemps) que le suivant commence le sien.
5. La fameuse locomotive de secours
En cas de panne ou de défaillance de votre train, ce n’est pas un beau réparateur qui viendra vous sauver, ni Pamela Anderson en maillot rouge, mais plutôt, en règle générale, une locomotive de secours.
Malheureusement, il arrive que la locomotive de secours en question tombe également en panne et que vous attendiez qu’une deuxième locomotive de secours arrive jusqu’à vous.
Dans ce cas, n’espérez pas nécessairement repartir dans le sens initialement prévu, un voyage vers votre gare de départ, aussi éloignée soit-elle, est toujours une option intéressante à explorer.
6. Les toilettes
Peu de gens utilisent les toilettes du train. Parce qu’elles ne sont pas toujours propres (mais en fait, ce n’est souvent pas si horrible que cela), parce que l’eau n’y est pas potable (bon à savoir quand vous êtes dans un wagon en panne d’airco en période de canicule) et puis que, si vous êtes seul, il est toujours délicat d’abandonner toutes vos affaires pour vous y rendre.
Si par contre vous ne trouvez pas de place assise et que vous vous asseyez dans le sas près des fameuses toilettes, vous aurez peut-être l’occasion d’en voir sortir un couple mal à l’aise.
7. Le train de minuit 25 à la gare de Bruxelles-Central
Les Liégeois ont la chance d’avoir une offre de train assez tardive au départ de Bruxelles. Il semblerait qu’il faille remercier un ancien élu politique pour cette particularité bien pratique. Les trains de fin de soirée sont en général plutôt bien fréquentés. Si vous avez fait vous-même la fête à Bruxelles, votre degré de tolérance est sûrement plus adapté à la faune nocturne que si vous revenez d’une réunion tardive. Dans tous les cas, l’expérience est assez sympa, les débats animés et le train bien rempli. Il n’y a donc pas de raison d’avoir peur d’être seul ou de s’ennuyer. L’ambiance y est chaleureuse et socialement amusante.
Mais voir le train sous le seul angle du navetteur, ce serait ne faire que la moitié du chemin. En effet, il serait restrictif de ne pas s’intéresser à ce que peut vivre un accompagnateur de train (un contrôleur, quoi) sur la même ligne. A tout seigneur à képi orange, tout honneur, voici aussi un petit best ofd’anecdotes surprenantes chinées de leur côté :
8. 200km/heure
Lorsqu’il y a de cela quelques années, la direction de la SNCB a lancé en grande pompe les trains à double étage à 200 km/heure sur la ligne rapide, ce cadeau du ciel n’a duré que 6 jours.
En effet, le logiciel qui contrôlait la suspension n’avait pas été adapté et les voyageurs avaient systématiquement la nausée.
Ces trains ont par conséquent dû être limités à 170km/heure pendant de nombreuses années, avant que la technique de ces voitures ne soit revue en profondeur pour le confort optimal des voyageurs.
9. La première classe
Les accompagnateurs de train ont remarqué que certaines personnes montent et descendent systématiquement par la porte de première classe et vont s’asseoir ensuite en deuxième classe. Ils ont déduit de cette pratique étrange, qu’elle semblait être mue par un besoin de reconnaissance sociale, car elle entrainait des manèges étranges avec des personnes qui traversaient parfois des voitures entières de deuxième classe pour sortir fièrement, la tête haute, par la première classe.
10. Le printemps
Lorsque l’accompagnateur se trouve sur le quai de la gare, il a une vue complète sur le train à double-étage (l’espace entre le sol et le siège de l’étage supérieur). En général, il s’agit par conséquent des mollets des gens.
Mais parfois la vision peut différer légèrement, comme lorsqu’un accompagnateur nous confie avoir vu… un fessier.
Le train était relativement vide à cette heure-là et il semble que, profitant de l’heure tardive, deux personnes de 16-17 ans aient décidé de passer leur temps autrement qu’en regardant une série sur leur téléphone. Lors du contrôle des billets, la jeune fille, avec beaucoup d’aplomb, a commencé à faire la conversation à l’accompagnateur en lui indiquant que les leurs avaient déjà été contrôlés. Le jeune homme, quant à lui, tentait de cacher la partie inférieure de son corps avec son sac à dos et restait tête baissée à regarder le paysage défiler.
Cette jeune fille devait être une habituée du train car l’accompagnateur l’a de nouveau croisée plusieurs fois par la suite, plus jamais cependant accompagnée du jeune homme en question, sans savoir s’il devait se sentir responsable de cette séparation.
(Cet article a bien entendu été rédigé en partie sur le trajet en train entre Liège et Bruxelles)
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