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Melon Rouge

« Melon Rouge », la vie d’une Liégeoise au Cambodge et au Cameroun

Partie vivre et travailler cinq ans dans des plantations du Cambodge et du Cameroun, la Liégeoise Alexandra Prijot raconte son expérience dans un premier roman, « Melon Rouge ». Ou comment mettre des mots sur une aventure hors du commun et questionner le statut de la femme dans ces régions du globe. Rencontre.

On a tous un idéal, un « Dream Job » comme on dit. Mais entre le rêve et la réalité, il existe parfois quelques étapes à franchir. Inattendues et enrichissantes. Alexandra Prijot peut en témoigner, elle qui rêvait de travail dans l’humanitaire en Afrique, mais qui s’est retrouvée trois ans dans la jungle au Cambodge, puis près de deux ans dans la brousse au Cameroun… à travailler pour une multinationale sujette aux polémiques socio-environnementales.

« Et pourtant, au départ, ça ne m’intéressait pas, je ne voulais pas y aller car ça allait à l’encontre de ma philosophie. » Celle qui vit désormais dans le quartier du Laveu est pourtant ressortie « grandie » de cette expérience hors du commun, qu’elle raconte dans son premier roman, « Melon Rouge ».

« C’est une rencontre avec un journaliste d’investigation, dans le cadre d’un reportage sur la société qui m’employait et ses relations avec les populations locales, qui a tout déclenché en 2018. Elle a fait ressurgir tout un tas de souvenirs : les terres rouges, les Bunongs, les forêts sacrées au Cambodge, le lac Ossa au Cameroun, les singes… Ça m’a donné envie d’écrire. J’ai voulu comprendre mes choix, ça m’a permis de faire une introspection. »

Un directeur qui ne l’appelle jamais par son vrai prénom

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2010. Alexandra ne peut pas encore se targuer d’être auteure. Diplômée de l’ULB et parée pour les métiers de la coopération et du développement, elle rêve d’humanitaire en Afrique. Son compagnon François, ingénieur agronome, bosse de son côté pour une multinationale active dans le développement et la gestion de plantations de palmiers à huile et d’hévéas (arbres dont on extrait un latex pour le transformer ensuite en caoutchouc) en Afrique et en Asie du sud-est.

« On lui a alors proposé une expérience à l’étranger, pour gérer les plantations au Cambodge. La société embauchait même des couples pour l’occasion. Comme il y avait des projets sociaux sur place, auxquels je pouvais contribuer, on a décidé d’y aller. Et l’aventure a duré trois ans, en pleine brousse. »

Dans un monde inégalitaire « d’hommes blancs », comme Alexandra le dit et l’écrit. Là où la femme n’est pas considérée. Là où le directeur des lieux ne l’appelle jamais par son vrai prénom. Là où le peuple local, les Bunongs, n’est pas monétisé et vit en pleine harmonie avec la nature. Un autre monde, dans lequel la jeune femme joue des coudes et se fait une place.

Le khmer en quelques mois

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Pendant deux ans, elle gère les relations avec la population locale, les aspects sociaux, éducatifs et les formations professionnelles (dispensaire, cours de langues, potagers scolaires, attribution de logements…). Tout en s’immergeant pleinement dans la culture locale.

« Comme 10% des employés parlaient l’anglais, j’ai dû apprendre le khmer très vite. C’est ce que je retiens principalement de cette expérience : les liens tissés avec les gens, le fait d’être en contact permanent avec une culture totalement différente. C’est une chance. Et au Cambodge, les habitants sont très ouverts, toujours prêts à aider, c’est très agréable de vivre là-bas. On a aussi pu voyager et découvrir le pays, qui a une histoire et une culture très riches. Puis, il y a de chouettes stations balnéaires comme Kep et Sihanoukville, un tas d’îles à découvrir et la nourriture y est juste incroyable. »

« Relations complexes entre blancs et Camerounais »

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Vient ensuite la parenthèse africaine. Fin 2012, François et Alexandra quittent l’Asie pour prendre la direction du Cameroun. « Toujours pour la même boite, toujours dans la brousse. » Elle y crée une cellule de formations pour les travailleurs de la plantation, notamment dans le cadre du respect des normes QHSE (Qualité – Hygiène – Sécurité – Environnement).

« C’était autre chose, une autre ambiance. L’expérience au Cameroun était aussi riche, mais les relations entre les ‘blancs’ et les Camerounais sont complexes, fortes d’une histoire et d’un temps présent qui posent tout autant de questions. Mais ça, ce sera peut-être pour un autre livre ! »

L’œil curieux à Liège aussi

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2013, fin du voyage. Le couple rentre au bercail, en bord de Meuse. François et Alexandra en profitent pour également clore leur histoire avec leur employeur. En route vers de nouveaux horizons, qui leur correspondent davantage. Et comme il y a toujours – ou presque – un « Happy End », avant d’écrire « Melon Rouge », Alexandra a bel et bien trouvé sa voie dans l’humanitaire puisqu’elle travaille, aujourd’hui, pour la Croix-Rouge de Belgique.

« Au moment de quitter la Belgique, je ne voulais pas me marier, je ne voulais pas d’enfants, pas de chien… Et quand je suis revenue, j’avais un bébé dans le baluchon, une bague au doigt et même un chien. Toutes mes certitudes du passé ont volé en éclats (sourire). Je vois la vie autrement. J’apprécie beaucoup vivre à Liège, même si le soleil n’y brille pas autant. A l’étranger, on est toujours à l’affût, on a l’œil curieux, on sort des sentiers battus. Mais on peut vivre comme ça aussi chez nous ! Et à Liège, il y a plein de choses à faire et à voir : un must de la culture, de la musique et de la fête. »

Tout juste. On est d’ailleurs là pour vous le rappeler tous les jours, non ?

Plus d’infos

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Pour vous plonger dans l’univers d’Alexandra Prijot et découvrir son livre « Melon Rouge », c’est par ici.

Crédits photo : Unsplash, Alexandra Prijot

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Quand il vivait à Bruxelles, on l'appelait le "Liégeois" et personne ne comprenait son chauvinisme pour cette ville de Liège qu'il défendait avec un brin de mauvaise foi. Désormais, il est revenu chez lui, en Cité ardente. Ancien journaliste au quotidien L'Avenir, il a rejoint l'équipe de Boulettes pour combiner deux éléments qui lui tiennent à cœur : l'écriture et la valorisation de sa ville sous toutes ses facettes dans un webzine 100% liégeois.