Boulettes Magazine

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Confinés à l’étranger (en plein chantier)

Fraîchement rentrés du Canada, si on avait dit à Célia et Cyrille que quelques mois plus tard, ils seraient confinés en mode Gloire de mon père dans une bergerie provençale qui prend la poussière, ces deux Liégeois ne l’auraient probablement pas cru. Contre mauvaise fortune, bon cœur, les deux amoureux candides semblent avoir trouvé leur bonheur bêche au pied. Une leçon de vie à la Voltaire qui nous rappelle l’importance de « cultiver son jardin ».

« Allez hop, c’est parti lou. Ce Noël-ci, on le fête chez nous en famille ! »

Après un peu plus de deux ans de vie à Toronto et un roadtrip de deux mois à travers l’Amérique du Nord pour clôturer ce magnifique chapitre, il était temps pour nous de plier bagage et de rentrer en terres connues. C’est vrai que Cyrille et moi, pour le coup, on en avait bien profité. Des paysages à couper le souffle, des découvertes qui te font crier ‘tabarnak’ et des gens en or croisés tout au long du chemin, le Canada nous en avait vraiment mis plein la vue. Mais toutes les belles aventures ont une fin et en automne 2019, nous étions prêts pour entamer la suivante.

De retour au bercail, l’heure était aux retrouvailles, aux petits boulots et aux fêtes de fin d’année en famille. Comme des enfants prodigues partis trop tôt et trop longtemps, on a passé trois mois à festoyer, câliner nos proches et rattraper le temps perdu. Une grosse dose de câlins, de réunions, d’apéros interminables ‘made in Liège only’ et de fous rires plus tard, il était déjà venu l’heure de quitter notre petite Belgique chérie pour attaquer 2020 avec une nouvelle destination et… un nouveau projet !

En vrai, c’était plutôt évident. La simple idée de passer un hiver au-dessus des 5 degrés nous vendait du rêve. Adieu la doudoune spéciale tempête de neige et les après-ski de ville. Cette fois-ci, on se taille au soleil et on passe l’hiver au tiède (parce qu’au chaud-chaud, c’est un petit peu à l’autre bout du monde, encore). Alors sans traîner, la voiture chargée et le frigo box rempli, nous voilà ‘on the road again’. La destination? Le sud de la France, la Provence.

Confiné

Chanceux d’avoir un pied-à-terre dans cette région magnifique, on avait décidé d’aller y poser nos sacs quelques semaines, d’écouter chanter les cigales et d’y rafraîchir la vieille bergerie laissée par mes grands-parents. Une fois arrivés, l’extase des premiers jours et de ces paysages idylliques a vite fait place aux allers-retours chez Brico. Ouaip, on avait du pain sur la planche. Alors que le planning basé sur quelques semaines de rénovation commençait à montrer ses premières failles, il était clair et net qu’on avait bien sous-estimé la situation (genre, largement).

Les bricoleurs amateurs que nous sommes venaient d’être éliminés, et la sentence était irrévocable, il allait falloir prolonger, flambeau éteint et plan B en action.

Tributaires d’un accès internet limité et fatigués par des journées bien remplies, nos Facetime et Skype avec les copains sont vite devenus des sessions potins et bulletin d’informations quotidien. Au départ, les premières mentions du Covid-19, c’était un peu comme une alerte à la fumée. Il y avait un feu, certes, mais on en connaissait pas la taille, on en trouvait pas la source et on n’avait pas les outils nécessaires pour l’éteindre. Alors, comme tout le monde, on a attendu, ouvert nos oreilles et grappillé des bribes d’information là où on pouvait les trouver. Puis d’un coup, tout s’est précipité. Entre les premières discussions et les restrictions de déplacements internationaux, tout a été tellement vite.

L’annonce de la fermeture des frontières est arrivée comme un coup de masse et il fallait réagir, prendre une décision à la hâte et se préparer au pire.

En gros, des airs de fin du monde à la sauce Netflix. Pourtant, à deux pas de la frontière italienne et du drame qui s’y déroulait, on en menait pas large, je l’avoue. Maintenant, la seule question restait : should I stay or should I go?

Confiné

Un mal pour un bien, le monde appuyait sur le bouton ‘pause’ et finalement du temps, nous, on en avait plutôt besoin. Dans ce qui semblait être un exil rural en campagne française, on était loin d’être en danger et surtout à plaindre. Citadins que nous sommes, on n’avait jamais eu de jardin et voilà qu’en plein milieu d’un isolement social obligatoire on se retrouvait avec terrasse et verdure de tous côtés. Le pied, la chance, la totale ! Car si les leçons à tirer par ces deux mois de confinement sont nombreuses (du style neuf ministres en charge de la santé, c’est huit de trop), nos notions de sécurité, de confort et d’espace ont, elles aussi, pris un sacré coup.

Une envie de prendre soin de soi, de ses proches et l’importance d’aimer son job et son petit nid – c’est un peu les effets secondaires du confinement. Alors oui, on a dû continuer nos rénos avec des fonds de tiroir et on a clairement poussé le système D jusqu’à la lettre Y (poignées de tiroirs réalisées avec des petites cuillères, sisi), mais en soi, c’était swell et on a bin eu du fun!

L’art de cultiver son bien-être dans une situation inédite et inconfortable, notre confinement s’est transformé en déménagement et une opportunité de prendre le temps de se découvrir des talents manuels. La preuve? On y est toujours!

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Journaliste indépendante et voyageuse infatigable, Célia déménage plus vite que son ombre à la recherche de nouvelles aventures aux quatre coins du globe. Dingo d'expos, d'art, de concerts et de burrata (#FromageVie), cette curieuse de nature prête également sa plume à Vers L'Avenir et à un penchant (presque) toxique pour les meubles en rotin.