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Paroles d’expatriés liégeois rentrés en Cité ardente

Un an. Le 13 décembre prochain, cela fera un an que je suis revenue auprès des miens, après cinq années à l’étranger, entre Toronto, Lisbonne et Madrid. Le retour peut, parfois, être un réel choc. Se réhabituer à son pays, à sa ville, reprendre un rythme de vie différent que celui qu’on a connu outre frontière. Alors, parfois, je me suis sentie seule. Et puis un jour, j’ai voulu aller à la rencontre de ces expatriés qui, eux aussi, avaient fait le choix de revenir à Liège. Mais, comment se sentent-ils, quels sont leurs projets, comment ont-ils réapprivoisé (ou pas) notre Principauté ?

Une envie d’ailleurs avant tout !

 

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Avant de savoir pourquoi mes camarades d’expatriation sont revenus, je me devais de revenir à la genèse de leur histoire afin de savoir pour quelles raisons ils avaient pris le large ! Non seulement, parce que, avouons-le, ça titillait sérieusement ma curiosité, mais aussi parce que partir vivre à l’étranger n’est pas toujours un choix : une offre d’emploi qu’on ne peut pas refuser, décider de suivre sa moitié, les possibilités sont infinies !

Si l’on en croit mon expérience personnelle ainsi que celle d’Alisson, 31 ans et d’Éloise, 33 ans, le départ était surtout synonyme de : « aidez-moi, je ne sais pas ce que je veux faire de ma vie ». De mon côté, j’avais 22 ans, j’étais au chômage post-études à solliciter tous les jobs possibles et imaginables et j’en ai eu marre (ne nous mentons pas, j’avais également le cœur brisé, ce qui n’a rien arrangé à l’affaire). J’ai pris le large, direction le Canada et trois mois après, j’ai comme qui dirait eu le « virus du voyage ». Ce syndrome a également touché Alisson qui ne savait pas non plus quoi faire après ses études et qui avait envie de sortir de sa zone de confort, et qui est partie direction l’Australie pour un PVT (Programme Vacances Travail) d’un an. Quant à Éloise, elle avait 18 ans et la frénésie de l’âge l’a poussée à s’inscrire sur un coup de tête à un échange de six mois en famille d’accueil au Venezuela.

Alors certes, oui, Liège on t’aime, mais parfois, il faut se dire au revoir pour mieux se retrouver.

Partir un jour… Le retour

 

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Telle l’Inspectrice Gadget 2.0, j’ai continué mon enquête. Après avoir lu avec passion les épopées voyageuses d’Henri, 62 ans, parti vivre aux quatre coins du globe (États-Unis, Algérie, Allemagne, Émirats arabes unis), de Pierre ayant vécu à Lisbonne ou encore, de Denis ayant travaillé pour la NASA en Arizona, il fallait bien que j’entame le sujet qui fâche : le retour au plat pays.

Eh bien, je dois le dire, le constat est sans équivoque. La principale raison du retour de nos expatriés n’était pas due au manque accru de frites, de la Foire d’octobre ou, mieux (ou pire, c’est selon) encore, de la montagne de Bueren. Non, bien que nos congénères soient tous fiers d’être Belges (que dis-je, d’être Liégeois), ce qui les a fait revenir en Cité ardente, c’est le manque de la famille et des amis.

C’est aussi cette foutue horloge interne qui nous murmure à l’oreille : « tic, tac, tic, tac, il serait temps que tu te sédentarises, que tu construises une vie de famille et que tu sois près des tiens ».

Entre le besoin de se poser pour entamer sa retraite comme il se doit, la crise sanitaire du Coronavirus qui a créé un immense manque de ses proches, ou la fatigue de devoir recommencer tout à zéro dans chaque nouveau pays, le besoin de revenir aux sources s’est fait sentir pour chacun de nous.

Le syndrome du retour, mythe ou réalité ?

 

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Le syndrome du quoi… ? Si l’on en croit les experts en psychologie, le « syndrome du retour » ou, « syndrome de l’expatrié », est une déchirure causée par un sentiment de double appartenance à deux nations. Mais, est-ce que ce décalage est réellement présent ? La réponse est OUI !

Passés les émouvants épisodes des retrouvailles, les chouchoutages chez papa et maman comme Éloise les a vécus après cinq ans à voyager en Afrique, en Amérique latine ou encore, en Asie, la vie reprend son cours et il arrive que l’on se sente délaissé.

Pour Alisson, le plus dur était de se réadapter au mode de vie « métro, boulot, dodo », diamétralement opposé à son rythme de vie d’expatriée. Partie depuis 2014 et ayant eu la chance de voyager en Océanie, au Canada, au Mexique et dernièrement, à Lisbonne, devoir prévoir son agenda des semaines à l’avance pour aller boire un verre entre copines ne faisait plus partie de ses habitudes.

Pour Denis, revenu en 2016 d’Arizona, le plus dur fut la météo et la pollution. Parce que oui, avouons-le, Liège ne fait pas partie des villes ayant le climat le plus clément d’Europe occidentale.

De son côté, Pierre évoque, non sans me remémorer mes souvenirs portugais, la « saudade », sorte de spleen à la Baudelaire propre aux lusophones. Bien qu’il soit content d’être revenu en Cité ardente, son cœur est toujours à Lisbonne, même si son retour date (déjà) de 2004.

Liège or not Liège ? Telle est la question

 

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Revenus depuis un peu plus d’une année ou depuis près de dix ans, comment se sentent nos ex-expatriés depuis leur retour à Liège ?

Si l’on en croit les dires d’Éloise, « petit à petit, on reprend ses marques, on refait sa place au sein de la vie de ses proches, on se réadapte et on chérit ses souvenirs. On essaye de voyager autrement pour combler un petit manque qui persiste encore. » Et c’est bien vrai. L’expatriation est une expérience qui nous change à jamais, qui nous fait grandir, évoluer et qui nous donne un regard différent sur le monde et surtout, sur nos racines. C’est d’ailleurs ce que confirme Denis, après avoir vécu une expérience professionnelle hors norme au sein de la NASA : « Cela fait maintenant 5 ans que je suis rentré et je ne me suis jamais senti aussi bien. Réintégrer sa vie à Liège après autant d’années d’absence permet vraiment de prendre du recul sur soi-même ! ».

Mais, il faut le dire, tout n’est pas toujours rose. Henri déplore la propreté et l’insécurité de notre chère Liège et Alisson, de son côté, regrette que notre Cité ardente ne soit pas plus animale : « oui Liège, on t’adore, oui on peut faire des trucs sympas, mais il te manque un peu de spontanéité… Oh, c’est méchant », s’exprime-t-elle timidement !

Si certains n’envisagent plus de quitter Liège de manière permanente, d’autres pensent repartir, le temps d’une année ou peut-être pour toujours.

Mais, quoi qu’il en soit, la fierté d’appartenir à la communauté liégeoise reste ancrée dans leur parcours. Qu’il s’agisse de la chaleur de ses habitants qui compense les degrés manquants du thermomètre ou de l’incroyable glow-up dont elle a fait preuve ces dernières années, notre ville reste la meilleure. Oui, même comparée à Lisbonne, Dubaï, Valparaiso ou Hô Chi Minh. Non, je n’exagère pas. Quoique…

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Rédactrice web dans la vie, Morgane est avant tout une passionnée : de culture, de voyages, de gastronomie ! Après cinq ans à l'étranger, cette Liégeoise et fière de l'être retrouve petit à petit ses marques dans la Cité ardente. Bien décidée à rattraper le temps perdu, elle compte bien tester de nouvelles adresses et lieux en tout genre au service de Boulettes Magazine (et un peu pour son plaisir personnel, avouons-le), mais aussi, de partager ses expériences de vie et ses humeurs !