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Nez du monde

« Nez du monde », deux clowns liégeois en vadrouille

Si les Liégeois sont naturellement extraordinaires (of course), ils le sont encore plus lorsqu’ils portent des projets débordants d’humanité. C’est le cas d’Amandine (28 ans) et Quentin (30 ans) aka. Jo et Mirabelle, leurs noms de clowns. Ces deux comédiens liégeois voyagent hors du système monétaire depuis six ans pour faire rire les enfants de tous horizons et répandre leur bonne humeur auprès de ceux qui en ont le plus besoin. De l’Inde au Soudan en passant par Montréal, on vous raconte leur parcours de vie atypique.

Le clown liégeois, quelle drôle d’espèce

Nez du monde

Trop peu connu du grand public, le clown originaire de nos contrées vaut pourtant le détour. On vous présente Jo et Mirabelle. Les deux tourtereaux se rencontrent il y a sept ans et se trouvent rapidement un rêve d’enfant commun : devenir comédien-clown et partir à l’aventure. Vivre de bonté humaine et de fleurs arroseuses, « what else ? ». La Compagnie de théâtre nomade « Nez du monde » voit le jour.

« L’objectif est d’offrir des sourires, une bulle d’air, un moment de poésie à ces enfants qui fuient la violence et l’insécurité ou ceux pour qui la vie n’est pas toujours un cadeau. »

L’idée semble bien belle, mais encore faut-il en avoir les moyens. C’est sans compter sur la témérité du clown liégeois, qui n’a pas froid aux yeux. Un constat d’ailleurs éprouvé lors de leur traversée du Canada en plein hiver.

Uniquement armés de leurs nez rouges et de leur foi en la bonté humaine, Jo et Mirabelle décident de voyager à leur façon : le pouce levé, pas un rond en poche et se nourrissant de restes des restaurants ou chez l’habitant. « Mais ils sont fous, ces clowns ! » nous direz-vous. Pourtant, ils tentent pour la première fois leur idylle de voyage en 2014. Et ça marche tout de suite.

« L’Homme est, pour nous, spontanément bon et solidaire. Notre foi en l’humanité ne cesse de grandir, et nous avons une gratitude énorme envers toutes ces personnes qui ont rendu notre voyage possible. »

Le clown liégeois sait où se rendre le plus utile

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En 2015, Jo et Mirabelle se lancent à l’eau pour de bon et entament alors une boucle de 8 mois à travers l’Europe et le Maroc. Ils n’ont alors pas réellement de spectacle construit et réalisent au fil de leur parcours des animations de rues et des improvisations dans les maisons et les écoles.

C’est là que Jo et Mirabelle rencontrent leur public cible : « Sur notre route, nous avons croisé beaucoup de migrants en chemin vers l’Europe. Ces rencontres riches en émotions nous ont inspirés pour créer notre spectacle sur la thématique de l’accueil et des différences culturelles. »

De retour au plat pays, ils entament alors une tournée à vélo des centres de demandeurs d’asile, une nouvelle aventure riche en émotions. Mais l’envie de repartir les titille. Les deux nez rouges décident de s’envoler pour Montréal.

« On s’est dit qu’en étant si haut, nous ne pouvions que redescendre. Nous nous sommes bien trompés. Nous avons visité le grand Nord et joué notre spectacle dans des communautés reculées et des communautés autochtones »

La canada en hiver en auto-stop… Rien qu’à l’écrire, un frisson nous parcourt. Cette chaleur humaine doit vraiment être efficace parce qu’à peine de retour, les deux clowns se lancent dans la mission Marhbabikoum : prendre la route des migrants à contre-courant, pour leur offrir dès que possible un moment de repos et de rire dans les centres, les camps et les associations.

Le clown liégeois ne s’arrête jamais

Arrivés à la frontière turco-syrienne, l’envie leur prend de continuer la route. « Finalement, l’Inde, ce n’est pas si loin » se disent-ils. Joe et Mirabelle, les pouces toujours en forme, partent jouer leur spectacle dans une série de pays d’Asie. De Singapour, grâce à un gros coup de pouce du Croissant Rouge, les deux nez rouges s’envolent alors pour l’Afrique pour entamer une nouvelle aventure, le « Hakunamatour ».

« Chaque culture est différente, mais le cœur d’un enfant reste le même. »

Ils jouent le même spectacle, mais découvrent une toute autre ambiance. La philosophie « sans soucis » qui leur colle à la peau depuis le début a retrouvé sa source : Ils parcourront des kilomètres, de l’Afrique du Sud au Soudan, au rythme des rires incomparables du continent.

Cependant, même sur une route où rien n’est écrit, une crise comme celle du Covid n’épargne personne. Pas même les clowns…

Bloqués au Soudan (où ils avaient pourtant reçu l’un des accueils les plus chaleureux), Quentin et Amandine se voient contraints de rentrer au pays après maintes péripéties stressantes, tant pour eux que pour leurs proches. Les nez rouges de Jo et Mirabelle sont rangés le temps du confinement.

Le Clown liégeois est un citoyen du monde

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Si leurs aventures ont dû subir un coup d’arrêt, Amandine et Quentin rêvent maintenant d’enfourcher leurs vélos et de partir à la conquête de l’Amérique du Sud. En attendant, ils sillonnent la France.

Aujourd’hui, quand on leur demande une anecdote ou un moment marquant, les souvenirs fusent. D’une arrestation malaisante qui se transforme en séance de selfies avec des policiers turcs à un spectacle dans un centre MENA qui se transforme en véritable soirée dansante afghane, les deux Liégeois ne manquent pas d’histoires à raconter.

Il sera cependant difficile de les croiser pour les entendre en vrai. Si Liège reste leur maison, impossible d’envisager de se sédentariser pour l’instant. Mais même dans les contrées les plus éloignées, ils ne sont jamais à l’abri d’un bon vieux cri du cœur « Standard de Lièèège » qui leur arrache toujours un rire.

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"Born and raised" à Liège, Julie est devenue journaliste radio après ses études en communication à la HEPL. Fan de l'actualité de la Cité Ardente et de son arrondissement, des initiatives citoyennes, des nouveautés décalées, et de tout ce qui touche de près ou de loin au chocolat, elle aime aussi parfois partager sa vision des choses... Mais avec humour, en bonne Liégeoise qui se respecte.