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Julie, Liégeois(e) de l’étranger expatriée au Canada

Tout plaquer, ou presque, pour repenser sa vie en-dehors du confort de nos frontières. Beaucoup en rêvent, sans nécessairement passer à l’acte. La Liégeoise Julie Gillet a, elle, sauté le pas il y a un peu plus de deux ans avec son compagnon Séraphin pour poser ses valises au Canada. Sans aucun regret, que du contraire. Récit.

Certains voyages vous relaxent et vous permettent de recharger vos batteries. De simples vacances en somme. D’autres vous chamboulent, remettent en question votre style de vie au quotidien et réveillent cette petite voix intérieure qui vous a toujours fait rêver à une aventure à l’étranger. Partie il y a quatre ans pour un voyage sac-à-dos en solo en Asie, Julie Gillet (35 ans) est rentrée en Cité ardente avec l’envie de… ne plus s’y éterniser.

« Quand je suis revenue, il était assez clair que je ne voulais plus vivre dans le confort du schéma traditionnel avec des habitudes, une routine, un boulot 9-17 du lundi au vendredi, des weekends surchargés par des contraintes ménagères ou sociales… J’avais envie de voyager et de découvrir d’autres façons de vivre. Ça tombait bien, mon compagnon voulait lui aussi la même chose. »

La carte du monde balayée, le Canada s’est vite imposé comme terre d’accueil idéale pour les deux trentenaires.« Les programmes d’immigration y sont favorables. Ils veulent notamment développer les communautés francophones hors Québec. » Cap sur la côte Ouest et Vancouver, en Colombie-Britannique. Une ville dense, cosmopolite et… anglophone, alors que Julie ne maîtrise pas la langue de Shakespeare. « Et je ne la maîtrise toujours pas, ce qui n’est pas le cas de Séraphin », rigole-t-elle. « Mes amis ici sont francophones et j’ai toujours travaillé dans la Francophonie. »

Soleil de minuit, -40°C et ours en pleine rue

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En l’espace de deux ans, le couple aura vécu un an à Vancouver et un an au Whitehorse dans le Yukon, avant de rejoindre le Nouveau-Brunswick. Avec, forcément, son lot de découvertes à chaque étape. L’influence récente du Covid ? Quasiment inexistante. « Au Yukon, on a vécu la crise de façon très protégée puisqu’il y a eu 11 cas. On a très vite télé-travaillé, sans être confiné. » Alors, quand on demande à Julie d’ouvrir sa boîte à souvenirs canadienne, l’émerveillement transparait dans sa voix et accompagne une liste non-exhaustive d’expériences totalement éloignées de notre réalité.

« Des paysages dingues à Vancouver, du kayak avec des orques, des lacs magnifiques, de superbes randonnées… Puis un environnement très sauvage – et un peu dangereux par moments – dans le Yukon avec des ours dans la rue, des renards… des soleils de minuit, mais aussi des périodes très froides avec des -40 degrés. Au final, on reste dans un schéma classique au niveau professionnel puisqu’on travaille la semaine et on se repose le weekend. Mais on a malgré tout atteint notre objectif dans le sens on ne voulait plus de nos 4 semaines de congé par an comme en Belgique. »

« Ici, on se sent en vacances chaque weekend. Une vie ne serait pas suffisante pour explorer tout ce qu’il y a à voir au Canada. »

Deux ans pour trouver le job idéal

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La vie professionnelle ? Tous deux ont dû revoir leurs ambitions à la baisse en débarquant au pays à la feuille d’érable. Mais à force de patience, de détermination et de persévérance, ils ont su exploiter la situation favorable à l’emploi au Canada pour s’installer dans la vie active locale.

« Les premiers jobs que j’ai eus m’offraient moins de responsabilités et un salaire moins attractif qu’en Belgique. Mais j’ai trouvé du boulot assez facilement. J’ai d’abord occupé un poste de responsable de la communication francophone à Vancouver puis un autre d’agent de communication francophone dans le Yukon. Pas des fonctions de rêve, mais ce n’était pas le plus important. Il m’a en fait fallu deux ans pour trouver un job qui corresponde à mes aspirations, à mes compétences et à ce que j’ai pu faire en Belgique. Aujourd’hui, je suis directrice d’une organisation féministe. Séraphin, lui aussi, a eu du mal à faire valoir ses compétences mais au final, grâce aux aides à la création d’entreprises, il a lancé sa boite de consultance informatique pour les associations. »

La Belgique et Liège plus particulièrement semblent bien loin. L’histoire d’une vie passée, dans laquelle on n’a pas envie de replonger. Les 5.000 kilomètres séparant Julie de la Cité ardente ne lui font cependant pas tout oublier. Il y a tout de même certaines choses typiquement belges et/ou liégeoises que le Canada ne peut pas offrir…

« Les frites, la sauce andalouse, les lacquemants, la bière, la foire, la musique techno, la culture engagée, la famille, les amis… Ça, ça me manque ! »

« Mais tout est une question de balance, d’équilibre. On aimerait avoir nos amis et notre famille à nos côtés, mais tous ces éléments qui faisaient partie de notre quotidien en Belgique et qu’on n’a plus aujourd’hui ne sont pas suffisants pour nous donner envie de rentrer au pays. On vit tellement de choses différentes et dingues ici…  On a fait un choix et on ne le regrette pas. »

« Pas moyen de se planter »

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Un choix qui pourrait certainement en inspirer d’autres. Bien sûr, la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19 restreint actuellement notre liberté de voyager. Julie le comprend et ne le nie pas. L’éloignement familial, la peur de ne pas retrouver du travail, le fait de posséder un bien immobilier, d’avoir des enfants scolarisés ou encore les ressources financières nécessaires, tout simplement, sont autant de freins qui poussent les candidats à l’expatriation à rester au bercail.

« On n’avait pas forcément mis d’argent de côté avant de partir », précise Julie. « Bien sûr, les démarches administratives coûtent un peu d’argent mais pour le reste, on ne roule pas sur l’or. On a réduit nos dépenses et on a adapté notre style de vie, en adéquation avec la culture canadienne. »

Bref, pas d’excuses pour tenter le coup ? « Si on en a vraiment envie, je crois qu’il faut se renseigner, pour commencer, puis se lancer. Ce serait dommage de vivre avec des regrets. Il n’y a, selon moi, pas moyen de se planter. Un boulot, ça se (re)trouve, un appartement aussi, une maison ça se revend, si on a des enfants, on peut les emmener avec soi… Rien ne me semble insurmontable. Quoi qu’il arrive, on apprend quelque chose et on découvre de nouveaux horizons. Et dans le pire des cas, si ça ne va pas, il y a toujours la possibilité de rentrer. »

Ce que Julie et Séraphin ne sont toutefois pas près de faire, « même si on aimerait revenir à Noël pour voir nos familles et nos amis, on espère que le Covid nous le permettra ». Juste le temps d’une parenthèse. Car un retour en bord de Meuse à long terme ne fait pas du tout partie de leurs plans.

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« Tous les six mois, avec Séraphin, on se pose et on fait le bilan, pour voir si on est toujours raccord et si on a toujours envie de continuer sur la même voie. Là, on envisage plutôt de rester au Nouveau-Brunswick et d’y acheter une maison. On aimerait aussi obtenir notre citoyenneté canadienne donc on se voit rester ici encore quelques années. On repartira peut-être plus tard à la découverte d’un autre pays. »

On the road again. And again, and again…

Pour suivre Julie et Séraphin, c’est par ici.

Crédit photo : Julie Gillet

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Quand il vivait à Bruxelles, on l'appelait le "Liégeois" et personne ne comprenait son chauvinisme pour cette ville de Liège qu'il défendait avec un brin de mauvaise foi. Désormais, il est revenu chez lui, en Cité ardente. Ancien journaliste au quotidien L'Avenir, il a rejoint l'équipe de Boulettes pour combiner deux éléments qui lui tiennent à cœur : l'écriture et la valorisation de sa ville sous toutes ses facettes dans un webzine 100% liégeois.