L’amour est dans le (Neu)pré: confessions d’une citadine exilée à la campagne
Avec le chéri, j’ai emménagé dans une adorable maison située à Neupré. Etant une amoureuse du centre-ville de Liège, ayant grandi au cœur de la Cité ardente, kiffant à fond le fait de pouvoir acheter une pizza/faire un refill de bouteilles en soirée/le bruit constant/pouvoir prendre le bus en 10min à pied de chez moi, je dois vous avouer que la transition ne s’est pas faite sans heurts ! Tour d’horizon de quatre de mes plus gros chocs culturels lors de ma migration en milieu rural.
1) Les voisins
Je n’ai jusqu’à mes 26 ans jamais eu de conversations avec mon voisinage d’appartements. Un bonjour semblait la limite maximale de communication. Chacun vit sa vie, on ne déborde pas sur l’intimité des autres, et les pigeons seront bien gardés. Aujourd’hui, je connais les prénoms de mes voisins, ils savent les travaux effectués, la composition du ménage, le prix de la maison et la banque qui a fait le prêt, et même le pedigree du chat ! Quant à moi, je connais les prénoms des enfants, leurs activités extra-scolaires et ce qu’ils ont mangé hier midi.
« Chéri, pourquoi tu as fait signe à la dame qui vient de passer en voiture, tu la connais ? »
« Non, mais elle m’a fait signe donc ça doit être une voisine… »
2) Le silence
Auparavant, le doux bruit du quai du Longdoz berçait toutes mes nuits. Avant : Une pote : « rolala t’as entendu l’accident cette nuit ça m’a réveillé ». Moi : « Ah bon ? ».
Aujourd’hui, ce sont les bruits de la nature qui me réveillent ! Un petit oiseau qui chante, un cri d’animal inconnu… la panique ! Et étrangement, on dirait qu’un couvre-feu est inconsciemment respecté. Plus de « heuyufjfbn TOIII LAAA » « WAIIIII » et autres cris du fêtard liégeois, ça fait bizarre.
3) Les animaux
Ayant uniquement côtoyé jusqu’à mes 26 ans … des pigeons, le premier sanglier fut … disons… surprenant ! Sans parler d’un poney passant dans ma rue. Totalement normal apparemment… « Y A QUE MOI QUE CA CHOQUE !!!??? »
Je pourrais faire un article complet sur les animaux, mais je garde les histoires de « Meurs, Gisèle la Fouine » « Chéri, c’est le terrier de quoi ça ?! » et « pu**, y a un blaireau ! » pour mes mémoires.
4) Les administrations
À Liège = prendre sa journée de congé, un pince-nez, toute sa patience et sa compréhension face à la sympathie bouillonnante des employés et clients (comptez en temps de crise… 3h).
À Neupré = un panneau « veuillez entrer sans frapper » … Quoi ? (mini panique interne. Que faire ?) … « Oooh bonjour madame installez-vous » (comptez en temps de crise… 5min).
Je vis dorénavant dans un quartier magique pour les enfants et les familles, un quartier totalement choquant pour moi. Evidemment, je commence à m’habituer, et à apprécier. Il m’arrive même de sortir des phrases telles que
- • « Oh chéri, les voisins rentrent tard dis-donc »
- • « Et si on plantait des arbres ? »
- • « Faut absolument qu’on achète des bonbons pour la tournée d’Halloween »
- • « Rolala ces jeunes en voiture font un de ces boucans ! ».
Mais je continue tout de même à murmurer quand je passe le pont de Fragnée en direction de mes origines urbaines, les yeux pétillants : « Liège, t’es trop belle, tu me manques ».
Plus de campagne?