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Liégeois de l’étranger : en Chine avec deux enfants de 11 et 9 ans

Expatriés à Pékin avec leurs deux enfants depuis deux ans, Gilles et Anne-France Back ont notamment vécu le début de la pandémie de Covid-19. Leur parcours chinois ces vingt-quatre derniers mois ne se résume toutefois pas au virus et à ses conséquences. Récit d’une belle aventure en famille… qui n’est pas encore finie.

On a coutume de dire que « le train ne passe qu’une fois ». Si tel était le cas, Anne-France, Gilles et leurs deux enfants de 11 et 9 ans, Alexandre et Arnaud, n’auraient peut-être pas quitté le doux confort de la Cité ardente. L’expatriation ? L’idée leur avait déjà traversé l’esprit il y a quelques années, à l’âge de 26 ans. « On avait songé à partir un an en Nouvelle-Zélande, mais on n’avait pas osé franchir le pas. » Alors, quand l’occasion de tout quitter pour tenter l’aventure sur le continent asiatique s’est présentée, les deux Liégeois, cette fois, n’ont pas tergiversé. Ou pas trop.

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«  Gilles a reçu une proposition d’expatriation de son employeur, pour effectuer une mission de 3 ans en Chine », se rappelle Anne-France. « Pékin ne fait pas forcément rêver tout le monde. D’ailleurs, quand on a annoncé notre destination à notre entourage, il y a souvent eu un petit blanc en retour. Mais on en a beaucoup discuté en famille. Pour moi, ça arrivait au bon moment. J’étais dans une impasse professionnelle, rien ne me freinait. Je voyais cette opportunité comme une parenthèse dans ma vie professionnelle et une chance pour nous quatre de découvrir une autre culture, d’apprendre sur de multiples sujets, de s’ouvrir au monde et de voyager. »

Septembre 2017. Gilles et Anne-France tranchent. Exit Liège, cap sur l’Empire du Milieu. Date de départ ? Incertaine. « On nous disait dans un mois… ou dans trois mois. C’était un peu stressant de s’imaginer partir si vite. Finalement, Gilles est parti seul en février 2018. Et on l’a rejoint au mois d’août. Ce qui a permis aux enfants de finir leur année scolaire en Belgique. »

« Au début, les enfants ne comprenaient pas »

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Et de préparer le terrain en repérant les lieux. Visite d’écoles et de maisons au nord de la ville, dans le district de Shunyi, mais aussi immersion dans une culture totalement différente de la nôtre. « C’était important, afin de trouver une place et un équilibre dans cette mégalopole de 23 millions d’habitants. »

Les premiers pas à Pékin sont malgré tout déroutants. Notamment pour les enfants du couple, « qui étaient bien en Belgique, n’avaient rien demandé et ne comprenaient pas pourquoi on leur imposait cette expatriation et une scolarité dans une école anglaise ».

Mais aussi pour Anne-France qui, malgré des cours de mandarin à l’Institut Confucius de Liège, trouve un certain réconfort dans les applications de traduction instantanée – « car l’anglais ne court pas les rues » – afin d’appréhender son nouvel environnement.

« On a quitté la Belgique sans jugement préconçu. On voulait connaître avant de juger. Au début, c’était un peu étrange : les gens parlaient fort, les enfants se sentaient bousculés, on les prenait souvent en photo avec ou sans leur accord, on ne comprenait rien dans les restaurants ou dans la rue. Mais au bout du compte, on n’a pas eu trop de difficultés à s’adapter, car on ne s’arrête pas à ce qui est différent. On essaie de comprendre les autres. Puis, on vit dans un quartier international, avec des expatriés de toutes nationalités et avec lesquels on a créé des liens forts. Loin des nôtres, il est important d’avoir des amis. »

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Plus de deux ans après leur installation, les quatre Liégeois ont chacun trouvé leur routine, leur équilibre. « Gilles travaille à Qinhuangdao, à 300 km de Pékin, du lundi au jeudi et voyage pas mal en Chine », précise Anne-France. « Les enfants adorent l’école, parlent super bien anglais, ont plein de copains ici et ont gagné en confiance en eux. Quant à moi, j’écris sur mon blog pour me recentrer et conserver tous ces précieux souvenirs. »

« Je reprends des cours de Chinois que j’espère pouvoir utiliser dans ma vie professionnelle, je participe à des activités organisées par l’école des enfants ou par des associations et j’entretiens le contact avec les amis et la famille restés en Belgique. En deux ans, je ne me suis jamais ennuyée. »

Grande Muraille, paysages contrastés et « téléphone-sésame »

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Bien sûr, l’éloignement apporte son lot de doutes et de questionnements. « Ce n’est pas facile d’être loin de nos proches, ils nous manquent. » Mais un sentiment prédomine au quotidien : le plaisir de vivre une aventure unique en famille, parsemée de splendides découvertes touristiques « made in China ». Leur top 3 ? L’emblématique Grande Muraille y occupe, sans surprise, une place de choix.

« Ça peut paraître bateau, mais on adore y aller. Avec les saisons, elle nous montre différents visages, différentes couleurs. On va généralement sur la Muraille sauvage, qui est gratuite et non-aménagée. On y croise peu de monde. »

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Autres incontournables : les paysages et la culture locale, mais aussi les nombreux contrastes qu’offre le pays. « Difficile de choisir une province tellement les paysages sont magnifiques. Déserts, canyons, montagnes, plages, lacs, pains de sucre, rizières, villages, métropoles… À Pékin, tu as d’énormes buildings qui entourent de véritables petits villages, les hutongs. À côté de ça, il y a des shopping malls énormes, avec des magasins de luxe, de gigantesques centres d’affaires, des voitures plus impressionnantes les unes que les autres. Et au milieu, de nombreux parcs, où les gens se rassemblent pour faire du Tai Chi, de la danse, du tennis de table, du basket, de la toupie. Enfin, il y a la technologie, omniprésente. Avec ton téléphone, tu fais tout. C’est ton sésame. Sans lui, tu es perdu : tu paies, tu appelles les taxis, tu rentres dans les magasins avec ton QR code santé, tu fais tes courses, tu traduis les cartes des restaurants… Une batterie transportable est donc un investissement essentiel ! »

Au cœur de la pandémie avant tout le monde

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Code santé, le terme est lâché. Car c’est bien en Chine que le virus Covid-19 a fait son apparition dès la fin de l’année 2019 avant, petit à petit, de se répandre un peu partout dans le monde. Ce qu’était loin d’imaginer la famille Back à l’époque, dont la liberté de circuler et de voyager a longtemps été strictement réduite.

« On a commencé à parler d’un problème à Wuhan à la mi-décembre, mais c’était encore flou », se souvient Anne-France.  « Tout a vraiment éclaté avant le Nouvel An chinois. On partait à ce moment-là pour des vacances aux Philippines, tout le monde était masqué, la tension était bien présente. La deuxième semaine de notre séjour, on suivait les courbes ascendantes de cas positifs et de morts. La société de Gilles a proposé que je rentre en Belgique avec les enfants depuis les Philippines, mais je ne voulais pas me séparer de Gilles. On a pris un vol pour rentrer le matin du 2 février. Le soir même, plus aucun avion ne décollait des Philippines pour la Chine. À partir de ce moment-là, on a vécu à quatre 24h sur 24. Et on a décidé de ne jamais se séparer. Ici, certaines familles ne se sont pas vues pendant 7 mois. »

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Télétravail, home-schooling, gym matinale… Les Back composent et s’adaptent. Pour plusieurs mois de confinement très contrôlé. « C’était éprouvant, même si on n’a pas eu trop de cas à Pékin. » Avant un semblant de retour à la normale récemment. Même si les mesures de précaution et le contrôle restent permanents. Tout comme la réactivité chinoise, au travers de lockdown de ville immédiat en cas de nouveaux foyers détectés et de dépistages aussi impressionnants que massifs. « À Qingdao, ils testent par exemple 9 millions de personnes en cinq jours ! Le virus reste bien présent. Et avec lui, tous nos projets de Noël en famille sont aux oubliettes. On attend le mois de juin 2021 avec impatience pour revoir nos proches en Belgique. »

Gaufres, frites et… « repas de ma maman »

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Histoire de retrouver (enfin) ses racines « et ces soirées irremplaçables avec les familles et les amis ». Mais aussi de goûter à tous ces petits bonheurs gourmands caractéristiques de la Cité ardente.

« Le sirop de Liège pour les enfants et qu’on ne trouve pas ici, les repas de ma maman, les gaufres de Liège de chez Eggenols ou d’Une Gaufrette Saperlipopette, les violettes, la tarte au riz, les gaufres aux fruits, une bonne frite de friterie. Que des trucs bien light quoi ! La Belgique reste notre pays de cœur, celui qui nous a vus grandir et où on veut habiter. Cette expatriation est une parenthèse dans notre vie, notre cœur reste liégeois. »

Une parenthèse qui devrait donc se refermer l’année prochaine. À moins que cette expérience chinoise leur ait donné d’autres envies baroudeuses ? « Joker ! On doit en discuter dans les deux prochains mois. Une chose est toutefois sûre : si on devait le refaire, on signerait à deux mains », conclut Anne-France.

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Pour suivre le parcours d’Anne-France, de Gilles et de leurs enfants, c’est ici, sur le site Back to China

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Quand il vivait à Bruxelles, on l'appelait le "Liégeois" et personne ne comprenait son chauvinisme pour cette ville de Liège qu'il défendait avec un brin de mauvaise foi. Désormais, il est revenu chez lui, en Cité ardente. Ancien journaliste au quotidien L'Avenir, il a rejoint l'équipe de Boulettes pour combiner deux éléments qui lui tiennent à cœur : l'écriture et la valorisation de sa ville sous toutes ses facettes dans un webzine 100% liégeois.