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Chine

Petit précis de superstitions chinoises

Imaginez un instant que pour accéder à la réception de votre hôtel, un vendredi treize, vous deviez passer sous un échafaudage et plusieurs échelles pour ensuite croiser une meute de chats noirs. Le tout, avant de vous apercevoir qu’on vous a réservé la chambre 666. Mauvaise ambiance ?

Peut-être. Ou peut-être que vous êtes Chinois et que ça ne vous fait ni chaud ni froid, jusqu’au moment où vous découvrez, au mur, la reproduction d’un tableau de Magritte à vous glacer le sang. Dessus : des chapeaux, des parapluies, des pommes et des horloges… Horreur, malheur. C’est que, d’une culture à l’autre, les superstitions, comme les coutumes, varient sensiblement. Vous recevez justement un jeune couple de Shanghai le temps d’un weekend à Liège ? Zhang Yingxuan et Rachel Delcourt, co-directrices de l’Institut Confucius de Liège, décryptent les usages à respecter – ou à éviter coûte que coûte.

Si les superstitions sont nombreuses en Chine, tous les Chinois ne sont pas superstitieux pour autant explique Yingxuan. Comme ailleurs, tout dépend de leur environnement immédiat, de leur expérience du monde et… de la langue. C’est que bon nombre de présages découlent en réalité du langage et de ses sonorités. Ainsi, là où un Occidental rechignera peut-être à choisir son appartement au 13e étage, un Chinois sera moins enclin à privilégier le quatrième ou le quatorzième, le chiffre quatre, au prononcé proche de « va mourir », étant associé à la mort, là où le chiffre huit, porte-bonheur, évoque la fortune ou la réussite. Idem pour le parapluie, composé des symboles « pluie » et « protection » et qui, prononcé « săn », est phonétiquement proche d’un autre symbole qui signifie « la séparation ».

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Autant de petits transferts auxquels vient se greffer la culture populaire, comme les fleurs blanches, associées au deuil, ou les horloges, qui représentent le temps qui passe et veulent dire « adieu » – ce qui ne vaut en revanche pas pour les montres.

De même, on s’abstiendra de dormir seul dans un lit blanc, tout comme on évitera les chambres situées à l’extrémité des couloirs, les mauvais esprits, c’est bien connu, préférant toujours les coins. Et pour ne pas perdre ses enfants, on veillera à ne pas égarer ses vieux souliers, même si on peut tout à fait les jeter à la poubelle. Ces mauvais présages s’annulant mutuellement, deux malheurs génèrent un bonheur. Une manière hasardeuse de se prémunir et à laquelle certains privilégieront la méthode forte : écarter le mauvais œil à coups de pétards.

Bon à savoir : ces présages peuvent aussi porter chance, les Chinois n’étant pas en reste lorsqu’il s’agit de se raccrocher à un ersatz local du trèfle à quatre feuilles. La pêche, fruit préféré de la mère du grand dieu du Taoïsme, est par exemple un symbole de longévité qui se prête tout particulièrement à un cadeau à un ainé, tandis qu’un poisson, servi la tête vers une personne (idéalement la plus âgée de la tablée) sera signe de chance pour celle-ci. Un poisson qu’il ne faut en revanche surtout pas retourner dans son assiette, au risque de connaître le même sort en voiture ou en bateau.

Enfin, si on s’abstiendra de planter ses baguettes dans son bol, ce qui constituerait un signe funeste, on évitera également d’offrir un couteau, la même prudence étant de mise en Occident.

Féru de culture chinoise ? Cours de langue ou ateliers de chant et de gastronomie, l’institut Confucius organise tout au long de l’année de nombreuses activités.

Institut Confucius

Rue de Pitteurs 20 / 4020 Liège
www.confucius.uliege.be

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Explorateur du quotidien, Clem vit sa ville entre de multiples jungles, qu'il parcourt bras dessus, bras dessous aux côtés de Kath. Reporter pour Boulettes, Le Vif et Saveurs, il profite de la vie comme on croque un fortune cookie, intensément, tout en se remémorant ce proverbe : “life is like a roll of toilet paper. The closer it gets to the end, the faster it goes”