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Cheveux crépus - Pexels - Anna Shvets

5 Liégeoises sur le pouvoir (et le poids) de leurs cheveux crépus

« Je peux toucher tes cheveux? ». La remarque, aussi incongrue qu’impolie, fait pourtant partie du lot quotidien des personnes aux cheveux crépus. Majestueuses et sculpturales, ces chevelures fascinent, ce qui ne veut pas dire qu’elles sont toujours une parure facile à porter, au contraire. Tresses, afro, extensions et préjugés: 5 Liégeoises vont au fond du problème. 

Nathalie, galeriste, « Beaucoup de copines fantasmaient sur mes cheveux crépus »

Cheveux crépus - Tany - DR Boulettes Magazine

« Sur le principe, la dénomination « afro » ne me dérange pas, mais j’ai le sentiment qu’à notre époque, vu les débats qui font rage, c’est plus judicieux de définir les choses par leur composition, leur utilisation… Du coup, quand je cherche des recommandations ou des produits, je vais plutôt parler de cheveux crépus ou frisés. Petite, ma maman nous faisait des tresses, parce que quatre filles à coiffer, c’est du boulot, mais pour nous, c’était un vrai supplice: ça prend longtemps à faire, ça tire sur le crâne, et impossible de dormir la nuit qui suit.

« Parfois, c’était valorisant aussi, parce que beaucoup de copines auraient bien voulu avoir des tresses aussi et fantasmaient sur mes coiffures. Les compliments à chaque changement de coupe étaient agréables »

D’autant que toutes ne pouvaient pas répliquer mes tresses: une amie russe qui s’était faite tresser en vacances avaient été punie par la direction et sommée de changer de coiffure, au motif qu’elle n’y avait pas droit parce qu’elle n’était pas Africaine, à l’époque, ça m’avait fait bien rire. Au-delà des tresses, ma mère a cédé au défrisage pour nous dès le plus jeune âge, car c’est une solution radicale qui fait gagner bien plus de temps qu’une longue séance de démêlage. Aujourd’hui encore, je craque quand je ne sais plus quoi faire de mes cheveux, mais ça devient très rare parce que les effets du défrisage sont ravageurs, et dans la communauté, les tantines chauves, brûlées ou j’en passe ne manquent pas. Confinement oblige, j’ai des tresses, parce que ça reste présentable en toutes circonstances, mais ça n’a jamais empêché les gens de me demander s’ils pouvaient toucher mes cheveux, même si ce n’est plus arrivé depuis très longtemps.

« Quand c’est demandé de manière respectueuse, ça ne me pose aucun problème de laisser les gens toucher mes cheveux et de répondre calmement à leurs questions, parce que je suis convaincue que le partage de connaissances est la meilleure manière de réduire l’ignorance »

J’avoue sans honte que si je pouvais changer la texture de mes cheveux, je le ferais. J’admire celles qui ont la patience de les traiter quotidiennement pour les garder beaux au naturel, mais moi, je ne l’ai pas, et le temps qu’ils me prennent parfois (une soirée entière de démêlage et de soin) me donne envie de tout couper. Même si le mouvement nappy hair a fait beaucoup pour apprendre aux femmes aux cheveux crépus comment les soigner de manière beaucoup plus naturelle. J’ai même arrêté de faire des tissages et des extensions depuis! J’ai beau être adulte aujourd’hui, je demande toujours à ma maman de me faire des tresses, car avec le temps qui défile à une allure folle, cela nous offre des petits moments beauté plein d’amour que l’on continue à partager ».

Sarah, avocate, « Chaque femme doit être libre de se montrer telle qu’elle le souhaite »

Sarah - cheveux crépus - DR

« J’ai compris dès la maternelle que mes cheveux étaient différents, mais je n’ai jamais souffert de cette différence pour autant. J’ai été défrisée dès l’âge de 6 ans, pas pour céder aux diktats de la société, mais simplement pour simplifier la logistique de l’entretien de mes cheveux. J’ai été adoptée par un couple belge, et lorsque j’étais plus jeune, je n’avais accès à aucune information relative au soin et à la coiffure de mes cheveux, ni aucune figure représentative africaine dans mon entourage.

« Mon monde a véritablement changé lorsque j’ai eu accès aux vidéos des premières Youtubeuses noires dont le contenu était axé principalement sur la connaissance et l’entretien du cheveu « afro ». J’ai enfin appris à déconstruire ma représentation simplifiée et erronée de ma chevelure »

Aujourd’hui, la plupart du temps, mes cheveux sont lâchés. Je les attache lorsque je dois plaider, de manière purement psychologique, ou bien quand je n’arrive pas à les coiffer correctement. Si je pars en vacances, j’opte pour des tresses ou d’autres coiffures protectrices, parce qu’il est impossible d’emporter avec moi mes produits naturels pour effectuer mes soins capillaires.

« Pour moi, quand on demande si on peut toucher mes cheveux, il me semble qu’il s’agit davantage de maladresse que de lourdeur. L’absence de valorisation, représentation, et connaissance du cheveux « afro » dans les sociétés occidentales entraîne une fascination, une curiosité. Actuellement, je déteste qu’on me touche les cheveux, mais j’avoue que cela ne me dérangeait pas quand j’étais petite »

Ces dernières années, il y a eu une libération de la représentation africaine dans les sociétés occidentales. Les minorités jadis oubliées ou ignorées ont eu accès à des plateformes pour s’exprimer et libérer la parole à ce propos. Les marques ont été contraintes de suivre la tendance en mettant en avant les minorités. Dans ce contexte, de nombreuses femmes noires ont décidé de ne plus se cacher derrière des tissages, tresses, etc… Le mouvement ‘nappy’ est la consécration de cette libération. Chaque femme doit être libre de se montrer au monde telle qu’elle le souhaite nappy, défrisée, avec des rajouts, etc… Cet arbitrage est personnel et ne doit aucunement résulter d’une injonction de la société occidentale, où le cheveu lisse a très longtemps été considéré comme LA norme. Malheureusement, contrairement aux pays anglo-saxons, le mouvement ‘nappy’ tarde à prendre de l’ampleur en Belgique, notamment à cause de l’absence du développement de salons spécialisés dans le traitement du cheveux « afro » et le manque d’accessibilité aux produits dédiés aux cheveux crépus. À Liège, il y a l’incontournable salon Black and White chez Salima, et le magasin GT World of Beauty dispose d’une très large gamme de produits dédiés aux cheveux afro ».

Célia, journaliste, « J’ai demandé des cheveux longs et blonds à Saint-Nicolas »

Célia Berlemont - cheveux crépus - DR

« Pour moi, le terme « cheveux crépus » se rapporte plus à une texture tandis que « cheveux afros » fait référence à un héritage culturel et à une manière de les porter, donc on peut dire que j’ai des « cheveux crépus afros ». En portant mes cheveux en afro, je revendique mon bagage culturel avec fierté et je trouve que ce terme vient renforcer ça. J’ai compris très tôt que mes cheveux étaient différents de celles de mes copines de classe: impossible d’imaginer un palmier ou une coupe au bol sur des cheveux crépus mais ça ne donne pas terrible. On m’appelait broccoli, Arnold ou Sangoku à l’école et j’ai réalisé rapidement que mes cheveux resteraient obstinément en l’air alors que ceux de mes petits camarades avaient tendance à s’abaisser… Et c’est sans parler des jours de pluie, où mes cheveux gonflaient encore plus. J’en ai parfois souffert, j’ai déjà demandé à Saint-Nicolas si je pouvais avoir des cheveux longs et blonds comme ceux de mes copines parce que j’avais l’impression que ma chevelure naturelle ne me permettait pas d’être féminine.

« On voit souvent la féminité comme le fait d’avoir des longs cheveux qu’on peut tresser comme la princesse Raiponce, et avec mes cheveux c’était impossible, donc j’avais l’impression qu’en plus de ma différence de couleur de peau, je devais batailler contre mes cheveux pour être aussi féminine que mes copines »

J’ai cédé aux sirènes du défrisage pendant longtemps, plus jeune, ça me semblait normal parce que ma maman le faisait aussi. Je ne le regrette pas du tout, parce que ça m’a permis d’en savoir plus sur moi, ce qui me ressemble, ce qui me plaît, et de pouvoir choisir. C’est un peu comme si on me demandait si je regrettais qu’on m’ait percé les oreilles quand j’étais petite fille: je ne l’ai pas choisi, mais ça m’a permis de faire mes choix de femme sur le long terme. Aujourd’hui, je ne défrise plus mes cheveux, parfois je fais des tresses parce que mes cheveux sont très sensibles aux fortes chaleurs ou au froid, mais le reste du temps, j’ai un afro sur la tête et je l’adore.

« J’ai perdu le compte du nombre de fois où on m’a demandé pour toucher mes cheveux, c’est hyper particulier parce que c’est une manière de nous pointer du doigt, de rappeler qu’on est différents. Je n’ai jamais apprécié ça, au début, je ne disais rien quand on me le demandait, je n’avais pas envie de répondre au stéréotype de la « fille de couleur agressive qui accuse tout le monde d’être raciste », puis je suis passée par une phase de colère, et aujourd’hui, je réagis au cas par cas »

Si c’est un enfant qui demande à toucher mes cheveux, ça ne me dérange pas parce qu’il ne sait simplement pas que c’est déplacé. Par contre, quand il s’agit de gens de mon âge ou même d’adultes plus âgés, qui viennent me toucher les cheveux comme si de rien n’était, ça me choque. Si on trouve quelque chose de joli, que ce soit une tenue ou une coiffure, on fait un compliment, on ne touche pas, c’est comme les gens qui touchent le ventre des femmes enceintes. Si je pouvais changer de cheveux, je ne le ferais pas. Bien sûr que j’ai voulu, comme toutes les femmes: si on les a lisses, on les veut bouclés, si on les a longs, on les veut courts, mais mes cheveux font partie de moi et apprendre à m’apprécier comme je suis passe par avoir les cheveux crépus ».

Coralie, fonctionnaire, « Je n’en suis qu’au début de l’acceptation de mes cheveux crépus »

« Si on me demande de décrire mes cheveux, je dirais « doux », « rebelles » et « compliqués », à la fois frisés et crépus. Plus jeune, j’étais une adepte des tresses et je changeais fréquemment de longueur, d’épaisseur et de couleur, ce dont j’étais plutôt fière parce que je pouvais changer de tête quand j’en avais envie. Plus grande, j’ai découvert le tressage et j’ai arboré de longs cheveux lisses pendant des années, malgré la lourde logistique que ça entraîne et le coût conséquent du procédé. Le tissage implique de nombreuses heures assise dans un salon de coiffure à avoir mal au crâne car pour que la tresse en dessous des mèches se voie le moins possible, mais aussi de ne jamais vraiment pouvoir laver le cheveux enfermé sous les mèches, ces dernières étant compliquées à démêler.

« J’ai porté ces coiffures camouflages pendant de nombreuses années sans vraiment me poser de questions et sans me rendre compte de tout ce que je m’infligeais pour pouvoir éviter de devoir assumer mes vrais cheveux. Et puis j’ai commencé à souffrir de la situation il y a un peu moins de deux ans, quand je suis tombée enceinte »

J’avais honte de porter des « faux cheveux », j’en avais marre de ne plus pouvoir sentir mon crâne respirer et je ressentais fortement le besoin d’être moi sans artifice. J’ai alors naturellement commencé à vivre avec mes vraie cheveux et aujourd’hui j’apprends encore a les connaitre et a les aimer. Aujourd’hui, je continue de défriser mes cheveux car de temps en temps, j’aime avoir les cheveux super lisses, cette sensation de légèreté et de cheveux qui s’envolent au vent c’est quelque chose que j’adore. Je me sens bien et belle car je trouve que la longueur que m’offre mes cheveux lissés s’accorde bien avec mon visage rond. En vacances, je laisse sécher mes cheveux à l’air après un lavage, ils sont alors volumineux et bouclés, mon mari adore mais moi je n’ose pas encore me rendre au travail avec cette coiffure.

« Je suis originaire de Liège et pour mes études, j’ai décidé d’aller à Bruxelles. Pour ne pas devoir toujours aller à Liège pour me faire coiffer, je me suis mise à la recherche d’un coiffeur dans ma nouvelle ville. Je suis donc rentrée dans le salon de coiffure qui était près de mon kot et qui me semblait vraiment chouette afin de demander des soins et un brushing. Ceux-ci ont refusé de me donner un rendez-vous, m’expliquant qu’ils ne travaillaient pas avec mon type de cheveux et qu’isl ne voulaient pas prendre le risque que je sois déçue par le résultat. Je ne m’attendais pas à ce genre de réaction, car dans mon salon de coiffure liégeois elles travaillent avec tous les types de cheveux, même les cheveux crépus ».

Ça m’a refroidie dans mes recherches et m’a confortée dans le fait que ça valait le coup de faire le trajet pour aller dans mon salon de coiffure de toujours. Niveau fierté et acceptation de soi, c’est très dur pour moi d’avouer que je voudrais ou que j’ai un jour souhaité changer de chevelure. Pourtant, c’est un fait, durant la majorité de ma vie j’ai tenté de camoufler mes cheveux crépus, que ce soit en dessous de tresses en tout genre dès mon plus jeune âge ou de tissages après ma majorité. Et aujourd’hui, à l’aube de mes 30 ans, je défrise encore mes cheveux. Je n’ai donc jamais vraiment vécu avec mes cheveux 100% naturel, cependant c’est un énorme pas pour moi de ne plus porter de « faux cheveux » sur ma tête.

« Je suis encore au début de l’acceptation de mes cheveux, mais je suis déjà très fière de pouvoir me sentir bien sans devoir les cacher. Je dois tout de même avouer que parfois, cela m’arrive d’être désespérée devant mon miroir quand je n’arrive pas à obtenir un résultat qui me plaît et je me mets alors à rêver d’avoir des cheveux longs où seul un coup de brosse suffirait pour me sentir bien coiffée

J’ai deux jeunes cousines, qui sont dans le début de la vingtaine et qui n’ont jamais porté de tissage. Elles ont depuis longtemps coupé la partie de leurs cheveux défrisée, n’ont plus fait de défrisage depuis plusieurs années et ont une routine capillaire incroyable. Je les trouve magnifiques et j’ai beaucoup à apprendre d’elles car à leur âge, je découvrais et j’abusais des tissages. Et aujourd’hui presque 6 ans plus tard, bien que j’aie arrêté de cacher mes cheveux, je n’ai pas vraiment de routine capillaire adaptée et je ne suis toujours pas à l’aise avec une coiffure volumineuse. Mon salon de coiffure de toujours et pour toujours, que je recommande à toutes, c’est le salon « Bouclé Lissé », qui se trouve au milieu de la rue Saint-Gilles. Ma famille est très métissée, nous avons toutes des textures de cheveux différentes et pourtant nous allons toutes dans ce salon, de ma grand-mère qui y va pour faire ses teintures et ses mises en plis à moi qui y vais pour me faire défriser les cheveux ou simplement pour me faire faire des soins et un brushing ».

Marianne, créatrice de contenu, « Mon cuir chevelu a été bousillé par le défrisage »

Marianne Célis - Mulakozé - Photo Lynn Vanwonterghem

« Mes cheveux sont des accordéons qui se déploient et qui ont diverses longueurs selon mes envies et ma patience. J’ai grandi dans une famille très métissée, donc même avant d’entrer à l’école j’avais conscience de la pluralité des carnations et des textures de cheveux, et je n’ai pas été surprise des cheveux de mes petits camarades, mais eux bien. Clairement, tant la texture de mes cheveux que la diversité de mes coiffures étaient très intrigantes pour eux, même si pour moi, ces routines capillaires étaient souvent source de souffrance

« J’ai 31 ans et lorsque j’étais enfant et adolescente, le défrisage était presque obligatoire car mes cheveux étaient perçus comme négligés, sales ou inappropriés pour sortir de chez moi. Souvent je jonglais entre les tresses et le défrisage, ce que je ne fais plus maintenant car mon cuir chevelu a été bousillé par cette routine capillaire hyper chimique et agressive »

Les idées reçues par rapport aux cheveux crépus sont hyper ancrées de part et d’autre du miroir, car mes proches avaient ce discours hyper méchant par rapport à cheveux africains au naturel et les personnes blanches aussi avaient des préjugés sur les cheveux des personnes noires au naturel. Enfant, je râlais souvent contre cette routine capillaire imposée par les adultes pour rendre mes cheveux crépus « acceptables » ça prenait du temps et ça faisait mal, je ne ne comprenais pas pourquoi je devais subir ça. Parfois, je regrette de ne pas avoir plus défendu ma position, surtout adolescente.

« Je me dis a posteriori que pour ma santé, j’aurais aimé arrêter plutôt les défrisages, car c’est vraiment dangereux pour les cheveux et notre organisme en général. C’est un problème global car c’est le même souci que les produits éclaircissants pour la peau, utilisés par les personnes africaines, orientales et asiatiques en majorité. Cette pression à physiquement ressembler à une personne caucasienne pour être fréquentable ou valable amicalement, professionnellement, amoureusement… est dangereuse et énergivore »

Les personnes occidentales et blanches ne se rendent que peu compte de ça, car elles sont dans un monde qui est fait en fonction d’elles bien au-delà des frontières européennes. Elles n’en sont pas responsables, mais collectivement, elles sont les premières à en bénéficier. Pour ma part, j’ai arrêté le défrisage à la vingtaine car les produits me brûlaient le cuir chevelu et j’avais souvent des plaies. En plus de ça, j’avais envie de découvrir la vraie texture de mes cheveux. Lorsque j’en parle, les gens sont étonnés, mais c’est important de se rappeler que la diversité de beauté, de carnation, de morphologie, de texture du continent européen est tout à fait transposable au continent africain comme d’autre continent…c’est la diversité tout simplement, rien d’étrange à cela.

« Je vis les demandes de toucher mes cheveux comme des intrusions dans mon espace personnel. La première fois, j’ai halluciné et je n’ai pas su arrêter la personne, mais maintenant j’anticipe car ça donne l’impression qu’on est un animal inconnu dans un zoo qu’on veut caresser »

La fascination vient du fait que c’est inconnu, mais elle devient déplacée si on se permet de toucher quelqu’un sans lui demander, comme si cette personne était une chose et non une personne. J’aime beaucoup mes cheveux. Je les trouve super doux et mes proches aussi, ils me disent que c’est comme un nuage ou coussin. Je trouve ça mignon et je trouve que c’est l’opposé de l’image qu’on véhicule des cheveux africains point de vue représentation : cheveux à discipliner, crinière sauvage à dompter, coiffure non-professionnelle, etc. Je ne me défrise plus depuis 10 ans et sincèrement, je trouve le cheveu crépu versatile et surprenant. Pour un coiffeur ou une coiffeuse, c’est un super exercice et je trouve ça dommage que les écoles de coiffure ne le réalisent pas, car la plupart des coiffeuses qui savent coiffer les cheveux africains l’ont appris hors circuit académique, ce qui accentue la marginalisation des cheveux crépus. Je me fais souvent tresser en automne/hiver, car mes cheveux se cassent régulièrement à cette période de l’année, et pour ça, je vais chez Passage Africain, rue Léopold. Niveau produits, je trouve mon bonheur chez MIZURI et SAABOU, deux e-shops bruxellois. Depuis une quinzaine d’années, le cheveu naturel est à nouveau tendance, car les femmes et hommes noirs à travers le monde sont fiers d’arborer leurs cheveux. La digitalisation de nos esthétiques a amplifié le mouvement car les personnes concernées ont réalisé qu’elles n’étaient pas seules. Ceux qui ne sont pas concernés ne comprennent pas toujours pourquoi nos cheveux sont si importants pour nous, ce à quoi je réponds systématiquement que pour eux, ce ne sont que des cheveux, mais pour moi et beaucoup d’autres, c’est une manière de mettre fin à un cercle vicieux de non-reconnaissance de soi dans la société et face à son miroir.

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Photo de couverture: Unsplash / Anna Shvets – Photo de Marianne: Lynn Vanwonterghem pour MULAKOZè

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.