Après My Tannour, Georges Baghdi Sar régale Liège au Sehra
Après avoir conquis Bruxelles avec ses concepts alléchants à souhait, My Tannour et Kamoun en tête, le chef Georges Baghdi Sar pose ses ustensiles de cuisine à Liège. Depuis ce vendredi 28 juin, on le retrouve en effet au Sehra, une table qui fait la part belle à sa vision généreuse et joyeuse de la gastronomie, mais aussi, aux saveurs complexes et séduisantes du Moyen-Orient.
Récemment sélectionné par le magazine Knack parmi les personnes de moins de 40 ans à suivre en 2024, Georges Baghdi Sar est un peu la réponse belge à Ottolenghi. Ou du moins, le chef arménien de Syrie, arrivé dans le royaume au passage de l’an 2000, ambitionne de le devenir. Son objectif: devenir ambassadeur de la cuisine du Moyen-Orient à travers le monde. En commençant par Bruxelles, où son My Tannour ne désemplit pas, mais désormais aussi à Liège, où il vient d’inaugurer Sehra, un concept garanti de faire saliver les gourmets.
Que sera Sehra
Mais pour comprendre la faim de réussite de ce passionné de cuisine, il faut remonter le fil de ses origines. Né, en 1988, en Syrie, d’origine arménienne et d’une mère libanaise, le petit Georges est à peine âgé de 4 ans qu’il est déjà perché sur un tabouret pour aider sa grand-mère à préparer le repas pour toute la famille. À l’âge de 11 ans, il quitte sa Syrie natale, gardant en mémoire le temps béni où, enfant, il passait plusieurs mois par an à Al-Kharitah, un village imprégné de souvenirs où il accompagnait la transhumance des 10 000 moutons du cheptel familial. C’est que son papa, Ibrahim, était l’un des plus grands agriculteurs de Syrie, cultivant ses terres, mais aussi celles d’autres fermiers qui n’avaient pas les moyens de s’acheter des machines agricoles.
« Quand tu viens d’une famille relativement aisée et que tu perds tout en débarquant dans un nouveau pays, en l’occurrence la Belgique, c’est rude d’être confronté à la misère, surtout pour mes parents qui ne savaient ni lire ni écrire le français » se souvient celui qui passe alors tout son temps libre dans le petit restaurant bruxellois où officie sa maman, Jacqueline. C’est en travaillant avec elle la gastronomie syrienne qu’il s’initie aux joies de la cuisine, et décide d’en faire son métier.
Stage au Comme chez soi (alors 3 étoiles Michelin) et au Château de Namur, passage par une brasserie réputée à Saint-Tropez, puis ouverture de son premier restaurant à Bruxelles, Chicounou, en face duquel il concrétise le concept auquel il doit son succès, My Tannour, et ses pains cuits dans un four en argile comme ceux de la Syrie de son enfance et garnis d’une viande savoureuse qui lui vaudra la fidélité des Bruxellois, mais aussi, 8 mois seulement après l’ouverture du restaurant, une accolade POP de la part du Gault&Millau.
Liège? Après l’établissement de 6 établissements My Tannour dans la capitale, et l’élaboration de la carte du restaurant de street food méditerranéenne Kamoun, Georges franchit une nouvelle étape dans la consolidation de son nom – et de la renommée de ses assiettes. Au menu? Une célébration de la cuisine moyen-orientale à travers de (généreux) plats à partager, entre artichaut entier grillé au feu de bois, Habra à la façon d’Alep, soit de fines tranches de bœuf cru garnies d’herbes fraîches, huile d’olive et crème d’ail, ou encore mechwi, des morceaux de gigot d’agneau grillés au feu de bois accompagnés d’oignons et tomates grillés.
Le meilleur: là où le concept de « sharing plates », plutôt éculé, est souvent devenu une manière codée de désigner des assiettes rikiki hors de prix, ici, non seulement c’est bien servi, mais en prime, à 35 euros le menu découverte de 5 mezzés à partager, on se régale sans se ruiner. Plus délicieux encore, si une prochaine enseigne Sehra est déjà planifiée à Anvers, c’est bien en Principauté que le chef a décidé de lancer son concept en premier. Vous reprendrez bien un peu de poulpe rôti aux épices pour fêter ça?
Sehra
Chaussée de Tongres 200, 4000 Liège / Le site Internet de Sehra
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Photos: Priscillia dos Santos (Flash et Fourchette)