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Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Magneus d’Pelotes, la table qui sublime la Wallonie

C’est entre Liège et Namur que Jehan Delbruyère a eu la délicieuse idée d’ouvrir Magneus d’Pelotes, une table d’hôtes gastronomique qui ambitionne tout à la fois de célébrer le terroir, revenir à l’essentiel et proposer une expérience unique. Un pari osé, mais plus que réussi. 

« C’est quatre Liégeois et quatre Carolos qui se retrouvent autour d’une table gastronomique en périphérie de Huy ». La synthèse de la soirée passée chez Jehan, le chef autodidacte qui se cache derrière Magneus d’Pelotes, a des airs de début de blague, mais si c’en est une, alors la chute est qu’on a tous été refaits. On s’attendait à bien manger, bien sûr. On salivait déjà depuis plusieurs mois sur le compte Instagram de la table d’hôtes, qui laissait entrevoir des préparations surprenantes à la présentation soignée, mais aussi les visites de chefs renommés de la région, de bonne augure avant de visiter toute maison de bouche.

On s’attendait à bien manger, donc, mais on ne s’attendait pas au voyage délicieusement onirique à travers le terroir qui nous attendait lorsque Jehan nous a invités à venir s’attabler chez lui.

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Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Hisser haut la Wallonitude

« Venez en groupe, ça se prête mieux au concept ». Avant même d’arriver à Wanze, la générosité de notre hôte d’un soir est évidente. Et vu le menu alléchant posté sur Insta’, trouver des gourmands avec qui partager la soirée s’avère plutôt aisé. Depuis Liège, une quarantaine de minutes de voiture nous attend avant d’arriver dans ce qui semble a priori être une maison typique de ces banlieues verdoyantes qu’on trouve aux abords des villes wallonnes. Sauf que lorsqu’il achète la maison en question en 2017, Jehan Delbruyère choisit de limiter les travaux à la concrétisation d’un rêve qu’il mûrit depuis dix ans: la réalisation d’une annexe pour abriter sa table d’hôtes. Objectif: mettre à l’honneur une version moderne et inventive de la cuisine wallonne.

« Avant de me lancer dans la cuisine, je tenais un blog où je chroniquais mes visites au resto, mais quand je me suis lancé, le sentiment de fière wallonitude qu’on retrouve aujourd’hui dans les restaurants de la région était loin d’être aussi présent ».

Au gré des années, Jehan mijote donc son projet, et décide en cours de route de se diriger vers une cuisine « plus brute, plus ouverte ». Dont acte: la table où l’on s’installe pour savourer ses créations culinaires est prise en sandwich entre une cuisine entièrement ouverte, où Jehan s’affaire dans un silence concentré pendant que les convives dégustent, et un espace extérieur où il peut tout à la fois s’adonner à la cuisson au feu et récolter herbes et légumes dans le grand potager sauvage qu’il a aménagé.

Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Complètement autodidacte, celui qui officie le jour dans le secteur pharmaceutique s’est formé en accumulant les expériences gourmandes, et ça se goûte: ici, on est reçus chez quelqu’un qui aimait bien manger avant d’aimer cuisiner et cet amour des associations surprenantes et d’une cuisine généreuse, tant dans les portions que dans le choix des ingrédients, se ressent à chaque bouchée. « Je dis toujours en début de repas aux personnes qui viennent manger chez moi que je vais tout faire pour que personne ne quitte la table en ayant faim ou soif » assure Jehan.

Une promesse plus que tenue: à 60€ le menu 9 services (plus 30€ pour eau et vin all in), c’en est même à se demander comment l’hôte de Magneus d’Pelotes parvient à s’y retrouver. « Le coût des matières premières est supérieur, mais je m’y retrouve en ne comptant pas mes heures ». Et les convives, eux, s’y perdent dans un étourdissant ballet de saveurs, Jehan réussissant le pari d’assurer un service qui suit aussi bien (voire mieux?) qu’à certaines des plus grandes tables, et à provoquer une délicieuse surprise à chaque assiette.

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Gastronomique & unique

En première entrée, des poireaux « brûlés sur une poêle sans matière grasse pour avoir le côté fumé mais pas le carbone de gras cancérigène » sont accompagnés d’une « fraîcheur iodée de caviar belge et d’herbes en petit jus ». C’est beau, c’est délice, et ça donne le ton d’un de ces repas où le silence se fait à table durant les premières bouchées de chaque plat, les convives étant plus occupés à communier avec leurs papilles qu’à parler. Même si, le lieu, où on ne se divise pas en petites tables mais où on s’assied à la même grande table de bois que tous les dîneurs du jour, se prête à la conversation. Jehan l’a voulu ainsi.

« Je n’avais pas envie d’ouvrir un resto qui ne s’assume pas: je revendique le côté gastronomique de Magneus d’Pelotes, mais je cherche aussi à proposer une table unique ».

Une quête plus que réussie: si le côté « attablons-nous dans la cuisine avec des inconnus » ne plaira pas forcément à celles et ceux pour qui la gastronomie est une affaire feutrée à savourer en tête-à-tête, nul doute que la cuisine de Jehan parviendra à les convaincre du contraire.

Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Après la première assiette se succèdent à table un « miso de Meuse », régal à base de coco de Meuse, qui twiste des moules accompagnées d’huile essentielle de bourgeons de sapin, cueillis au printemps par Jehan et dont le goût contrebalance à merveille la saveur iodée des crustacés. Lesquelles laissent la place au réconfort d’une assiette de tomates confites, Pieds de mouton et flàmbadou, une sauce crémeuse préparée de manière spectaculaire par notre hôte qui joue ici littéralement avec le feu, puis de sublimes tacos au poulet rôti (vous l’aurez deviné, au feu aussi), cornichons maison et sirop Thomsin. Le boeuf de Lothar est tellement goûteux qu’il se suffit à lui-même, le pain avec lequel saucer l’assiette a le délicieux goût aigre de la boulangerie artisanale et la sélection des vins est à la hauteur du repas, savoureuse et surprenante.

Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

Magneus d'Pelotes - Boulettes Magazine copyright Maxence Dedry

On s’attendait à bien manger en poussant la porte de cette adresse nichée entre Namur et Liège, mais vraiment, non, on ne s’attendait pas à la claque gastronomique qu’on a pris ce soir-là. La touchante humilité de Jehan contraste délicieusement avec l’ambition accomplie de ses préparations, qui se dégustent comme une lettre d’amour à la Wallonie qui gagne et qu’on croque à pleines bouchées. Jehan Delbruyère voulait faire de son Magneus d’Pelotes une table unique, c’est plus que réussi, et on vous défie de manger mieux, au même prix, n’importe où ailleurs en Wallonie.

Magneus d’Pelotes

Rue des Ecoles, 6, 4520 Bas-Oha / Réservations ici

La table d’hôtes peut accueillir jusqu’à 10 personnes et est ouverte les vendredis et samedi soir ainsi que le lundi midi.

Site Internet / Instagram / Facebook / Le blog de Jehan

Photos : Maxence Dedry

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.