
Notre liste de lectures d’été parfaites à emprunter au B3
Qui fréquente le B3 le sait : ce fringant vaisseau architectural dont la façade scintille sur la Dérivation à la nuit tombée est un des fleurons de la culture principautaire, et même de la Principauté tout court. Vous l’aurez compris à la lecture de cette phrase introductive : à la rédaction, on est convertis, non, conquis, et c’est avec une joie enfantine intacte qu’on échange chaque mois nos lectures pour de nouvelles piles de livres – surtout durant la saison estivale, particulièrement propice aux festins de pages. Lesquelles ? Et bien, une de ces « lectures d’été », par exemples.
Qu’est-ce qui fait qu’un livre est, ou non, une bonne lecture d’été ? La définition ultime sera évidemment laissée à l’appréciation de chacune et chacun, mais disons que certains critères sont d’application, quel que soit le genre littéraire que vous préférez. En vacances, ou plus généralement, durant cette période bénie de deux mois où le rythme ralentit même si on est contrait de continuer à travailler ou à étudier, on veut des livres qui soient à la fois distrayants (c’est l’été !) et malins, parce que si on ne profite pas de la saison pour s’attaquer à un peu plus costaud que du remplipages, alors quand ?
Il faut aussi des ouvrages propices à l’évasion, qu’elle soit littérale (l’histoire a pour fond une destination particulièrement bien décrite) ou littéraire : l’intrigue nous emmène avec elle dès les premières lignes. Autre prérequis de la plus haute importance malgré son aspect futile : le format du livre. En été, on lit principalement à l’horizontale, or qui a déjà essayé de dévorer au lit l’une de ces briques de plus de 500 pages à la couverture cartonnée en garde probablement encore dans le poignet et la nuque un douloureux souvenir.
Ainsi armés de ces critères tout à fait subjectifs, mais affinés en plus de 30 années de lecture vorace toutes saisons confondues, on a pris d’assaut les rayonnages (mais aussi l’extrêmement efficace service de réservations en ligne) du B3, et on en a tiré des dizaines de livres empruntés depuis juin, dont on n’a compilé que les meilleurs pour vous ici.
C’est l’amour à la page !
Nos 20 lectures d’été (d’autant plus) parfaites (qu’on peut les emprunter gratuitement au B3)
Limonov, Emmanuel Carrère
Pourquoi, pour qui : Parce que, pour tout le monde, ce qui est une manière (certes un peu frontale) de dire que cette biographie, dévorée d’une traite à Berlin il y a déjà quelques étés de ça, est immédiatement entré au Panthéon de nos livres préférés pour ne plus jamais le quitter.
Le verbe beau et le parfait sens du rythme d’Emmanuel Carrère sont sublimés par le destin d’autant plus incroyable qu’il est vrai d’Édouard Veniaminovitch Savenko alias Édouard Limonov, un (anti-)héros dont on vous conseille également chaudement de lire la production littéraire, aussi peu politiquement correcte que jouissive.
Le bureau des prémonitions, Sam Knight
Pourquoi, pour qui : Lu dans son anglais original (il est disponible dans les deux langues au B3), ce travail journalistique fouillé, transformé en récit romanesque pourtant aussi tout ce qu’il y a de plus véridique, est passionnant, rythmé, et pile le genre de livre garanti de plaire à toutes les personnes avec qui vous partez en vacances.
Qu’est-ce que l’intuition ? Pourquoi certaines personnes en ont-elles et d’autres pas ? Et pourquoi certaines prédilections, pourtant extrêmement spécifiques (voire carrément perchées) se réalisent-elles ? C’est à ces questions et bien d’autres encore que répond Sam Knight sur fond d’évolutions de la psychiatrie et du monde du journalisme, avec notamment une apparition du père d’une certaine Anna Wintour, magnat de la presse à l’époque.
Pour lire notre chronique détaillée du livre, rendez-vous ici.
Ultra Violet, Margaux Cassan
Pourquoi, pour qui : Un regard critique sur le bronzage pile pendant la saison où on n’a qu’une envie, faire la crêpe (à l’huile) au soleil ? Et pourquoi pas un tome de 200 pages détaillant les méfaits du barbecue tant qu’on y est ?! On l’avoue, ça fait un peu casseurs d’ambiance, sauf que justement, quel meilleur moment pour se questionner sur une pratique que toutes celles et ceux dont la peau le permet associent à l’été ?
Avec une érudition qui n’a d’égale que sa curiosité et une plume délicieusement fluide, la philosophe et essayiste française Margaux Cassan signe un ouvrage nécessaire et passionnant.
Ayant eu la chance de l’interviewer, on vous confirme qu’elle est non seulement brillante, sublime, mais aussi humble et sympathique au possible, bref, absolument impossible à détester même si l’ado complexée en nous aurait presqu’été tentée d’essayer.
Campus, Curtis Sittenfeld
Pourquoi, pour qui : Il paraît qu’il ne faut jamais juger un livre sur sa couverture, et ça n’a peut-être jamais été plus vrai que pour ce roman brillant dont la jaquette dégueulasse évoque vaguement le régime, ou peut-être une période de disette financière avec cette ceinture serrée. Mais ce n’est pas le propos, donc, puisque premièrement, « il ne faut pas juger », et ensuite, surtout même, ce roman de la fabuleuse Curtis Sittenfeld dont la lecture fait presque office de rite de passage Outre-Atlantique se dévore d’une traite.
Si vous avez un jour été ado, ou que vous l’êtes maintenant, vous allez adorer ce livre. Point.
Habillés pour l’hiver, David Sedaris
Pourquoi, pour qui : Les fans d’humour mordant, les personnes qui cultivent un bouquet d’anecdotes à ressortir en société, celles et ceux qui ont toujours une petite voix off prête à narrer l’évènement le plus banal du quotidien… De notre humble avis, David Sedaris n’est rien de moins qu’un génie, et si on a lu (à plusieurs reprises) tous ses livres on avoue toutefois une petite préférence pour celui-ci.
Si vous n’avez encore jamais fait connaissance avec ses textes, quelle chance vous avez de pouvoir les découvrir pour la première fois ! On vous envie, vraiment, et on vous conseille vivement d’emprunter tous ses titres disponibles au B3.
Cinquième Avenue, Candace Bushnell
Pourquoi, pour qui : Si Carrie Bradshaw & co ont cette fois bel et bien pris leur retraite, cela ne veut pas dire qu’on ne peut plus profiter des personnages imaginés par la véritable Carrie pour autant. Dans Cinquième Avenue, Candace Bushnell est meilleure que jamais, tantôt féroce, tantôt férocement drôle, mais toujours extrêmement précise dans son observation du quotidien des 0.1% de Manhattan (et de celles et ceux qui rêvent d’en être).
Vous allez adorer détester le personnage de Lola Fabrikant, et il est plus que probable qu’à un moment au cours des 608 (mais promis, elles se lisent vite) pages du roman, vous vous demandiez pourquoi vous n’avez jamais sérieusement considéré le prénom Schiffer pour votre progéniture et/ou vos bébés poilus.
Les nuits que l’on choisit, Elise Costa
Pourquoi, pour qui : Offert par une amie très chère au goût exquis, ce livre de non-fiction incarne toutes les raisons pour lesquelles on se précipite sur chaque nouvelle proposition de Marchialy dès sa sortie. Spécialiste des histoires (incroyables mais) vraies, cette maison d’édition française exigente a le don de dénicher des plumes aussi incroyables que les récits couchés sur le papier.
A priori, les mémoires d’une faits-diversière sont plutôt glauques, surtout au vu de certaines des affaires couvertes par Elise Costa et compilées ici, mais elle écrit tellement bien, avec un tel don pour adopter une approche qui touche plus de la sociologie que du pathos, qu’on n’a à aucun moment le sentiment de voyeurisme sale que peut procurer le true crime.
C’est malin, ça questionne, c’est pile le genre d’ouvrage dont on se souvient longtemps après l’avoir refermé, et on le répète, mais tant que vous y êtes, profitez de la collection très diversifiée du B3 pour dévorer tous les livres estampillés Marchialy que vous trouverez.
Le faussaire de Salt Lake City, Simon Worrall
Pourquoi, pour qui : Par exemple, donc, ce récit de « meurtres et manigances chez les Mormons », entamé à l’été 2023 au Pays de Galles après avoir réalisé l’ascension du Mont Snowdon, et lu presque d’une traite malgré la fatigue.
Au croisement de l’enquête policière et du précis de théologie, cet OVNI littéraire ouvre non seulement une fenêtre fascinante sur une religion plutôt méconnue sous nos latitudes, mais aussi sur le parcours tumultueux d’un Américain qui n’est pas sans rappeler le Frank Abagnale Jr d’Arrête-moi si tu peux.
On vous a dit déjà qu’on était admiratifs de la sélection de titres de Marchialy et qu’on vous recommandait de tous les lire ? Ben on le répète.
Paris-Hollywood, Cécile Mury
Pourquoi, pour qui : « C’est dommage, l’écriture est un peu bof » qu’on a lâché après quelques pages, avec tout le mépris pas mérité de celles et ceux qui n’ont jamais publié le moindre roman de leur vie. Une critique plus juste serait de pointer que Cécile Mury a pris la décision de créer une « comédie romantique qui se lit », ce qui veut dire que l’écriture tient parfois plus du langage parlé ou du scénario, et qu’il faut un moment pour s’y habituer.
Une fois cet obstacle dépassé, par contre ? Disons qu’on a fait tout pareil que la journaliste de Elle qui le recommandait chaudement dans le magazine il y a quelques semaines, et qu’on a lu jusqu’aux petites heures pour terminer ce roman franchement bien ficelé. À chacun·e son fantasme célèbre mais si, comme nous, vous choisissez d’ignorer quelque peu les descriptions physiques pour choisir de superposer Colin Farrell sur le personnage de Ben Whyte, comment vous dire ?
Marie-Antoinette, Stefan Zweig
Pourquoi, pour qui : Nul besoin de se passionner pour la Révolution française ni même pour l’Histoire (de France) afin de savourer cette pépite littéraire. On est bien placés pour le savoir puisqu’on l’a commencé un peu par hasard, et dès les premières pages, l’écriture au cordeau de Stefan Zweig nous a captivés. Tout comme le destin tragique de Marie-Antoinette, d’ailleurs, dont la vie a été bien plus mouvementée que ce que l’imaginaire collectif retient – à commencer par cette citation mal appropriée sur le pain.
On a beau connaître la fin dès le début, le récit happe et surprend jusqu’aux derniers rebondissements, et en ces temps de langage malmené par les raccourcis des réseaux et autres incursions toujours plus poussives de l’anglais, lire un tel niveau de français n’est rien de moins qu’un délice.
Flamboyante Zola, Jean-Louis Milesi
Pourquoi, pour qui : Qui dit Zola pense Emile, mais ce récit donne (enfin) droit au chapitre à Alexandrine, sa femme, oubliée par l’Histoire alors que la sienne a aussi été extraordinaire. La baigneuse en arrière-plan du Déjeuner sur l’herbe de Manet ? C’est elle ! Comment cette fille des rues est-elle devenue la compagne et la muse de tant de figures majeures du XIXe siècle ? Comment, aussi, a-t-elle affronté non seulement les infidélités de son célèbre mari, mais aussi la nouvelle qu’il avait fait un enfant à une autre alors qu’elle-même souffrait de ne pas pouvoir en avoir ?
Cela pourrait être triste, mais grâce au talent de Jean-Louis Milesi, c’est souvent plutôt drôle, un beau récit que l’on prend d’autant plus plaisir à lire si on a déjà dévoré l’oeuvre de (l’autre) Zola. Et si pas, faisant fi du déroulé de la saga, on vous conseille de commencer par L’Assommoir, un chef-d’oeuvre qui n’a pas pris la moindre ride et donne envie de se plonger fissa dans les Rougon-Macquart.
Les amants du Lutetia, Emilie Frèche
Pourquoi, pour qui : Alors que le débat autour de la fin de vie et de l’euthanasie fait rage en Europe, ce roman qui commence par une fin et évoque tout à la fois suicide assisté, splendeur de l’univers de la pub dans les 70s, douleur de grandir dans l’ombre d’un couple de parents fusionnels et difficulté du deuil, entre autres, est non seulement parfaitement dans l’air du temps, mais aussi parfaitement écrit et bien plus agréable à lire que sa thématique a priori plutôt sombre ne pourrait le laisser penser.
À l’heure d’écrire ces lignes, on fixe l’écran d’une paire d’yeux rétrécie par une nuit bien trop courte, amputée de précieuses heures de sommeil pour finir le livre d’une traite, et on ne regrette rien. Rien, on vous dit !
Les obsessions bourgeoises, Madeleine Meteyer
Pourquoi, pour qui : Entré dès la dernière page dans le peloton de tête de nos lectures de 2025 pour ne jamais en ressortir, ce roman malin et rudement bien écrit est garanti de plaire à toutes celles et ceux qui ont grandi à l’aube des années 2000, époque capturée avec autant de maestria par Madeleine Meteyer que le périlleux équilibre qui se joue entre les ados dont les parents sont nantis et les autres, qui sont leurs amis mais jamais vraiment leurs égaux.
Le livre se lit comme un (bon) film, dont le rythme est enlevé et les rebondissements bien construits, tant et si bien qu’on ne voit ni le temps ni les pages passer, et qu’on se retrouve désemparé·e une fois Les obsessions bourgeoises terminées. Un coup de coeur, un vrai, à emprunter au B3 ou à acheter chez Pax, pour pouvoir le dévorer puis le prêter.
Comme dans un roman d’été, Emily Henry
Pourquoi, pour qui : « Comme dans un roman d’été », justement dans une liste de lectures d’été parfaites, pfff, facile ça… Certes. Mais le fait est que ce roman de la reine incontestée de la New romance pourrait s’intituler n’importe comment qu’il serait tout de même un compagnon de vacances idéal.
D’un côté, Augustus Everett, écrivain « sérieux » et génie des lettres en devenir. De l’autre, January Andrews, dont les comédies romantiques sont plébiscitées par le public mais moins par la critique. Le temps d’un été en bord de mer, ils vont se lancer un défi : écrire chacun dans le style de l’autre. Forcément, on ne divulgâche rien, mais ils vont finir ensemble. Et les scènes de passion qui en résultent ? Même si l’été belge reste aussi gris et frais qu’il ne l’est en ce moment, promis, ça va chauffer là où vous les lisez.
The Husbands, Holly Gramazio
Pourquoi, pour qui : Imaginez. Votre grenier est une réserve virtuellement sans fin de partenaires potentiels, qui apparaissent les uns après les autres et vous permettent non seulement d’avoir de la compagnie, mais aussi de déterminer ce que vous recherchez vraiment chez une autre personne. Farfelu ? À l’âge de la saturation d’applications de dating, ça ressemble surtout à un doux rêve, même si forcément, au début, Lauren, l’héroïne, est quelque peu surprise.
Partant d’un postulat de départ juste ce qu’il faut de loufoque, Holly Gramazio rédige une réflexion moderne et maline sur l’amour, bientôt adaptée en série par Apple TV+ avec Juno Temple dans le rôle principal – mais vous, vous aurez lu le livre avant, parce que c’est ça la classe.
Palace Papers, Tina Brown
Pourquoi, pour qui : Dans le milieu du journalisme, Tina Brown, ex-rédactrice en chef de Tatler, Vanity Fair et The New Yorker (excusez du peu) n’est rien de moins qu’une légende, donc quand elle prête sa plume légendaire à un ouvrage, déjà, ça promet. Mais dans le cas de cette brique qui s’intéresse aux figures les plus connues (et les plus controversées) de la monarchie britannique, c’est carrément jouissif.
Avec intelligence, rigueur, mais aussi humour et même férocité quand le récit le permet, elle donne à voir les coulisses d’une des familles royales les plus scrutées, mêlant son récit d’observations politiques et sociétales qui font de ce livre de non-fiction une lecture franchement passionnante, même si on se tamponne royalement le coquillard du Gotha.
Bien sous tous rapports, Louise Candlish
Pourquoi, pour qui : On préfère vous prévenir d’emblée, ce roman policier/psychologique ultra bien ficelé va vous mettre dans le mal, surtout si vous êtes propriétaire d’un bien que vous adorez, dans un quartier que vous aimez tout autant, parce que dès les premières pages, vous réaliserez avec effroi que ce qui se passe pourrait vous arriver aussi.
Pas le meurtre, on l’espère, et d’ailleurs, on vous souhaite de ne jamais avoir de voisin pareil, par contre, que cela ne vous empêche surtout pas de lire ce qui est selon nous le meilleur des romans de Louise Candlish. Et quand vous l’aurez dévoré (et surkiffé) on vous recommande d’enchaîner en empruntant Chez nous au B3, même si, là aussi, ça malaise à mort, d’autant qu’ainsi qu’un notaire nous l’a confirmé, la situation angoissante au coeur du roman est techniquement possible.
De sang-froid, Truman Capote
Pourquoi, pour qui : On laissera à chacun et chacune le soin de se faire son opinion sur Truman Capote, ainsi que sur les méthodes quelque peu discutables auxquelles il a eu recours pour rédiger ce chef-d’oeuvre, mais cela n’enlève rien au fait que ce livre de non-fiction, précurseur du true crime, est magistral.
L’écriture est précise, la plume affûtée, les descriptions, d’une finesse rarement égalée… C’est pile le genre de bouquin qu’on lit d’une traite, en dépit du sommeil et/ou des obligations, et si cela a lieu à l’horizontale, sur un transat, et bien c’est encore mieux.
Le chien qui voulait voir le Sud, Hase Seishū
Pourquoi, pour qui : « Qui n’aime pas les chiens n’aime pas la vie », n’a (jusqu’à maintenant) dit personne et c’est bien dommage parce que : fact. Amour infini et éternel pour les canidés mis à part, on suit donc les (més)aventures de Tamon, un chien malmené par la vie dont l’errance n’a en rien sapé la confiance, raison pour laquelle il se lance dans une traversée à pattes du Japon au cours de laquelle il rencontrera évidemment toute une série de cabossés.
Au-delà de la joliesse de ce roman rempli d’émotions et d’espoir, on en retient aussi un nouveau mot, appris et aussitôt assimilé, « manorigami », ou ange gardien – mot qui rime avec « chien » et vous savez quoi ? Dans la vie, il n’y a pas de hasards.
Le mari invisible de Frick Island, Colleen Oakley
Pourquoi, pour qui : Avouez, rien qu’à la couverture et au titre, vous avez comme un goût de sucre, d’iode et de crème solaire (oui) qui vous vient en bouche. Et certes, on dirait presque que ce roman a été rédigé exprès pour être lu sur la plage ou du moins sous le soleil, mais il ne faudrait pas le prendre pour une bête petite bluette pour autant.
Déjà, parce qu’il est vraiment bien écrit. Ensuite, parce qu’entre les descriptions des paysages de la baie de Chesapeake qui font voyager, le lent crescendo de la relation entre les deux protagonistes principaux et la manière tendre et poignante dont est abordé le difficile processus de deuil que traverse l’héroïne, c’est tout sauf bête, et ce n’est pas non plus une bluette. Bref, on vous le recommande, même si, spoiler : l’île de Frick n’existe pas. Smith Island bien, par contre, et c’est sur elle qu’est basée l’île idyllique du roman, si jamais sa lecture vous donne la bougeotte…
Et si vous aimez lire en anglais…
The Clasp, Sloane Crosley
Pourquoi, pour qui : À l’approche de leur 30e anniversaire, un trio d’amis qui se connaissent depuis leurs années d’université et s’apprêtent à franchir ce cap avec plus ou moins d’effroi croient se retrouver pour un mariage et se retrouvent en réalité catapultés dans la quête d’un collier disparu depuis l’occupation nazie. Le tout, basé sur l’excellente nouvelle La Parure de Maupassant (ne nous lancez pas, on pourrait en parler des heures durant), le géant des lettres françaises faisant d’ailleurs une apparition remarquée dans le roman de Sloane Crosley.
D’après Mindy Kaling, qui l’avait tweeté au moment de sa sortie, « everyone cool is reading The Clasp ». Si vous êtes cool, vous savez donc ce qu’il vous reste à faire.
Such a fun age, Kiley Reid
Pourquoi, pour qui : Pour toutes celles et ceux qui, comme nous, de manière aussi inexpliquée qu’injustifiable, ont attendu 75.000 ans (au moins) après la sortie de cette pépite pour enfin la lire. On l’a mise sur notre liste de réservations un mardi, récupérée un vendredi après-midi, et aux petites heures du samedi, les yeux brûlants mais sans le moindre regret, on la finissait. Cela parle de (tensions de) classe, de racisme aux Etats-Unis, de syndrome de l’imposteur, de cancel culture, de fétichisation des femmes racisées, des affres de l’adolescence, du premier amour qu’on n’oublie vraiment jamais…
Pas étonnant que Kiley Reid soit devenue une sensation dès sa publication, et d’ailleurs, l’équipe du B3, si vous nous lisez, vous pourriez ajouter Come and Get It à votre catalogue, s’il vous plaît ? En vous remerciant !
Lamb to the slaughter, Roald Dahl
Pourquoi, pour qui : Oserait-on affirmer que niveau nouvelles donc le dénouement coupe momentanément le souffle, Roald Dahl n’a (presque) rien à envier à Maupassant ? Allez, on ose. Et en l’occurence, ce drôle d’agneau en est un des meilleurs exemples, même si les autres histoires reprises dans cette compilation sont tout aussi bien écrites.
Ne laissez pas la mention « livre jeunesse » vous arrêter: certes, elles peuvent être lues dès 10-12 ans, mais elles sont tout aussi agréables à (re)découvrir si on a 10, 30 ou même 60 ans de plus. Et puis si vous voulez commettre le crime parfait, ce coup de gigot est vraiment une lecture obligatoire – même si on vous invite aimablement à ne pas commettre de meurtre, ni d’autre crime d’ailleurs. Books not crooks !
Slow Horses, Mick Herron
Pourquoi, pour qui : Que vous ayez vu ou non l’excellente série Apple TV+ adaptée des romans de Mick Herron n’a aucune importance : ils sont jouissifs avec ou sans la moindre connaissance antérieure de Jackson Lamb et se son sublime gang de losers, et on ne peut qu’être d’accord avec le critique du Mail on Sunday qui a affirmé qu’il s’agissait du roman d’espionnage britannique le plus agréable à lire depuis au moins tout ça.
La bonne nouvelle ? Le B3 dispose de plusieurs titres de la série, et a également leur traduction française en stock – même si on vous recommande plutôt la v.o. afin de ne rien manquer du parler truculent de Lamb.
The Mandibles, Lionel Shriver
Pourquoi, pour qui : Imaginez un monde où la toute puissance des Etats-Unis n’est plus qu’un vague souvenir, où des crises financières à répétition ont totalement dévalué la monnaie, où l’eau est rationnée sur fond de chaos climatique et où un président complètement mégalo ne fait qu’empirer les choses… Comment ? Ce futur franchement glaçant ne semble pas si lointain que ça ? Maintenant que vous le dites, c’est vrai.
Et cela rend ce roman brillant, lu lors de sa sortie et relu depuis, encore plus nécessaire. Il est disponible dans son anglais original ainsi qu’en français à la bibliothèque, et les deux versions se valent vraiment. Lionel Shriver est peut-être plus épatante que jamais dans cette saga familiale dystopique et pourtant dangereusement proche, et tant que vous êtes là à taper « Shriver » dans la barre de recherche pour réserver son roman, on vous le dit franchement : lisez l’ensemble de son oeuvre. Vous ne le regretterez pas, promis.
Carrie Soto is back, Taylor Jenkins-Reid
Pourquoi, pour qui : On l’avoue tout de suite, on entretient avec le tennis la même « relation » que les addicts avec l’héroïne, une addiction absolument incontrôlable et dévorante, à ceci près que tout ce qu’on risque, c’est une tendinite, donc bon. Mais on digresse : tout ça pour dire, donc, qu’on était déjà plutôt disposés à adorer ce roman de l’auteure de Daisy Jones & The Six, mais même comme ça, on a été très agréablement surpris.
C’est pile le genre de petit plaisir coupable dont on a envie en vacances, avec du suspense, des rebondissements, et bien sûr, de la romance. Il est virtuellement impossible de passer 24/7 sur un court, et c’est bien dommage, mais en attendant, suivre les aventures de Carrie Soto est un excellent substitut.
The Ministry of Time, Kaliane Bradley
Pourquoi, pour qui : Le meilleur pour la fin? No.shit. Si vous n’empruntez qu’un seul livre de cette liste, alors que ce soit celui-ci. Parce qu’on l’a a-do-ré, ce qui est parfaitement subjectif, mais aussi parce qu’objectivement, il rassemble tous les ingrédients du parfait livre de vacances : du suspense, des rebondissements, de l’intrigue, de la romance, et même un mariage improbable et pourtant tout ce qu’il y a de plus réussi d’Histoire et de futur (pas si lointain) dystopique.
Oui, que vous soyez (un homme ou une femme) hétéro ou gay, vous allez développer des sentiments très forts pour l’explorateur polaire Graham Gore. C’est tout à fait normal : ce qui serait sincèrement inquiétant, ce serait qu’il vous laisse de glace. Ah !
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