Surftrip au Maroc avec les seigneurs de Wallifornie
L’automne dernier, j’avais échappé à la grisaille en allant surfer à Imsouane avec les petits potes de Waveless. J’en avais profité pour écrire un compte-rendu iodé de notre escapade pour NOW, et comme l’été n’en finit pas de nous pleuvoir sur la tête, je vous y emmène.
« Une petite Leffe avant le départ? »
Aéroport de Charleroi, 4h du matin.
Quelques heures de sommeil ou un café serré feraient le plus grand bien. Une bière spéciale, un peu moins, mais la tradition n’attend pas.
Sur la terrasse qui relie leurs trois chambres et qui fera office de point de ralliement pendant ces quelques jours en leur compagnie, Lio sert le thé.
Le breuvage brûlant a à peine le temps de refroidir que déjà, il est temps de repartir. Difficile en effet de résister aux rouleaux parfaits qui nous narguent depuis la terrasse. Non mais à l’eau quoi, on est pas venus ici pour papoter et boire du thé. Y’a des planches à waxer, des wetsuits dans lesquels se saucissonner (effet sculptant assuré), des vagues à (tenter) de surfer. Un bronzage à peaufiner, aussi.
« Ici ils font du tajine de chameau. C’est délicieux, mais il faut le commander à l’avance »
Ca, et le fait qu’au moindre coin de rue, on nous propose du haschish à la sauvette. Associer aussi hardiment surf et fumette, c’est clair, les locaux ont dû trop mater Point Break. A moins qu’il n’y ait un fond de vérité derrière le cliché ? Toute ressemblance avec des circonstances s’étant déroulées, blablabla, on n’est pas là pour balancer.
« Tu veux une banane ? »
Celui où ils ont appris à surfer, à la rude, dans un camp en France. Deux semaines à se faire humilier par la mer, aspirés au fond de la vague à défaut de la surfer.
« Au début, le surf, c’est un peu l’école de la frustration. Il faut s’imaginer que tu es en snowboard, mais sans les remontées mécaniques, à plat ventre sur ta planche sur laquelle tu dois te hisser sans fixations, avec une visibilité à 5 mètres ».
Ramer, se positionner, se lever, surfer. L’enchaînement est simple, l’exécution, compliquée. Mal se positionner, et se faire rincer les sinus à grands renforts de cumulets forcés dans l’écume. Se lever trop tard et finir sa course misérablement, debout mais quasi immobile en plein milieu de l’océan. Combien de vagues ratées pour quelques secondes passées à glisser sur l’eau ? Dès le moment où la magie opère, la frustration et les bras lourds disparaissent face à l’émerveillement et la sensation de voler.
« Elle est où ma pintje ? »
Pas de quoi décourager une bande de Valeureux Liégeois. Les cheveux en bataille, les yeux rougis par l’eau de mer, on refait le monde au fil des bières. Ca parle de surf, de snowboard, de skate.
« Je lui ai demandé comment elle avait préparé l’omelette.Tu sais ce qu’elle m’a répondu ? Qu’il fallait casser des œufs ! »
Pas question de quitter l’eau tant que le soleil n’y a pas plongé.
Il y a deux catégories de surfers. Les longboarders, qui font ça autant pour le surf que pour le style, et puis les autres. Mais comme tout le marketing du surf tourne autour de mecs bronzés avec des petites planches, tout le monde achète ça.
Oli et Charles, eux, sont concentrés. A les voir frôler de la main le tube qui peu à peu se referme autour d’eux, on se dit que ça doit être ça, toucher du doigt le Nirvana.
« Les coups de boule, c’est mauvais pour la santé »
Les esprits s’échauffent ; les anecdotes s’enchaînent, ça parle de bagarres aquatiques, de spots de rêve et de surf babes qui glissent sur la mer les seins à l’air.
« C’est Saint-Tropez ici les gars »
Au marché aux poissons, la pêche fait à peine quelques mètres qu’elle est déjà sur les étals des poissonniers, prête à être grillé. On choisit son poisson pendant qu’il frétille, et on s’assied à l’ombre du phare en attendant qu’il soit préparé. Thon rouge, poulpe et daurade chauffent les braises en attendant la véritable star du show, des fruits de mer fantasmagoriques sortis tout droit de la Petite Sirène.
Dans le port d’Imsouane, y’a des surfers qui mangent, et qui cassent à coups de pierres des araignées de mer.
Un festin de rois à 6 euros par personne, dégusté sur une longue table en plastique avec vue sur les embarcations de bois coloré, les chiens errants et les pêcheurs du dimanche.
Seule ombre au tableau : Neptune n’est pas prêteur, c’est là son moindre défaut. Un festin marin, oui, mais pas de houle en contrepartie. Les planches de surf prennent le soleil sur le toit des voitures de location pendant qu’on contemple nos options.
Après pas mal de pourparlers entre vieux sages et têtes brûlées, on se décide à rentrer, espérer profiter de quelques vagues et des derniers rayons du soleil dans la crique en contrebas de l’Aloha.