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Yawa

A l’atelier Yawa, on fait le tour de la céramique

C’est grâce à un cadeau pour la fête des mères que j’ai rencontré Sophie. La céramique, le travail de la terre, c’était quelque chose qui me trottait en tête depuis des années mais je m’étais persuadée que je n’avais pas de fibre artistique et reportais la confrontation à chaque fois. Jusqu’à ce fameux cadeau reçu qui m’a obligée à tester « pour de vrai » si j’étais si nulle que ça. 

Sophie habite sur les hauteurs de Liège, dans le quartier de Sainte-Walburge, au bout d’un chemin que les détecteurs d’obstacle de mon véhicule n’apprécient pas énormément, mais qui est en réalité totalement praticable. 

La céramique? Elle a toujours fait partie de sa vie. A 15 ans, elle a commencé des cours de sculpture puis s’est dirigée vers la restauration de la céramique, avant d’enfin revenir vers ses premières amours et de se servir de l’argile pour créer. Sophie a également enseigné la restauration et la sculpture à Saint-Luc à Liège. De cet apprentissage de la restauration, elle a développé une connaissance de l’histoire, des styles et de l’art de la céramique qui donne à son travail une profondeur particulière. 

Son style? Elle souhaite avant tout être libre. Ne pas être canalisée dans un courant, ni être restreinte par une étiquette qui collerait à ce qu’elle produit. Au départ, elle a commencé plutôt par de la sculpture, puis est passée à des objets utilitaires. Cette artiste à la créativité débordante n’arrivait pas à choisir et a donc décidé de faire de la « sculpture utilitaire ». Certaines de ses pièces sont uniques (collection « Homies ») et plutôt dédiées aux galeries d’art. D’autres, par contre, sont de petites pièces éditées en série limitée, avec un style très différent. Cette absence de cohérence, elle la recherche dans son travail et la retrouve à l’occasion des ateliers qu’elle organise, en stimulant ses élèves à révéler leur personnalité. Elle me dit prendre autant de plaisir à travailler sur un mug que j’étais en train de produire que sur une sculpture de lapin qui prenait vie entre les doigts de la personne en face de moi, ce samedi matin.

Atelier Yawa

Atelier Yawa

Des ateliers, pour qui? Les débutants, les vrais. Je peux confirmer, je suis plutôt du genre cérébrale et le travail de la terre fait un bien fou. Ils sont aussi ouverts aux personnes plus confirmées qui souhaiteraient parfaire leur technique. Sophie est extrêmement disponible, bienveillante et on apprend vite grâce à elle. Elle m’a confié apprécier lorsqu’elle peut rentrer dans l’univers de ses élèves, les voir mettre une partie d’eux-mêmes dans leurs créations et les aider à concrétiser quelque chose de très personnel voire intime, en leur apportant la technique nécessaire. C’est aussi très inspirant d’observer ce sur quoi travaillent les gens autour de soi (moi je suis plutôt dans une phase « céramique à des fins utilitaires »). Les cours ont lieu à la carte ou à l’abonnement, en semaine ou le samedi matin.

Et s’il fallait mettre une pièce en avant afin d’expliquer sa démarche dans la création? Impossible pour elle de choisir, chacune fait un peu partie d’elle-même. Plusieurs pièces de la collection « Homies » sont exposées dans l’entrée de son atelier. Le thème du bonhomme en tant que tel provient d’un prototype créé pour une exposition de pièces design. Au départ pour une lampe. Puis la forme lui a plu et elle a décidé de la décliner pour en faire une collection à part entière. Ce personnage, à première vue assez simple, est un excellent vecteur pour faire passer des messages plus profonds. Sous son aspect extérieur sympathique et ludique, un peu bedonnant, Sophie souhaite mettre en avant des sujets plus sérieux, avec un message qui n’est pas nécessairement interprété directement. 

Je lui propose de me parler un peu plus de l’une d’entre elles, sur laquelle plusieurs d’entre nous se sont arrêtés à la sortie du cours cette semaine. Elle s’appelle Archie, en référence au fils du Prince Harry d’Angleterre. La couronne sert de socle à une ampoule. Une phrase, tirée d’une chanson de Dennis Lloyd (Act I, we both go down) est inscrite sur son front, et lui donne un éclairage particulier: « When the lights turn off, baby, I become myself » (NDLR : Quand les lumières sont éteintes, bébé, je deviens moi-même). La lampe et la fonction. Cet enfant qui est sous la lumière des projecteurs, qui ne pourra jamais vraiment être lui-même, tant il sera toujours scruté.

Atelier Yawa

Atelier Yawa

Infos pratiques :

Pourquoi Yawa? De son enfance en Afrique, elle est notamment revenue avec un quatrième prénom, Yawa. Ce prénom ivoirien est donné aux filles nées un vendredi, comme elle. Il était court, catchy, évocateur, facile à retenir. 

Où observer le travail de Sophie ? Si vous souhaitez en savoir plus, l’atelier de céramique Yawa sera présent au Pop Up store « Comète, boutique éphémère », chez Granito (53,rue Mosselman à 4000 Liège) les 13,14,15,20,21,22 et 23 décembre. Sophie y proposera des objets issus des collections en série limitée. La prochaine exposition de pièces uniques (collection « Homies ») aura, quant à elle, lieu chez Marie Honnay les 3, 4 et 5 janvier 2020. L’exposition intitulée « I hate country » se tiendra au numéro 15 de la rue Tomballes à 4218 Couthuin.

Comment s’inscrire aux ateliers ? Et puis, si, comme moi, vous cherchez un moyen de goûter à la céramique, les informations sur les cours se trouvent ici.

Lien vers la page Facebook de l’atelier de céramique Yawa

Lien vers le compte instagram de l’atelier de céramique Yawa

Photos : Sophie Giet