
10 oiseaux de nuit qu’on croise à chaque soirée à Liège
Ce n’est pas pour rien que Liège est mieux connue sous le nom de Cité ardente : au royaume des principautaires, la fête est reine, et il y a autant de manières de s’ambiancer qu’il y a de (bars) Liégeois. Même si certains oiseaux de nuit sont immédiatement reconnaissables à leur ramage à l’accent inimitable, Phénix des hôtes de ces fêtes où on les croise à chaque fois.
1. Le bro de haute école
Presque mignon de prime abord avec sa chemise ouverte juste ce qu’il faut et sa confiance en lui plutôt sexy, sa tendance à toujours chanter les louanges de son assoc’ et à affoner le moindre alumni qu’il croise lasse vite. À ne pas confondre avec son alter ego doublement pénible, le bro de fausse école, qui lève haut le col de son polo et noie ses proies dans un nuage d’Acqua di Gio et d’Axe dont les effluves capiteux donnent la nausée une fois mélangés à son haleine de Get 27. Voir profil numéro 6.
2. La pina de sortie avec ses copines
Vacillant dangereusement sur des talons aiguilles bien mal adaptés pour naviguer les pavés inégaux du Carré, la pina fond en bande sur ses bars préférés, où elle enchaîne les piscines de gin tonic (« ça ne fait pas grossir ») pour atteindre le plus rapidement possible un état d’ébriété suffisant pour noyer sa déception à l’approche de minuit et de la réalisation que le Carré est décidément moins rempli de princes que de crapauds.
3. Le pseudo-bobo du Laveu
Il est là, à nous parler de la coopérative dans laquelle il achète ses légumes bio et du bonheur qu’il éprouve à vivre dans un quartier qui a vraiment une âme, et nous, on se retient de lui répondre que vu l’inflation sur le prix des maisons, c’est surtout une âme de vendu qui habite le coin. Pour s’en débarrasser, on lui demande comment il fait pour se garer vu qu’aucune de ces charmantes maisons pleines d’âme n’est pourvue d’un garage, et on le regarde s’éloigner d’un air vexé. Et bim !
4. Les enterreurs de vie de garçon ou jeune fille
QUI a envie d’acheter des pâtes en forme de pénis lors d’une soirée en ville ou de manquer prendre feu pour cause de brûlage de culotte dans le caniveau. QUI ?!
5. Notre ex
Celui ou celle qu’on déteste, et dont on voit toujours apparaître la face sournoise parce que Liège est un village et que malgré toutes nos prières, il ou elle n’a pas encore décidé de déménager à l’autre bout de la terre.
6. Ceux qui sentent la cocotte
De loin, il passe inaperçu, mais dès qu’on s’en approche, il nous fait tourner la tête – dans le mauvais sens du terme. En règle générale, il aime mélanger le parfum puissant et « viril » de son déo préféré avec l’Acqua di Gio. Son pendant féminin multiplie la stimulation sensorielle avec un gloss dont le parfum fruité fait écho à celui de la poudre scintillante comestible dont elle a parsemé sa peau. Miam.
7. Les nostalgiques
Sans âge, parce qu’ils seront de toute façon toujours « Jeunes et cons », comme à la grande époque où ils pouvaient enchaîner les mètres à l’Aller sans craindre une gueule de bois monumentale le lendemain. Surtout, ne leur parlez pas de feu L’Esca, ils risqueraient de noyer votre verre de larmes.
8. Les fans de poudreuse
La neige (chimique) éternelle résiste à merveille au tempérament bouillonnant de la Cité ardente, s’il faut en croire la file à rallonge aux toilettes de certains cafés une fois une certaine heure passée. Impossible de les louper : ils sont les seuls à avoir les pupilles ultra dilatées sous la lumière des stroboscopes.
9. Celle qui veut sa chanson
Et le fait savoir avec force insistance au barman, déjà forcé de gérer en parallèle la musique et les commandes sans devoir en plus temporiser les demandes frénétiques de passer un tube pop has-been qui ne fait plus danser personne depuis 2006.
10. Dudule
Pardon Martini, mais c’est pas sans toi qu’il n’y a pas de party : aucune soirée liégeoise n’est complète sans une apparition de Dudule et sa camelote du moment, avec une préférence pour ses couronnes lumineuses, d’un chic fou pour se démarquer en beauté de la masse des fêtards liégeois, sans lesquels les soirées ardentes seraient bien moins drôles. Sauf notre ex, qu’on déteste.
Illustrations : Christian Wouters
Cet article a originellement été publié dans le numéro #1 du magazine SIROP paru en décembre 2020 (www.siroplemag.be)