Boulettes Magazine

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Aventures ardentes: j’ai grimpé la montagne de Bueren.

Est-ce l’effet de la bonnerésolutionnite ambiante, du tablier ventral hérité des excès de décembre ou bien tout simplement du temps magnifique qu’il faisait ce jour-là?
Probablement un savant mélange des trois, mais quoi qu’il en soit; la semaine passée, une furieuse envie de grimper la montagne de Bueren m’a prise par surprise.

Bien que j’aie passé tout mon enfance entre raquette, maillot de bain et chaussons de danse rien n’aurait pu me préparer à cette envie pressante de me mettre en marches –ah!-, ma conception du sport se limitant depuis quelques temps à un nettoyage énergique de ma cuisine après y avoir concocté quelque confection sucrée…Et pourtant, avant même que j’aie compris ce qui m’arrivait, j’avais chaussé mes baskets et je marchais d’un bon pas vers Hors-Château & l’aventure ardente qui m’attendait…En route!

1e marche: je n’ai même pas encore commencé mon effort et pourtant déjà les endorphines me rendent euphorique (ou bien est-ce l’effet de mon fredonnement frénétique du « Final Countdown« ?). j’a-do-re le sport.

3e marche: tiens, j’ai oublié de regarder avant combien de marches il y avait.

4e marche: heureusement que j’ai un compas dans l’oeil, ça se voit directement qu’il y a 150 marches maximum

10e marche: je ne comprends pas pourquoi tout le monde en fait toute une montagne. A ce rythme, je serai arrivée en haut avant d’avoir fini de chanter The Final Countdown.

11e marche: c’est sûr, mes baskets contribuent à ma vélocité. je savais que j’avais raison de céder à la mode des runnings, je flotte carrément au dessus des marches là avec ma semelle en mousse!
12e marche: dommage que je déteste courir, je les aurais bien testées en faisant un petit jogging.

15e marche: en même temps, ce serait con que je me mette tout à coup au jogging alors que là, clairement, je viens de trouver mon sport

20e marche: je suis faite pour grimper des escaliers géants. à ce train là, la montagne de Bueren 2x par jour et cet été je serai divine en bikini.

25e marche: tiens, j’ai le souffle un peu court par contre. en même temps, il fait glacial, c’est normal.
26e marche: se lancer dans un effort physique alors qu’il fait hyper froid, tellement typique, faut toujours que je repousse mes limites. une vraie sportive de l’extrême.

35e marche: par contre avec ce froid, forcément, j’aurais peut-être du m’échauffer. ce serait con que je me fasse un claquage alors que je viens de découvrir le sport qui était fait pour moi.

40e marche: ça marche aussi de s’échauffer pendant l’effort?

50e marche: j’ai comme un tiraillement dans les jambes.
51e marche: ça tombe bien qu’il y ait une rampe, je vais pouvoir m’étirer un peu.
                     Un riverain me regarde d’un drôle d’oeil, clairement ça lui en bouche un coin de voir une
                     warrior monter les marches pour le plaisir.

70e marche: je me verrais bien habiter ici tiens, c’est calme et joli, le paradis.
                      je me demande si la Ville me laisserait installer un Stannah pour monter jusque chez moi
                      par contre. pas que je me dégonfle hein, mais bon, monter 80 marches avec les courses
                      de la semaine, c’est plus du sport, c’est de la torture.

80e marche: bon, je me dégonfle pas, mais quand même, je suis contente d’en être à la moitié. 150
                     marches sans échauffement, faudrait pas que je tue ma carrière de sportive dans l’oeuf.

85e marche: c’est marrant, la perspective est bizarre, on dirait qu’il y a beaucoup plus de marches devant moi que derrière.
86e marche: c’est sûrement parce que j’ai la tête qui tourne un peu, je me fatigue à toujours repousser mes limites, faut que je ralentisse le rythme.

100e marche: une ombre noire vient de me dépasser à toute vitesse en haletant. oh mon dieu, il y a des loups qui rôdent aux Coteaux, j’en étais sûre.

105e marche: peut-être qu’il est encore temps de me lancer sur la rampe et de redescendre à toute vitesse.
106e marche: est-ce qu’un loup sait sauter à hauteur de rampe?
107e marche: la peur me rend parano. tout le monde sait que les loups ne sautent pas, c’est pas des panthères.

109e marche: keep calm and carry on keep calm and carry on keep calm and carry on

120e marche: peut-être que je devrais toquer à une porte et demander l’asile, juste pour être sûre.
121e marche: c’est quoi encore le dicton, le loup est un loup pour l’homme ? olala, je vais mourir dévorée.
125e marche: je me demande si la personne qui m’accordera l’asile me fera un petit tour du propriétaire. si c’est aussi joli à l’intérieur qu’à l’extérieur, il risque d’y avoir plein d’idées déco à piquer, ce serait con de rater ça.

130e marche: l’ombre vient de repasser dans l’autre sens, réflexion faite, c’était un jogger, pas un loup.

135e marche: c’est parce que je suis pas échauffée, mais sinon, c’est vrai que je me ferais bien un petit sprint pour les 20 dernières marches. ce sera pour demain matin.

160e marche: par contre c’est bizarre, je devrais être au sommet là, mais il me reste encore pas mal de marches.

170e marche: en même temps, il fait noir et j’ai pas mes lunettes. clairement, je suis victime d’un effet d’optique.
175e marche: à coup sûr, j’étais tellement concentrée sur ma performance que je me suis trompée dans le décompte.

180e marche: bon par contre, c’est vachement répétitif toutes ces marches. faudrait peut-être que je me trouve une autre activité physique tout compte fait.

185e marche: même si, dans les faits, arpenter tous les quinze jours les rayonnages des Chiroux, c’est déjà pas mal, comme exercice. c’est vachement grand les Chiroux.

200e marche: en plus le problème avec la cardio intensive que je suis en train de faire, c’est que ça donne hyper faim. heureusement que je brûle plein de calories, je pourrai me prendre un Maxi menu sans culpabiliser.

220e marche: par contre d’habitude quand j’ai faim, c’est plus bas que j’ai des crampes.
225e marche: putain je suis en train de faire un infarctus en fait.

240e marche: souffle court + crampe à la poitrine, d’office je suis en pleine crise cardiaque.
250e marche: je suis à deux doigts de passer de vie à trépas et j’ai pas mon téléphone. non mais quelle genre d’écervelée se lance dans une prouesse physique en prenant son appareil photo mais pas son téléphone?!

260e marche: à coup sûr mes parents vont vouloir écrire ça sur mon épitaphe. sauf si les loups arrivent avant l’ambulance, là ils mettront plutôt « à notre petit chaperon rouge ».

270e marche: j’aurais du faire un testament, ils vont se déchirer pour ma collection de vernis, je le sens.

300e marche: je pense que le plus sage c’est juste que j’accepte mon sort, que je m’asseye ici et que j’attende la mort.

305e marche: d’office que si je me fais bouffer par les loups la gazette menteuse aura aucun scrupule a publier la photo de mon cadavre déchiqueté en première page. pas question putain.

320e marche: debouuuuuuuuuuut les damnés de la teeeeeerrre, debouuuuuuuuut les forçats de la faim.

340e marche: c’est la luuuuuuuuuuttttttttte finaaaaaaaaaaaaaaale.

345e marche: je me réjouis d’être célèbre comme ça la bande-son sera rajoutée au montage et je serai pas obligée de la chanter moi-même.

350e marche: avec tout ça, j’ai plus de souffle en plus. peut-être que je pourrais arriver à convaincre un jogger de me prendre sur son dos pour maximiser son effort?

355e marche: en même temps, si je meurs, autant que ce soit au sommet et pas sur le dos d’un parfait inconnu, ça ferait mauvais genre.

365e marche: on dirait que j’y suis presque, mais à coup sûr, c’est un mirage. l’altitude me fait délirer, j’espère que mes baskets me protégeront des engelures sinon ce serait vraiment la totale.

369e marche: si seulement il me restait du souffle, je pourrais chanter The Final Countdown.
                       
370e marche: d’ailleurs en parlant de ça, il y a pas que mon souffle qui s’est fait la malle. éo, les endorphine, vous êtes où?!

374e marche: l’émotion m’étreint – ou bien est-ce le manque de souffle?-. j’y suis putain. 374 pas pour moi, un énorme pas pour l’humanité, la ville scintille à mes pieds, JE SUIIIIIIS LE ROIIIIIIIII DU MONDE !!!
Par contre, c’est marrant, je vois pas où est l’ascenseur pour redescendre. Oh oh.
                     

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