Chants et salut nazis indigestes au menu chez Lequet
Avec sa recette inchangée et son plafond jauni de fumée de cigarette, Lequet est une véritable institution liégeoise, dont les humeurs brusques du patron, Monsieur Stockis, contribuaient à la renommée. Son successeur, qui a repris l’affaire en janvier, fait désormais parler de lui, mais pour des raisons bien moins innocentes qu’une tendance à houspiller les clients.
Ainsi que le rapporte Olivier Thunus, qui a repéré la polémique sur Facebook pour le compte de la RTBF, des clients de chez Lequet auraient eu droit à un spectacle pour le moins indigeste ce dimanche. Précisant n’être pourtant pas du genre à colporter les ragots, « et encore moins les mauvaises nouvelles », une cliente présente lors des faits a dénoncé les actions du repreneur du célèbre café liégeois.
« Aussi ivre que grossier, lançant à tout va son bras hitlérien vers les clients en salle, avec en fond sonore, un chant d’armée nazi (sic), si fort que nous n’arrivions même plus à nous parler à table. Pitié dites-moi que j’ai fait un cauchemar… »
Visiblement pas, puisqu’un autre témoin de la scène dénonce également le « spectacle » et fait même allusion à une bagarre qui l’aurait suivi: « chants et saluts nazis orchestrés par un patron ivre mort ne tenant plus debout. Bagarre avec la clientèle en présence d’enfants, insultes, propos racistes et homophobes ».
Le patron de chez Lequet se dit « blanc-bleu-belge »
Contacté par la RTBF, Marc De Bruyn, le repreneur de l’établissement mythique, a tenu à minimiser, affirmant avoir mis des chansons flamandes sur YouTube, qui aurait alors enchaîné sur des chants de la Wehrmacht.
« On ne l’a pas fait exprès, on a rigolé un coup avec ça, même chose pour les saluts, il y a plus grave (…) Je ne suis pas nazi, je suis blanc-bleu-belge »
Peut-être. Mais pour rappel, au pays de la blanc-bleu, si le salut nazi n’est (malheureusement pas encore) interdit par la loi, comme c’est le cas en Autriche ou en Allemagne, en 2010, un conseiller communal carolorégien avait été condamné pour en avoir effectué un simulacre lors de sa prestation de serment, tandis qu’en novembre dernier, une enquête pour incitation à la haine et/ou négationnisme a été ouverte après qu’un groupe d’extrême-droite ait visité les vestiges du camp de concentration de Breendonck et qu’un des membres ait cru bon de saluer.
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Parce que c’est ça, au fond, être « blanc-bleu-belge », mais aussi Liégeois qui plus est: faire preuve de la condamnation la plus totale du négationnisme. Ne pas « rire » des chants nazis et encore moins de leur maudit salut. Et assumer quand on a fait une putain de boulette. Au moment de la reprise, il avait été mentionné dans la presse que le nouveau patron comptait « apporter bien plus que sa touche personnelle aux traditionnels plats bien liégeois proposés par le Café Lequet ». Peut-être que quand c’est indigeste à ce point-là, mieux vaut s’abstenir.
Couverture : montage Boulettes Magazine / Illustration Flickr