17 expressions liégeoises qui trahissent votre âge
Le temps est assassin, mais emporte-t-il vraiment avec lui les rires des enfants? Parce que si vous prononcez une de ces 17 expressions liégeoises reléguées au passé, il y a de fortes chances pour que les djeuns vous rient au nez et captent directement que vous êtes né au 20e siècle.
Les 17 expressions liégeoises qui vous trahissent d’office?
Au début des années 2000, quand les Zoomers n’en étaient qu’au stade de spermatozoïde et qu’il semblait impensable que tout qui né après les années 90 soit un jour un adulte, un vrai, avec des responsabilités, elles étaient dans toutes les bouches, se téléscopant même parfois à plusieurs dans la même phrase.
Aujourd’hui, certains de vos collègues sont nés après le 11 septembre (dafuq? qui a fait passer le temps en mode accélérateur?!) et ces expressions particulièrement populaires dans le 4000 ne ressortent plus qu’à de rares occasions, pour le plus grand amusement de vos potes, qui ont connu leur heure de gloire aussi, et de la Gen Z, à qui vous faites l’effet de gentils dinosaures alors que vous êtes plus jeune que vos parents au moment de votre naissance. L’audace.
Allez, c’est pas tout ça, mais on a une liste à égrener.
1) Sketter
Qui s’utilisait le plus souvent au participe passé, pour dire de quelque chose qu’il était « sketté », c’est à dire cassé ou abîmé.
« Je suis dégoûté, j’ai sketté mes Superstar » (car oui, à l’époque, c’était ce modèle-là que tout le monde portait et non des Stan).
2) Flairant
La version ++ du baraki, ou bien alternativement, quelqu’un de dégoûtant. Dans les deux cas, il s’agissait de le dire avec son plus bel accent liégeois (« fléhraaan ») ce qui, ironiquement, faisait justement très baraki de kermesse, pour reprendre une autre des expressions consacrées de l’époque.
« Ké flairant ti! »
3) Des shoes
Prononcé « des tchouzz », et désignant non pas une simple paire de chaussures mais bien un état d’esprit. Vos parents portaient des chaussures. Vos profs aussi. Vous, vous portiez des shoes et ce n’était pas du tout, du tout pareil.
Celui-là, on ne vous l’utilise pas dans une phrase parce que vous saisissez le principe, et puis quand on se revoit le dire, on trouve ça un peu cringe.
4) Un plays
Soit, dans nos esprits adolescents de l’époque, l’abbréviation cool d’un playboy. Lequel, n’était pas forcément séduisant -c’était l’époque Axe et Clearasil, après tout- mais s’il était qualifié de plays, était forcément populaire, ce qui pouvait être aussi simple qu’avoir un chino Carhartt et la veste sans tirette assortie qui s’enfilait par la tête. Et pouvait à la rigueur être signée Napapijri.
« Il est trop plays, je rêve de lui faire un PL »
5) Une biche
La version féminine du plays, laquelle, par contre, devait non seulement être populaire mais aussi conventionnellement séduisante, parce que les deux allaient de pair à l’époque pré #MeToo et autres questionnements patriarcaux. C’était l’ancêtre de l’avion de chasse, disons, même si fondamentalement, la comparaison avait plus de sens.
« Ké biche ti » (oui, cette tournure de phrase était très populaire à l’époque).
6) Une tire
Alias une caisse, ou une voiture, si vous préférez. Typiquement le genre d’expression qui suscite l’hilarité de vos potes trentenaires si vous la rappelez à leur mémoire.
« Qui a une tire pour aller à Wégimont ce week-end? »
7) Une garro
Ou un autre fou rire garanti si vous utilisez cette version désuète de « cigarette ».
« T’as pas une garro? »
8) Une rouliche
Aka une cigarette roulée, parce que même si à l’époque, le paquet coûtait l’équivalent d’une clope, il s’agissait d’être parcimonieux avec notre argent de poche. S’encrasser les poumons à la nicotine? Oui. Mais le faire à prix plein? Pas folles, les guêpes.
« Tu sais me faire une rouliche stepl? »
9) Un bedo
Appelé aussi un pétard par ceux qui étaient nés du côté 80s de 1990, et un oinch par ceux dont la date de naissance se rapprochait du côté 21e siècle de la force.
« Minga il s’est fait capter en train de fumer un bedo! »
10) Un chicon
Le petit surnom d’un bedo mal roulé ou d’une rouliche ratée, à la limite. C’est dingue parce que pour des gens nés après les années soixante, et donc supposés être bien au fait des méfaits du tabagisme, on fumait franchement beaucoup à l’époque.
« Tain j’ai roulé un chicon j’ai plein de tabac en bouche »
11) Un sourire de l’ange
Prononcez ces quelques mots à toute personne née entre 1983 et 1995, voire pire, proposez leur de prendre un raccourci par la ruelle des Bénédictes, et voyez-les se liquéfier de terreur sous vos yeux. Et ce, alors que la rumeur de ces attaques qui laissaient les victimes fendues d’une oreille à l’autre a très vite été démontée comme simple hoax.
« Hors-de-question de passer par l’impasse des Bénés, je ne veux pas risquer un sourire de l’ange »
12) Flamoutche
Aaaah, le temps d’avant « Bye-Bye Belgium », où on se tentait encore de se convaincre envers et contre le PIB de nos voisins du Nord que le séparatisme était le désir marginal d’une poignée d’hurluberlus et que le reste des Flamands nous adoraient, nous, leurs égaux, non, oserait-on dire leurs modèles wallons. Et comme on les aimait bien, on les châtiait bien en les qualifiant de « flamoutches », à ne pas confondre avec « flamind », utilisée pour sa part pour désigner quelqu’un de mal dégrossi et/ou mal habillé.
Oui, cela datait déjà de l’époque post Six d’Anvers. On ne s’informait pas sur ce qui se passait de l’autre côté de la frontière linguistique, que voulez-vous qu’on vous dise.
13) Kapé
Par exemple, quand votre Tonton Roger, qui devient plus con à chaque cannette qu’il craque, dit qu’on « ne peut plus rien dire », c’est à ce genre d’expression qu’il fait référence avec nostalgie.
« Ké kapé ti » (quand on vous dit quand utilisait cette tournure de phrase à tout bout de champ!)
14) Un peps
Soit un bouton (sur la face, pas pour attacher votre veste) en français dans le texte.
15) Clamser
Mourir, mais version dramatisme adolescent.
« Je viens de voir que j’avais un peps, je vais clamser »
16) À balle
« À fond! » mais aussi « d’office » ou bien « c’est clair ». Notre génération venait simultanément de découvrir les joies de l’Internet et des téléphones portables, on n’avait pas de temps à perdre sur la syntaxe, il nous fallait des expressions qu’on pouvait utiliser pour dix significations différentes.
17) Ratal
Pour être honnêtes, celle-là, ça fait tellement longtemps qu’elle a disparu du radar qu’on n’est plus tout à fait certains de sa signification précise. C’était positif. On l’utilisait H24, en début ou au sein d’une phrase. Ca pouvait être une interjection si on l’utilisait en solo. On a envie de dire que c’était un synonyme de « trop bien » et que c’était trop ratal de l’utiliser, mais sans certitude donc, parce que le temps est assassin putain.