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Festin impérial au Goût de chez Jing

Ouvert au sortir du premier confinement en plein coeur du « Chinatown liégeois » de la Régence, Au Goût de chez Jing séduit par sa cuisine authentique, son excellent rapport qualité-prix et son service souriant. Tenue par une famille primo-arrivante, cette cantine chinoise installée à la place de « Terre & Mère » promet un raz-de-marée de saveurs dépaysantes. 

Bien qu’il n’y ait ni portail coloré ni dragons de papier mâché pour l’annoncer, Liège peut elle-aussi s’enorgueillir de compter son propre Chinatown. De la rue de la Régence à la rue Cathédrale se trouve une concentration de restaurants et supermarchés asiatiques, qui font la part belle à l’Empire du Milieu et ses délices, entre les lunchbox généreuses de Chez Liu, les nouilles minutes de Nouilles Fraîches ou les xia long bao exquis cachés dans le congélateur du Wah Nam Center.

Depuis quelques jours seulement, Au Goût de chez Jing est venu renforcer leurs rangs ainsi que l’offre de cuisine asiatique authentique à Liège. Car si les restaurants ne manquent pas en Cité ardente, leur authenticité laisse parfois à désirer: Pékin se rirait de voir la manière dont est servi ici le canard laqué, tandis que certains sushis bourrés de mayonnaise sont un véritable affront à la délicatesse avec laquelle ils sont préparés au Japon. Qu’à cela ne tienne: Jing, elle, a fait le pari de proposer une carte de plats « comme là-bas », à commencer par un assortiment de hotpots alléchants.

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Au goût de chez Jing & aux goûts de Jing

Derrière le comptoir, Jing et sa fille Oujie accueillent les curieux avec le sourire. En ce samedi d’été où l’on pousse la porte de l’établissement pour la première fois, ce qui était encore « Terre & Mer » avant le confinement n’est « Au goût de chez Jing » que depuis quatre jours seulement, et le panneau coloré disposé sur le trottoir attise la gourmandise et la curiosité avec sa photo de nouilles glacées. Qui n’ont rien de commun avec les spaghettis de glace que certains glaciers italiens de Liège servent mais sont plutôt une spécialité savourée de la Chine au Japon en passant par la Corée. Difficile d’imaginer plus délicieux pour se rafraîchir, mais impossible aussi de se limiter à une seule portion de nouilles une fois le menu en main… D’autant qu’ainsi que le souligne la famille qui se cache derrière l’établissement, « chez nous, il n’y a pas de nouilles sautées, mais si vous voulez goûter de la cuisine chinoise authentique, vous êtes à la bonne adresse ».

Originaire du nord de la Chine, à 3 heures de route de Pékin, Jing a pris a coeur le conseil de l’ancien propriétaire des lieux:

« Fais la cuisine que tu aimes et les clients reconnaîtront l’authenticité ».

Hier « Terre et mer » de nom, le restaurant a en outre gardé l’inspiration, et viande et fruits de mer se disputent la vedette au menu, suffisamment court pour dénoter d’une préparation minute extra fraîche, mais assez long aussi pour laisser l’estomac s’emballer. Si vous êtes de ceux qui commandent toujours pour six au restaurant asiatique, ici, votre gourmandise sera servie, et sans exploser votre budget pour autant. À peine en possession de la carte et prêts à commander un véritable festin impérial, notre gourmandise est interrompue par l’arrivée de la caissière de la supérette d’en face Tung Y, dont on ne comprendra que le « nĭ hăo » enthousiaste et dont la conversation en chinois rapide offre une parenthèse bienvenue pour prendre le temps d’éplucher le menu.

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La gourmandise est un vilain défaut, certes, mais il est impossible d’y résister Au Goût de chez Jing, et lors de cette première visite, elle se déguise sous l’excuse bienvenue de « se faire une idée ». Allons donc, va pour un potage de gyozas au vinaigre piquant (6,5€), un croustillant de poulet (6€), des gambas braisées (7,5€) et un hotpot au canard (15€) accompagné de nouilles udon.

Cuisine généreuse et authentique

Montant total de la douloureuse, qui n’en est franchement pas une: 35 euros, pour un véritable festin à savourer à deux et à d’abord dévorer des yeux. La cassolette de canard, accompagnée d’un arc-en-ciel de fruits et légumes et de diverses préparations de tofu, est aussi belle que bonne. Les nouilles se slurpent avec délice, le bouillon mêle délicatesse et complexité des saveurs, et le canard est généreusement servi, bien qu’un peu gras peut-être pour les palais occidentaux habitués à des morceaux plus grillés.

Le potage au vinaigre piquant est un régal, agrémenté de cinq gyozas généreusement fourrés, et laissant sur les lèvres la « pellicule de gras » canaille que feu Sébastien Demorand célébrait dans « Master Chef ». Les gambas braisées sont bonnes mais sans vraiment épater, tandis que le croustillant de poulet réussit le pari d’être frit mais pas gras et offre un croustillant bienvenu parmi toutes les textures de ce festin impérial.

Couleurs, saveurs, fumet… Un des dîneurs, qui a habité à Pékin, souligne avec enthousiasme retrouver l’expérience culinaire vécue sur place, et le repas se termine sur une promesse: retourner bien vite Au Goût de chez Jing et y commander le reste de la carte, d’autant que depuis peu, le restaurant propose une rotation de spécialités différentes chaque mois. Evasion garantie…

Au Goût de chez Jing

Rue de la Régence 21

Tél: 04/338 00 41

Ouvert 7j/7, de 11h30 à 21h – Sur place et à emporter.

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.