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Le plaidoyer pour les indépendants de la boulangerie Raphaël Thonon DR Boulettes Magazine Liège Canva

« Les indépendants crèvent », le cri du coeur d’un boulanger de Chênée

Cela fait plus de vingt ans que la boulangerie Raphaël Thonon régale les gourmands de Chênée et des environs. Une délicieuse réussite pour le patron et son épouse, qui tirent pourtant aujourd’hui la sonnette d’alarme. Inondations, hausse des matières premières et du coût de l’énergie mais aussi concurrence déloyale des grandes surfaces: « réveille-toi, Belgique: tes petits indépendants crèvent! ». 

« Aujourd’hui je suis en colère, triste, dépassée, à bout et je me demande bien à quoi cela sert de se battre ainsi » commence dans un cri du coeur posté sur Facebook Géraldine, la femme de celui qui a donné son nom à sa boulangerie de Chênée et qui, après avoir vu une vie de travail emportée par les inondations de juillet 2021, craint que la conjoncture actuelle ne fasse « prendre le large définitivement » à leur commerce. Et d’interpeller le plat pays qui est le nôtre et qui semble aller de secousse en secousse depuis les débuts de la pandémie.

« Houhou, la Belgique, réveille-toi, tu ne vois pas que tes petits indépendants crèvent? Entends-tu un seul indépendant qui ne serait pas prêt à mettre la clé sous la porte pour retrouver un peu de sa sérénité et de sa santé? »

Dénonçant la quantité toujours plus grande d’indépendants contraints de ne plus se verser de salaire pour maintenir ceux de leurs employés, Géraldine confie préférer mettre la clé sous la porte plutôt que de répercuter la hausse des coûts sur ses clients en leur faisant payer cinq euros le pain. Et regrette: « je suis triste pour toi, petite Belgique, mais tu finiras seule: tu ne donnes plus envie de travailler ». Surtout dans une boulangerie: « un métier tellement énergivore que de 3.500 euros de provisions déjà, on est passés à 8.000… Je ne vois pas comment arriver à payer nos factures futures, payer les nouvelles cotisations sociales devenues hors de prix, et ne pas répercuter tout ça sur nos petits produits ». D’autant qu’à côté, les grandes surfaces, elles, continuent de casser les prix.

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Accompagnant son cri du coeur de la photo d’un dépliant vantant une promo « deux pains pour deux euros », Géraldine dénonce « les grandes surfaces totalement déloyales face à une petite libraire, une petite boucherie, une petite boulangerie… A quel moment la Belgique a-t-elle décidé de se diviser et d’enrichir les grandes entreprises internationales ?? Ne serait-il pas temps de se serrer les coudes plutôt que d’abattre plus petit que soi ? ». Peut-être, peut-être pas, poursuit la Liégeoise: « le monde devient fou, il est attiré par les prix les plus bas de la malbouffe qui est produite à l’étranger et non par un produit plus sain, mais du coup plus cher, qui est produit par ses compatriotes ».

« Les Belges n’ont plus les moyens de faire vivre les artisans et enrichissent les industriels à la place. Une fois de plus, c’est le petit commerce qui crève, alors ouvre les yeux, Belgique, et bas-toi pour ce qui est juste ».

« Ne fais pas disparaitre ce si beau métier qui est le nôtre, fais revivre tes merveilleux artisans et tes indépendants » implore encore Géraldine, qui après 21 ans de métier, a aujourd’hui la crainte de devoir licencier ses dix employés.

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