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Festival de cinéma

Le cinéma belge à l’Ouest, les aventures d’Astrid au TIFF

Le Festival International de Toronto c’est 340 films (en un mot : « éclectique »). J’en ai vu 29. Pour les non-matheux : à peine 1/10 de la sélection. Ce texte est donc l’humble point de vue d’une journaliste en quête de films bien beurrés et de frites au fromage.

Tel qu’il sont là, tout excités, prêts à buzzer pour répondre fiévreusement à l’animateur facétieux, on pourrait croire qu’ils jouent leur vie. Non. Ces gens s’escriment à gagner des bananes (beaucoup de bananes). Je vais passer chaque jour devant ce stand pendant 10 jours et toujours la même ferveur s’en dégage. Le TIFF est aussi un village qui anime mes joyeuses errances et il faut dire que j’ai le temps d’observer. Car en cannoise endurcie, je vois la big différence entre Toronto et La Croisette, trop étriquée pour ses milliers de visiteurs. 
Ici, je ne fais pas la file et une flopée de bénévoles se soucie constamment de mon bien-être. Avec le sourire. C’est simple, à Toronto, les gens sont si gentils avec moi que j’ai l’impression d’être dans un pays où le Cannabis est légalisé. Ce Canada que l’on m’avait promis.

Les Belges à Toronto

On dit de Toronto que c’est un tremplin vers les Oscars mais, avant tout, c’est un syncrétisme cinématographique ! C’est le festival des festivals, presque tout y est : 340 films cette année et 81 pays représentés. Que voir de ce programme aussi dense que les chutes du Niagara (big up Niagara Falls) : d’abord, j’ai traversé l’Océan pour rencontrer des flamands. C’était plus facile que d’enjamber le Canal me semble-t-il. J’ai donc vu les quatre films belges présents et sans chauvinisme aucun je les ai aimé chacun. 
Beautiful Boy de Félix Van Groeningen. La toxicomanie était un thème récurant au Festival de Toronto 2018. Beautiful Boy est basé sur le livre du journaliste David Sheff qui pendant des années a essayé de comprendre son fils accro au crystal meth. Moins « coup de poing » que Alabama Monroe, plus « spontané » que La Merditude des choses, Beautiful Boy est sans aucun doute le meilleur film de Félix Van Groeningen jusqu’ici. « Le cinéma est une machine à empathie » nous a-t-il dit. Ce généreux Félix, on l’a  compris, ne lésinera jamais avec les émotions ! P.S.: incroyables prestations de Steve Carell et Timothée Chalamet.
 
 
Duelles de Olivier Masset-Depasse (à noter que le réalisateur m’a confié ne pas aimer le titre choisi par les distributeurs) : plongé dans un univers sixties tiré à quatre épingles, le film tire parfaitement son épingle du jeu en la jouant « à l’ancienne », s’inspirant littéralement d’Hitchcock et Polanski.
 
Au temps où les arabes dansaient de Jawad Rhalib : un superbe documentaire, à la fois drôle, effrayant et touchant, mixant habilement la grande Histoire avec les témoignages uniques. Jawad Rhalib se demande jusqu’où un artiste peut risquer d’exprimer sa créativité et questionne la culture arabe car il se rend compte à quel point le bonheur est fragile. Et puis, non, ceux qui aiment la musique ne vont pas être transformés en cochon !
 
Un Ange de Koen Mortier : « Koen Mortier, il a des couilles ! » m’a confié Dimitri Verhulst. L’écrivain belge a donc directement accepté que le réalisateur « chipote» avec son livre Monologue d’une personne habituée à se parler à elle-même (2011), pour en faire un film. Un film gorgé de couleurs sublimées par un tournage en 35 mm et rythmé par une bande sonore belle et chargée de tension. Un film d’une atmosphère propre à Koen Mortier qui avait marqué les esprits avec son premier long métrage – plus radical celui là – Ex Drummer. Bref, quitter la salle après avoir vu Un Ange, c’est comme se réveiller. Ce sont les images et les sentiments, plus que le récit, qui nourrissent l’esprit du rêveur. Un Ange apporte en effet un très beau point-de-vue, totalement imaginé, sur les derniers instants de l’enfant terrible du cyclisme, Franck Vandenbroucke.
 

Ensuite, j’y suis allé au feeling… Ci-dessous, mes deux coups de cœur suivis de la liste des films que j’ai vus, classés selon une méthode toute particulière.

Meeting Gorbatchev de Werner Herzog : Un documentaire sur le dernier dirigeant de l’URSS qui ne se contente pas de faire la liste des réalisations politique de Gorbatchev mais qui regarde aussi dans son cœur. Gorbatchev, à la fin de sa vie, est un homme terriblement seul et touchant (je ne vais pas le cacher, j’ai versé de grosses larmes). Aussi, Herzog questionne le cœur de la Russie et montre que les plus beaux bouleversements politiques viennent du peuple et non des politiciens. Dans ce magnifique documentaire, le cinéaste dépeint Mikhaïl Gorbatchev comme une figure tragique. Très vite, il s’est rendu compte que tout en lui était authentique. L’ex-leader politique – l’un des plus grands car proche des gens – s’est battu jusqu’à ce qu’il soit à court de bataille. Sur sa tombe, il devrait être écrit : « Nous avons essayé. »
Un homme fidèle de Louis Garrel : Louis Garrel surfe sur la Nouvelle Vague avec suffisamment de ruptures de ton et d’humour pour ne pas éternuer d’anciennes poussières. À la fois vif et indolent, absurde et sensible, hilarant aussi, L’homme fidèle est un film qui ne se prive pas de sentiments. Après son très beau premier film, Les Deux Amis, Louis Garrel ne se laisse toujours pas écraser par son indubitable héritage cinématographique ni par l’étiquette Jean-Pierre Léaud junior qui lui colle au jeu. Il s’affirme, avec habilité et légèreté. (À noter qu’il a été bien aidé par le scénario de Jean-Claude Carrière.)
 
 

Liste des films que j’ai vus, classés selon une méthode toute particulière :   

Excellent films :
– 3 Faces
– A Faithful Man
– Beautiful Boy
– Burning 
Meeting Gorbachev 
– Non-Fiction
Shoplifters
– Sunset
– Mademoiselle de Joncquières
Très très bons films :
– Angel
– Climax
– Cold War
– Duelles
– Diamantino  
– Float Like a Butterfly
– Green Book
– Greta
– Skin
– Twin Flowers
– What They Had
– When Arabs Danced
 
Pas très bons films mais bons quand-même un peu :
– Capernaum
– Hidden Man
– Quincy
– Helmet Heads
– The Death and Life of John F. Donovan
– The Quietude
Berk, j’aimais pas trop du tout :
– ENDZEIT – EVER AFTER
– The Edge of The Knife

– The Hummingbird Project
– Outlaw Kings