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Kapsalon pita Liège DR Boulettes Magazine

Le kapsalon te recoiffe le moral à la pita

Accolé en haut d’une liste de spécialités proposées chez Ünlü Palace Kebab, le terme intriguait. C’est qu’un « kapsalon », salon de coiffure en néerlandais dans le texte, annoncé dans une langue étrangère alors même que tous les salons, les vrais, étaient fermés, avait de quoi intriguer. 

Limite si on ne se disait pas, goguenards, que la famille en charge de l’établissement avait décidé de couper les cheveux clandestinement entre deux tranchages de viande. Une idée qui a traversé la tête de beaucoup de Liégeois, les bilingues du moins, ainsi que le confie en souriant la patronne de l’établissement, qui a dû les décevoir. Avant de raviver leur joie de vivre: si le kapsalon n’offre aucune solution en cas de coiffeurs fermés pour cause de pandémie, il recoiffe tout de même drôlement le moral, à condition toutefois d’avoir l’estomac bien accroché.

Kapsalon pita Liège DR Boulettes Magazine

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Le kapsalon ou la poutine à l’hollandaise

Venu des Pays-Bas, ce mets pour le moins aventureux a été ajouté à la carte d’Ünlü Palace Kebab après que de nombreux gourmets affamés l’aient réclamé aux gérants, qui n’ont d’abord pas compris de quoi il s’agissait, avant de se renseigner. Connu par nos voisins bataves comme étant la « poutine à l’hollandaise », le kapsalon, originaire de la région de Rotterdam, promet déjà rien qu’avec la comparaison avec cette spécialité dégoulinante de fromage. En pratique, plutôt que d’être servi dans un pain pita ou une crêpe à durum, le kapsalon se présente dans une barquette rectangulaire et se compose d’une couche de frites, recouverte successivement de sauce, de viande, de cheddar, de mozzarella, encore un peu de sauce et puis des légumes tout de même, parce qu’on n’est pas des animaux, merde.

Kapsalon pita Liège DR Boulettes Magazine

Dans les faits, c’est un peu comme si les dieux de la gueule de bois avaient imaginé le plat parfait pour s’en remettre le lendemain, d’autant qu’il ne nécessite presque pas d’être mâché, en faisant également la nourriture idéale en cas de coeur brisé, journée de merde au boulot ou toute autre situation ayant ôté momentanément l’envie de vivre ou du moins, de faire le moindre effort.

La douleur exquise du (food) porn

Concrètement, niché sous une couche trompeuse de légumes frais, se cache exactement le genre de mets qui ferait rouler les yeux de votre mère à l’arrière de son crâne si elle savait que vous en mangez (bisou aux nôtres qui nous lisent, c’était pour la recherche, promis). Le terme est galvaudé, mais il est impossible de parler du kapsalon sans évoquer l’appellation food porn, dont il est la meilleure incarnation. Jusque dans la petite culpabilité qui vous étreint après l’avoir fini, celle-là même qui vous saisit quand vous avez encore trop traîné sur YouPorn. C’est comme si la traditionnelle kebab box allemande avait décidé de s’injecter un litre de stéroïdes, comme si une lasagne avait décidé de tout plaquer pour vivre une vie de crapule; comme si le vendeur de comics des « Simpsons » avait été défié d’imaginer un gâteau salé avec les ingrédients d’une pita. C’est décadent, ça colle au palais, ça colmate l’estomac. Vous n’en mangerez peut-être qu’un seul dans votre vie, mais son souvenir vous poursuivra longtemps, comme le relent d’oignon qui s’invitera bien après la dernière bouchée dans votre haleine.

Kapsalon pita Liège DR Boulettes Magazine

Kapsalon pita Liège DR Boulettes Magazine

Tiens, et pourquoi « kapsalon » plutôt que « bouche-artères », par exemple? Selon la légende, le nom a deux origines. L’une veut qu’un amateur de kebabs de Rotterdam, coiffeur de son état, ait eu pour habitude de passer cette commande à la pita du coin, qui a décidé de mettre le kapsalon à la carte et de l’appeler en honneur de son plus grand fan. L’autre veut que le plat ait été populaire non pas auprès d’un seul mais bien de la communauté de coiffeurs de Rotterdam, d’où le nom. Si on nous demande notre avis, c’est peut-être aussi parce que « bouche-artères », ça coupe un peu l’appétit.

Envie d’y goûter quand même? 

À Liège, le kapsalon se déguste chez Ünlü Palace Kebab, rue de Bex °13 (ouvert 7j/7 – 11.00-01.00) et vous coûtera 7€.

NB: quand on dit « déguste », on veut évidemment dire « bâfre sans aucune dignité mais avec pas mal de panache ». 

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.