Les terrasses de la Place du Marché, entre rumeurs et réalité
L’annonce avait jeté un froid parmi les commerçants cet hiver: les terrasses couvertes de la Place du Marché, érigées sans permission et occultant des bâtiments classés, allaient être régularisées par l’urbanisme. Une décision qui divise, et qui agite pour le moins les esprits.
D’un côté, les « anti », qui ont accueilli la nouvelle avec enthousiasme, et imaginent déjà le panache qu’aurait la Place du Marché sans être défigurée par ces vérandas peu esthétiques. De l’autre, les « pro », qui tantôt avouent adorer la protection offerte par ces terrasses couvertes et chauffées, quand ils ne prennent pas simplement la défense des restaurateurs, pour qui, selon eux, ôter ces terrasses est la faillite assurée. Et il semblerait que ces derniers aient raison, puisque Pierre-Willy De Vuyst, propriétaire de L’Amuse-Bouche, a confié avoir dû mettre la clef sous la porte. Désigné par nos confrères de La Meuse comme la première victime des enseignes illégales, il dénonce des frais de régularisation démesurés.
Les ennuis ont recommencé quand on a appris que toutes les enseignes et terrasses de la place du Marché étaient illégales et qu’on devait tous se mettre en ordre sous peine d’amende.
Sur les réseaux sociaux, c’est l’emballement, et les commentateurs ne se privent pas de dénoncer une situation qu’ils estiment des plus injustes. « Qu’on foute un peu la paix aux commerçants », « on emmerde les commerces, et le résultat: des rues mortes, des locaux vides, des emplois supprimés », « ploucs de l’administration »… C’est vrai après tout, a-t-on idée de s’en prendre ainsi à d’innocents commerçants et à menacer leur fond de commerce? Sauf qu’ainsi qu’un internaute le rappelle, la problématique ne date pas d’hier. D’ailleurs, nombre de PV avaient déjà été dressés par la ville concernant ces terrasses mises illégalement en place, toujours classés sans suite par le parquet. Jusqu’à aujourd’hui. Sur sa page officielle, la Première Echevine Christine Defraigne refuse que la Ville soit le « bouc-émissaire ».
Pour le bien de la Place du Marché
Avouant avoir lu « avec une très grande surprise » l’article qualifiant L’Amuse-Bouche de « victime », elle souligne que dans le coeur historique, la mise en conformité des enseignes ne met nullement le restaurateur ou le commerçant en faillite. Ainsi, dans le cas du restaurant de Pierre-Willy De Vuyst, à qui l’Echevine MR ne manque pas de souhaiter un avenir professionnel positif, elle rappelle que l’établissement « subissait des pertes lourdes depuis 2015. Il ne faut pas tout mélanger et faire porter le chapeau à d’autres ».
Nous avons mis en place une politique de dialogue au cas par cas afin de concilier l’intérêt général et l’intérêt particulier vu la conjoncture économique difficile.
Et Christine Defraigne de rappeler que contrairement à ce que le règlement exige, la Ville a pris la décision de ne pas doubler le montant des amendes en ce qui concerne les biens immobiliers classés. Si le courroux des restaurateurs est compréhensible, puisqu’ils bénéficient après tout de ces terrasses depuis de nombreuses années, ils ne peuvent finalement reprocher qu’une chose à la Ville: ne pas avoir sévi directement, avant que les amendes ne s’accumulent et qu’enlever les terrasses ne présentent un vrai désagrément. Du reste, alors que le Perron vient tout juste d’être rénové, difficile de ne pas se réjouir en imaginant ce à quoi ressemblera la Place du Marché quand tout ce PVC et ces devantures criardes auront été enlevées.