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Pas gay: draguer quand on est un jeune homosexuel à Liège

Fraîchement célibataire et de retour à Liège après plusieurs années à Bruxelles, Lexie a retrouve ses amis, sa famille… et le (tout) petit milieu gay liégeois. L’occasion pour lui de rédiger une chronique piquant sur l’univers homosexuel parfois tout sauf bouillonnant de la Cité ardente. 

Ce n’est pas tous les jours facile la vie de célibataire. En toute honnêteté, je ne me réjouissais pas spécialement de retrouver ce statut quand j’ai décidé de quitter mon ex-copain en juillet dernier. Alors, oui… je te vois déjà venir avec tes: « Lexie, la vie de célibataire c’est trop cool… tu ne dois rendre de compte à personne, tu fais ce que tu veux, tu vois tes potes quand ça te chante, etc ». Bon premièrement, j’aimerais te dire que tu ne dois pas attendre d’être célibataire pour avoir ce genre de quotidien et que ta relation de couple prend sans doute trop de place dans ta vie si tu penses comme ça… mais passons! Ensuite, non, ce n’est pas toujours marrant. Et ça l’est encore moins quand tu te sens plus ou moins prêt à te remettre en chasse d’un homme.

Personnellement, je n’avais pas du tout hâte de retourner dans le monde des rencontres, des applications, des rendez-vous ratés, des crushes, et puis des plans culs aussi. Ca m’a ramené à une époque pas si lointaine où je me prenais vachement la tête. Comme en mai 2014 où je partageais sur Facebook le statut suivant:

            « Ce moment où tu hésites à lui envoyer un message car si tu le fais, il croira que tu es accro mais si tu ne lui envoies rien il croira que tu te fiches de lui. Évidemment ce serait tellement plus simple qu’il fasse le premier pas MAIS peut-être qu’il attend également de son côté que tu le fasses, mais pourquoi ça devrait être à toi de lui envoyer un message le premier ? »

Et après cinq longues années, je dois avouer que ce statut me parle encore… un peu. Car, même si nous grandissons, nous sommes presque tous les mêmes face à une personne qui nous plaît. Ce qui a changé avec les années, c’est notre réponse face à ces situations. Par exemple, à l’époque, j’étais effrayé à l’idée de faire le premier pas. Maintenant, j’embrasse pleinement cet adage qui nous dit qu’on ne vit qu’une fois… puis je ne suis certainement pas à un râteau près hein.

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Je suis ce qu’on appelle un « gars hors milieu ». C’est un terme qui désigne quelqu’un qui ne fréquente pas les bars/boîtes LGTBQI+. Alors, non pas par dégoût comme certains (oui, je vous pointe du doigt), mais plutôt parce que j’ai jamais vraiment eu de vraies amitiés avec des personnes homosexuelles et c’est souvent comme cela qu’on commence à fréquenter ces endroits. Certes, mes amis hétéros auraient pu m’accompagner, mais je n’y ai jamais pensé.

Tout ça pour dire que mes rencontres se font principalement via des applications de rencontre. Et ça m’a réellement réservé de belles surprises (enfin, c’est une question de point de vue). Cela m’a donné envie de partager avec toi mon expérience, ma vie sur ces applications de rencontres. Et crois-moi, c’est souvent pour le meilleur ou pour le pire.

Pas gay #1: celui qui n’avait pas peur de mourir…

L’autre jour, j’en discutais encore avec ma soeur… et je ne sais pas comment j’ai fait pour vivre 27 années complètes, car j’ai parfois été le mec le plus débile et le plus inconscient du monde.

Inviter un parfait inconnu à 2h du matin pour une partie de jambes en l’air après 10 minutes de conversation? Je l’ai fait. Accepter un rendez-vous sur un parking lugubre car j’avais soudainement envie de m’enfiler un Calippo? Je l’ai fait aussi. Mettre les pieds dans un appartement bien glauque qui te rappelle ta condition de mortel et qui provoque la pensée suivante: « bon, baaaah, mon gros Lexou, c’est ici que tu vas crever hein. Et ta pauvre mère saura que tu es mort en voulant faire ce que tu préfères – jouer de la flûte » ? Ouais ça m’est déjà arrivé plus d’une fois.

Le jeune gay en rut est un être dépourvu de bon sens. Il va, à plusieurs reprises, se mettre dans des situations abracadabrantes. A-t-il besoin de se sentir vivre à travers la peur imminente de mourir? Vit-il grâce à des pics d’adrénaline ? C’est un mystère que la science essaye encore d’élucider.

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 Pas gay #2: celui qui n’assume pas son âge…

Vieillir, c’est nul. Je l’ai ressenti pour la première fois quand j’ai atteint mon 25ème anniversaire. Et pour une raison toute simple… c’est à ce moment là que les sugar daddies ont arrêté de me regarder. En même temps, faut les comprendre hein. Qui voudrait d’un corps poilu qui commence à ne plus être ferme, alors que l’on peut baver sur un corps imberbe ? A partir de cet évènement tragique, j’ai compris que ma première date de péremption était arrivée. Mon rêve d’être une trophy wifes’est envolé en fumée au moment où j’ai soufflé mes 25 bougies. Depuis, je dois gagner mon propre argent et devenir mon propre sugar daddy. Est-ce réellement une vie ? Je me le demande chaque matin en me réveillant.

Mais qui suis-je pour me plaindre hein ? J’ai encore quelques belles années devant moi.

Par contre, vieillir pose réellement problème chez certains mecs. Quand je me suis réinscrit sur les apps de rencontre, j’ai été surpris de constater que certaines têtes que je connais (oui, certains sont là depuis la naissance de Madonna) n’ont pas vieilli depuis 2016. Alors, je ne sais pas s’ils ont découvert une pilule miracle qui leur permet d’avoir 36 ans depuis 4 ans ou s’ils parviennent à remonter le temps. Mais force est de constater que certains n’hésitent pas à mentir sur leur âge. Dans quel but ? Je me le demande encore. Serait-ce la faute d’une société qui prône que seule la jeunesse peut s’envoyer en l’air/avoir une vie de couple ?

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Ce que je sais, c’est que je suis moyennement emballé d’apprendre que mon crush a en réalité 40 ans quand il me jurait qu’il en avait 35. Bon après, il s’attendait peut-être à ce que je sois nul en mathématiques quand j’ai vu sa date de naissance par pur hasard hein. On ne le saura jamais. Ce qui m’emballait pas trop, c’est le mensonge. Même pas la différence d’âge. Et même si j’ai tenté de lui faire comprendre ça, à l’époque, j’ai eu droit un roman fleuve qui m’insultait et qui me disait que j’étais comme tous les jeunes de mon âge. Alors que non, mon coco… mentir dès le début d’une relation, ça c’est moche.

« Et ça ne touche pas forcément les quarantenaires! Je suis récemment tombé sur le profil de mon ex-copain qui avait subitement 28 ans alors que j’étais persuadé d’avoir fêté son 31ème anniversaire avec lui en avril dernier. Aurait-il trouvé la fontaine de jouvence après notre rupture ? »

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Pas gay #3 : celui qui propose des trucs bizarres…

 On ne rencontre pas toujours des gens cools et sympathiques sur les applications/sites de rencontres. Parfois, tu tombes sur des drôles d’oiseaux qui te proposent des choses assez particulières. Et Dieu sait que j’ai reçu des messages étranges durant ma courte vie…

« Comme ce monsieur qui me proposait un billet de 100€ en échange de mon jus. Déjà, je trouvais que c’était cher payé pour la brique de jus de fruits qui trainait dans mon frigo. Puis après quelques secondes de réflexion, je me suis rendu compte qu’il était plutôt intéressé par le jus qui sort de ma baguette magique ».

J’avais vraiment besoin d’une nouvelle paire de Nike à ce moment-là, donc je t’avoue que voilà… j’ai longuement hésité avant de lui dire non.

Ou encore ce charmant monsieur qui me demandait de ne pas changer de slip pendant une semaine et de ne pas me laver les parties intimes aussi. Je devais, ensuite, le rencontrer afin qu’il puisse s’occuper de mon engin qui sent la mort.

Et comment oublier ce monsieur qui souhaitait me payer pour goûter mes matières fécales ? Je pense encore à lui nuit et jour.

Ou ce monsieur qui me demandait de venir chez lui avec une cagoule sur la tête afin de simuler un viol ?

Et je te raconte seulement les histoires les plus softs ici. Mais, recevoir des propositions étranges voire dégoutantes fait réellement partie du quotidien d’un jeune homme présent sur ces sites/apps.

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Pas gay #4 : celui qui baisse ses exigences…

 Je me revois encore… j’avais 18 ans, j’étais un jouvenceau plein d’espoir. J’avais aussi une espèce de check-listpresque obligatoire qu’un garçon devait absolument respecter. Si ce n’était pas le cas, je l’envoyais chez sa mère. Et que j’étais exigeant… Alors, il devait être beau, intelligent, sportif, faire des études universitaires, aimer la culture, etc.

Et presque 10 ans plus tard, je me limite à : « hey… tant qu’il me fait rire et que son pénis est convenable hein ».

Quel évènement marquant a provoqué ça ? Sont-ce les déceptions à la chaîne ? Sont-ce les rencards ratés ? Est-ce moi qui deviens beaucoup trop blasé ? Me contenté-je du strict minimum pour être certain d’avoir mes besoins primaires comblés ? Est-ce le temps que je passe sur ces applications qui me rendent moins difficiles car franchement c’est pas toujours la joie ? Toutes ces questions auront une réponse dans « La Vida Loca de Lexie », tous les jeudis soirs sur RTL TVI. Un rendez-vous à ne pas rater.

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Lire aussi: Fabuleux guide des adresses LGBTQI+ friendly de Liège

Pas gay #5 : celui qui n’aime pas montrer son visage…

 On pourrait croire qu’avoir une photo sur un profil est la base de tout, surtout sur un site de rencontres… ou alors, c’est juste moi qui pense ça ? Je demande parce que, ce matin, un profil sans photo m’envoie un message. Tu sais, je regarde quand même son profil pour avoir quelques informations comme son âge… et puis dans l’espace « description », je peux lire: « si tu me demandes un photo, c’est adieu! Je souhaite rester discret ». Alors, oui, je peux comprendre que tu veuilles rester discret car comme l’indique ton profil, tu es en relation de couple avec une fille et tu n’aimerais pas qu’elle apprenne que tu aimes de temps en temps tremper ton biscuit dans une usine à chocolat. C’est marrant. Been there, done that. Mais de là à nous dire « adieu » si on souhaite voir à quoi tu ressembles, c’est un peu gonflé, non ?

« Ou alors, il y a vraiment des mecs qui acceptent de le rencontrer sans avoir vu sa tête ? Suis-je réellement en train de passer à côté de quelque chose ? Je me le demande encore »

Cependant, c’est loin d’être un cas isolé. Et nombreux sont les profils qui sont complètement vides, nombreux sont ces mecs qui souhaitent être discrets. Et c’est parfois éreintant de devoir courir après une simple photo d’un visage. Parce que bon… c’est toujours mieux de savoir à qui on s’adresse.

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Pas gay #6 : celui qui n’aime pas les folles, les gros, les asiatiques et les noirs…

Penses-tu que c’est possible que certaines personnes au sein d’une minorité en créent une autre ? Guess what: l’homme gay l’a rendu possible.

Alors, c’est une phénomène que je retrouvais plus à Bruxelles, et presque pas ici en fait… ou alors, je ne suis jamais tombé sur un profil comme ça à Liège ? Bref. Il s’agit du phénomène no fat, no fem, no blacks, no asians que l’on peut traduire par «  pas de gros, pas de mecs efféminés, pas de noirs et pas d’asiatiques ». En quelques mots, ça te plante un décor bien puant et ça te dit que tu as face à toi un être humain super ouvert et tolérant. Et tu sais comment ils justifient ça ? « Non, mais… c’est juste une préférence! ».

Comme si nous les hommes gay n’étions pas déjà suffisamment marginalisés dans notre société hein…

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Pas gay #7: celui qui te demande: « coucou tu veux voir ma bite? »…

 Bon en vrai, je mens complètement… j’avais juste envie d’utiliser cette référence.

Soyons clairs, ces mecs-là ne prennent même pas la peine de demander si tu en as envie de voir un pénis en érection sur ton écran… NON. Tu es là… tu fais ta vie dans ton petit coin. Tu t’ennuies un peu, et tu te dis que tu vas aller faire un tour sur Grindr ou Planet Romeo. Et puis là, sans crier gare, tu vois que tu as reçu un message d’un bel inconnu. Et là… pas un bonjour, pas un comment vas-tu… non. Mais une jolie photo de sa verge en érection qui est censée t’ouvrir l’appétit. Et quand tu lui demandes une photo de son visage, il te répond simplement: « tu veux baiser ? si oui, je t’envoie le reste ». Et on ose dire que le romantisme est mort dans le milieu gay ? Balivernes. Mensonges.

Pas gay #8 : celui qui est très blasé par tout ça…

 Je savais que j’allais être rapidement saoulé par cette situation. Je le savais au fond de moi. Et même si toutes mes aventures me font fortement rire, il y a quand même un petit goût amer dans ma bouche. Non pas parce que j’ai envie de retrouver l’amour et vivre heureux pour toujours. Loin de là même. Il m’en faut beaucoup pour me donner envie de me mettre en couple, et je peux les compter sur une main ceux qui m’ont donné envie de franchir ce cap.

« C’est juste que… les relations humaines sont vraiment compliquées. On évolue chacun avec nos envies et nos désirs. Et c’est souvent compliqué de trouver quelqu’un qui possède des envies et des désirs similaires aux nôtres »

Ça devient de plus en plus compliqué de tomber sur des gens qui ont réellement envie de discuter et de partager des choses avec vous. Ça devient de plus en plus compliqué de n’être pas considéré uniquement comme un morceau de viande. Mais ça devient aussi compliqué de faire comprendre aux autres qu’on aime prendre notre temps et qu’on ne souhaite pas mettre des étiquettes sur les choses, surtout après un seul date.

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Et plus je passe du temps sur ces sites/applications, plus je deviens aigri et blasé. Et on pourra me dire: « mais sors! va à la rencontre des gens », je retrouverai quand même les mêmes personnes mais dans un contexte social beaucoup plus naturel. Donc est-ce que ça change réellement quelque chose ? L’approche sera différente, oui. Mais les gens sont les mêmes.

« Je ne suis pas ici pour me plaindre car j’aime profondément la vie que je mène. Mais parfois, c’est agréable de juste rencontrer quelqu’un avec qui les choses viennent et se déroulent naturellement. Et plus le temps passe, moins j’ai l’impression que ce sera fréquent »

C’est sur cette note un peu plus maussade que je te laisse retourner à tes occupations, en espérant t’avoir fait rire avec mes petites anecdotes très gay… car bon… même si je boude un peu, je me marre quand même bien avec tous ces mecs qui me vendent du rêve chaque jour un peu plus.

A bientôt pour de nouvelles aventures,

Lexie.

Alexandre (ou Lexie pour les intimes) travaille dans le milieu de la communication et dans l’associatif LGBTQI. Passionné d'art, de culture, mais aussi d’écriture, ce Liégeois aux origines méditerranéennes aime raconter ses péripéties dans le milieu gay et partager ses coups de cœurs avec la terre entière... et ce avec toujours beaucoup d’humour et d’autodérision