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Bonbons Kiwi Liège - Canva - Boulettes Magazine

Pourquoi la fin de Bonbons Kiwi laisse un goût amer

Disparu sans crier gare de la rue Pont d’Avroy, Bonbons Kiwi et sa devanture verte qui a fait saliver tant de Liégeois.es a fait place à un trou béant, une symbolique appropriée pour le vide que laisse le départ de cette véritable institution liégeoise. Une fin que Clara, notre stagiaire, a vécu en y travaillant en tant qu’étudiante, et dont elle se souvient dans un essai doux-amer. 

Une annonce sur Facebook, un CV envoyé et voilà comment ce petit magasin coloré est devenu mon lieu de travail pour 3 années.

« Bonbons Kiwi recherche des étudiantes »

Avril 2016, j’ouvre Facebook sur mon téléphone et je vois que « Bonbons Kiwi recherche des étudiantes. Motivée ? Envoyez nous votre CV ». Ni une, ni deux, je m’exécute. Quelle excitation d’imaginer travailler dans ce paradis des enfants (mais aussi et surtout des plus grands). D’abord simple job d’été, j’ai fini par y travailler toute l’année, ainsi que celle d’après, et puis celles qui ont suivi.

 

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Un « nouveau » job

Depuis plusieurs générations, Bonbons Kiwi était une véritable institution pour tous les Liégeois. « Oh, j’y allais quand j’étais petit ! », s’est exclamé mon papa quand je lui annoncé mon nouveau lieu de travail. En tant qu’étudiante, travailler chez Bonbons Kiwi m’a permis d’améliorer mon quotidien estudiantin avec une rentrée d’argent hebdomadaire ainsi qu’obtenir une certaine autonomie financière.

Lorsque j’ai commencé à travailler, nous n’étions qu’une équipe de trois filles, il a dès lors fallu compléter dès que possible le groupe pour l’année scolaire à venir et c’est pour mon plus grand plaisir que ma patronne, Maud, a accepté de laisser leurs chances à mes amies. Rapidement, plusieurs de mes meilleures amies sont d’ailleurs venues travailler avec moi. Le bonheur: au travail, mais dans une ambiance familiale et conviviale. On formait une petite équipe soudée, le genre d’équipe avec qui on va boire un verre après le travail ou manger un bout.

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Une clientèle fidèle de grands enfants

Quand j’ai commencé à travailler chez Bonbons Kiwi, je m’attendais à voir une ribambelle constante d’enfants dans le magasin. Quelle ne fut pas ma surprise quand je me suis rendue compte qu’il s’agissait plutôt d’adultes se remémorant leurs souvenirs d’enfance à grand renforts de chiques en tout genre. Comme chaque petite boutique, Bonbons Kiwi avait ses clients fidèles. Je repense à ce monsieur qui venait chaque semaine, juste avant le week-end, acheter son sachet composé presque exclusivement de langues de chat acidulées. Ou encore à cette grand-mère qui ne manquait jamais de venir me dire bonjour quand elle passait devant le magasin. Mais aussi à ce sans-abri à qui j’ai offert une glace un été, et qui me souriait systématiquement à chaque fois qu’il me croisait.

Une clientèle fidèle mais surtout beaucoup de personnes profitant de chaque occasion pour se rendre dans la boutique. Une sortie au cinéma, un spectacle au Forum, un voyage en train … Toutes les excuses étaient bonnes pour venir chercher son paquet de chiques préférées.

Durant les heures creuses de la journée, j’ai eu le temps d’observer la Rue Pont d’Avroy et ses passants. Travailler chez Bonbons Kiwi et donc dans l’hyper-centre de Liège, m’a appris à mieux connaître ma ville et ses habitants. Chaque rue a sa particularité et pour moi, la Rue Pont d’Avroy a pour elle d’être une rue vivante et animée, mais surtout une rue de passage comme j’aime l’appeler. Reliant la place Cathédrale au Boulevard d’Avroy, elle est sans doute empruntée par des milliers de personnes chaque jour. Des gens qui y passent, mais qui n’y restent pas: mes heures d’observation m’ont permis de constater que ce n’est pas vraiment une rue où on fait son shopping, mais plutôt qu’on emprunte pour aller d’un point A à un point B. Nombreux sont les commerces à s’être cassés les dents rue Pont d’Avroy. Durant mes années de travail, j’y ai vu de nombreuses boutiques fleurir pour finalement faner seulement quelques mois plus tard.

 

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Au rythme de la culture liégeoise (et du soleil)

Bonbons Kiwi vivait au rythme des saisons mais aussi à celui des sorties du Palace et du Forum. Quoi de mieux qu’un énorme paquet de chiques et une boisson fraîche durant votre spectacle ? Durant l’été, le magasin jouissait d’une machine à glaces et surtout d’une machine à granitas qui en a ravi plus d’un.e pendant les jours de canicule. On a évidemment essayé d’adapter nos produits à l’hiver ; cafés et chocolats chauds ont été proposés. Mais rien à faire, les beaux jours restaient imbattables.

Pendant l’été, les passants étaient beaucoup plus nombreux et prenaient d’avantage le temps de se pavaner dans la rue. Assez logique:  bien qu’on soit Belges et habitués aux caprices de Mère Nature, rares sont ceux d’entre nous qui aiment marcher sous la pluie…

Des concurrents un peu trop semblables

Le problème, quand quelque chose marche, tout le monde veut s’y essayer. Sucks, concurrent direct de Bonbons Kiwi a créé une grande zone d’ombre. Même concept, même proposition de produits, au fil du temps j’ai vu un nombre incalculable de personnes se promener devant le magasin avec un sachet venu d’en face. Pour l’anecdote, j’ai même eu la surprise un matin en ouvrant Bonbons Kiwi d’entendre « Madame, est-ce que vous savez à quelle heure Sucks ouvre? »

Malgré la volonté et les ambitions de nouveaux patrons, la clientèle se faisait de plus en plus rare. Depuis déjà quelques temps, le magasin maintenait difficilement la tête hors de l’eau. Des travaux avaient été faits, de nouveaux produits étaient proposés, mais rien n’y faisait, Kiwi disparaissait petit à petit. Le COVID-19 a malheureusement été la goutte d’eau de trop.

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Aujourd’hui je ne travaille plus chez Bonbons Kiwi, et le magasin a définitivement fermé ses portes un peu avant le confinement. J’y aurai toutefois énormément appris durant ces années, sur le monde du travail et sur moi, mais surtout j’y ai rencontré de belles personnes. Travailler en équipe permet de créer de vrais liens solides mais aussi de beaux souvenirs. Et c’est ce que je retiendrai de Bonbons Kiwi, cette institution liégeoise qui a régalé de nombreuses générations, mon lieu de travail, un beau souvenir.

 

Passionnée de vintage, d’art et de mode Clara a d’abord choisi d’étudier le graphisme à Saint Luc. Afin de faire partager ses passions, c est en toute logique qu’elle s’est inscrite dans un master en information et communication à l’université de Liège, dans le cadre duquel elle effectue un stage à la rédaction de Boulettes Magazine.