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Rendez-vous à Saint-Nicolas pour un guide Tous-Terrils de Liège

Ce n’est pas parce que le mont Lee s’est guindé des lettres H-O-L-L-Y-W-O-O-D, des stars de cinéma et du soleil de Californie qu’il a le droit de porter le titre de « colline la plus cool et branchée du monde ». Exæquo sur le podium, se hissent les terrils liégeois qui n’ont certainement pas à rougir des collines de Los Angeles !

Pour apprécier l’histoire et la découverte de nos montagnes artificielles wallonnes, rendez-vous à la Maison des Terrils de Saint-Nicolas, un lieu de notre riche passé industriel où niche aujourd’hui une biodiversité étonnante ! Petit guide culture et nature pour découvrir nos Pyrénées liégeoises.

C’est quoi un terril ?

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En France, ça porte le nom de « crassier » parce que c’est une colline de déchets de mine. En Belgique, on a choisi un nom un peu plus poli qui vient du wallon « terri », et qui désigne ces collines artificielles qui font partie intégrante du paysage dans le sillon Sambre-et-Meuse.

Au sommet de sa puissance économique, Liège en comptait plus de 300 ! Ces collines sortent des entrailles de la terre, là où les mineurs allaient chercher, il y a plus de deux siècles, les veines de charbon comme matière de chauffage et pour les machines à vapeur. Le charbon, c’est une matière fossile qui vient d’une couche végétale qui s’est décomposée et qui a durci en étant bloquée sous la terre.

Quand on va la chercher, c’est 350 millions d’années qui ressortent à la surface ! Et ce dont on n’a pas besoin, on en fait un gros tas – un terril – qui contient du schiste, du grès, des pyrites et autres scories.

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À Saint-Nicolas, il suffit de se pencher pour remarquer la diversité minérale qui jonche nos pieds. Après l’abandon de l’activité minière dans les années 60, la nature a repris ses droits sur le terril, pour le plaisir de nos yeux et de nos sens. Aujourd’hui, c’est un paysage varié, à la fois de forêt, de friches et de steppes qui s’offre à nous pendant la balade. On peut voir des espèces pionnières comme le bouleau et le robinier, des plantes sauvages comestibles comme l’oseille, et plein d’insectes, d’oiseaux et de petits mammifères qui sont bien à leur aise sur les pentes toutes vertes. Les inventaires effectués par Natagora ont mis à jour plus de 500 espèces de plantes, environ 90 espèces d’oiseaux, plus de 40 espèces de papillons ou encore près de 20 espèces de coccinelles.

La Belgique est parsemée de terrils. On peut même suivre un sentier, la Transterrilienne,  qui traverse la Région wallonne d’ouest en est sur 200 km. De nombreux musées, placés tout au long de la chaîne, préservent ce patrimoine historique. Le Pass à Frameries, le Grand Hornu, le Bois du Luc, le Bois du Cazier et Blegny-Mine en font partie. À Saint-Nicolas, c’est le GR 412 qui traverse le site de part en part et qui le relie au Sentier des Terrils.

La Maison des Terrils

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En arrivant sur les lieux, à 10 minutes du centre-ville, une sculpture métallique et métaphorique vous donne le ton : des rails de wagons de charbon se transforment en un criquet géant. Vous ne rêvez pas, vous n’êtes pas sous LSD, vous êtes à Saint-Nicolas et ici, on va parler de patrimoine et de nature.

Sur place, nous avons rencontré Fabienne Bierset, du service Culture et Anne Riga, guide nature de l’équipe de la Maison des Terrils pour un petit tour du site qui a ouvert ses portes en 2008. La Maison des Terrils est abritée dans l’ancien lavoir du terril du Gosson 2, qui servait jadis de salle de douche et de salle des pendus. Attention, rien de creepy, il s’agit simplement du vestiaire où les mineurs pendaient leurs vêtements de ville avant de partir sous la terre. À chacun sa corde, qu’ils tiraient pour mettre leurs fringues à l’abri de la saleté. Cet espace est aujourd’hui la salle d’exposition permanente et temporaire, dont la rénovation prendra fin en septembre. Fabienne se réjouit d’inaugurer la nouvelle scénographie avec la future exposition temporaire consacrée à la femme dans la mine. L’expo permanente, riche de témoignages et de documents, vous donne un aperçu du passé minier dans la région liégeoise qui a commencé vers le milieu du 19e siècle pour se terminer, en ce qui concerne Liège, seulement dans les années 1960 !

À la Maison des Terrils, on ne s’ennuie jamais : l’équipe propose au moins une activité par mois et des balades de saison sur réservation. Et le tout la plupart du temps gratuitement, avec parfois une petite participation en cas de repas ou de dégustation. Les sujets sont variés : plantes sauvages comestibles, géologie, musique, abeilles, ornithologie… Difficile de ne pas trouver au moins un thème à son goût ! Avec Anne Riga on s’émerveille, car elle nous transmet son savoir de façon à la fois didactique, concrète et enthousiaste.

Pas de raison de rester déprimer en slip chez vous le dimanche matin, c’est justement le jour des visites que nous vous conseillons de réserver pour être sûr d’y participer, puisqu’elles ont beaucoup de succès et sont adaptées à tous les âges.

Vous préférez vous la jouer Tom Sawyer ? Les visites individuelles sont possibles aussi, sans réserver et avec comme aide à la visite, un audioguide très complet qui vous renseignera à la fois sur la nature et l’histoire du lieu en 1h30, au prix très démocratique de 2 euros.

Plusieurs balades allant de 600m à environ 4km sont proposées pour tout type de marcheur et en fonction de ce que vous avez envie de découvrir entre le Gosson 1 et le Gosson 2. À ne pas manquer, la steppe des moutons au sommet du Gosson 2 et son magnifique bassin d’orage en forme de libellule ainsi que le panorama qui offre une vue à 360° sur Liège et ses alentours. Tout est pensé pour vous ébahir !

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Et après ?

Vous voilà prêt pour découvrir tous les autres terrils de la région. Anne nous conseille de visiter celui de l’Espérance, bien boisé et plus sauvage, et celui de Hasard à Fléron qui garde encore des vestiges de la machinerie du charbonnage.

Une fois la visite terminée, vous avez des morceaux de charbon brillants plein les poches, les chaussures sales et vous avez envie de vous improviser chef de cuisine de plantes sauvages. En gros, il vous en faut plus : c’est le moment de partir sur la route du feu, un réseau dont fait partie la Maison des Terrils et qui rassemble 6 lieux incontournables qui évoquent l’utilisation du feu depuis la Préhistoire jusqu’à la Révolution industrielle en Wallonie.

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Ou bien, à la Maison des Terrils, vous vous sentez comme à la maison (lol). Ce qui n’est pas étonnant, au vu de l’ambiance conviviale et familiale que respire le lieu. Vous pouvez inviter tous vos copains pour le découvrir : c’est en effet possible de réserver l’espace barbecue pour une petite fiesta en bas des pistes, enfant friendly avec la plaine de jeu et le petit étang à proximité. Ou alors vous pouvez simplement déguster des produits locaux à la cafeteria de la Maison des Terrils et les acheter à la boutique. Fabienne a sélectionné avec soin des produits wallons pour toutes les envies, allant de la pâte à tartiner au peket, en passant par les cuberdons et la moutarde. C’est même possible de repartir avec un panier garni. Pour les buveurs de bière, la Maison des Terrils espère bien arroser l’inauguration de sa scénographie avec sa nouvelle bière, au nom évocateur encore tenu secret et élaborée en collaboration avec la Botteresse.

Lire aussi : Distillerie de l’Espérance : de l’assommoir au devoir de mémoire

Infos pratiques

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En attendant l’arrivée prochaine du site internet, rendez-vous sur la Page Facebook de la Maison des Terrils où l’équipe communique toutes ses infos :

  • Chiens admis à l’extérieur
  • Bâtiment ouvert du lundi au jeudi de 10h à 17h, le vendredi de 8h à 12h, le weekend de 10h à 18h
  • Gratuit – audioguide 2€ pp.
  • Visites thématiques de 2h sur réservation, 60 € par groupe
  • On peut y venir en vélo en suivant le Ravel qui passe à proximité ou alors faites comme le crapaud calamite et creusez une petite galerie pour y accéder, attention aux éboulements.

A part le trait d'union, rien ne les sépare (à jamais pour toujours). Marie et Alice, toutes deux historiennes de l'art et archéologues, se sont rencontrées à leur entretien d'embauche . Depuis, elles ne se sont plus quittées. C'est par leur profession dans la médiation culturelle dans différents musées que les deux amies se sont mises à écrire. Et elles adorent ça! En plus de travailler sur des projets en littérature jeunesse, Marie et Alice ont envie de vous faire découvrir la ville de Liège qu'elles vivent, visitent, dansent, boivent et mangent à toutes les sauces, comme les boulettes!