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Barbarich Imports Snack Willy Wonka Liégeois DR Boulettes Magazine

Bonbons japonais & délices US, dans l’antre du Willy Wonka liégeois

En signature de ses e-mails, un sobre « Administrateur Général de Barbarich Imports » et pas le flamboyant « dealer de dalle » pour lequel on aurait plutôt opté à sa place. C’est que Vlatko Barbarich est un importateur de kif, à qui on doit à peu près tous les craquages farceurs qui égaient les rayons des supermarchés de la région. 

La vraie chips bretonne Bret’s aux goûts complètement fifou? C’est Barbarich qui l’importe ici. La bière Duff à laquelle trinquer à la santé de la famille la plus dysfonctionnelle de Springfield? Aussi. Les Fantas aux goûts farfelus, les bonbons Reese’s au beurre de cacahuètes, Sour Patch, Nerds et autres délices US, les Pocky venus tout droit de l’Empire du Soleil Levant, les bonbons au cookie dough ou encore les Twiglets: Barbarich, Barbarich, Barbarich.

Ce nom vous était peut-être inconnu avant la lecture de cet article, et pourtant, il est l’équivalent liégeois de Willy Wonka, faisant de l’heure du goûter (ou de l’apéro) une fantasmagorie décomplexée qui colle au palais et vient chatouiller les souvenirs d’une enfance passée glués devant les mangas, au temps d’avant, celui où on choisissait d’ignorer les effets de trop d’écran/de sucre rapide/de matières grasses saturées sur la santé.

Barbarich, dealer de dalle de père en fils

C’est d’ailleurs à l’heure de gloire du Club Dorothée que l’entreprise familiale spécialisée dans les snacks qui claquent voit le jour. À l’image des coiffures bouffantes dont la taille ne rivalise qu’avec celle des épaulettes, les années 80 sont celles de tous les excès et le rayon gourmandise n’est pas épargné. Doritos lance son goût culte Cool Ranch, les Push Pops se savourent d’une récré à l’autre sans coller dans la poche grâce à leur emballage ingénieux et c’est à qui y ira de son histoire la plus gore de Jawbreaker, le bonbon géant même pas si bon qui te fait saigner le palais.

En périphérie de Liège, à Feneur, Aldo Barbarich lance son activité dans le domaine de la confiserie. Nous sommes en 1983 et à l’époque, les produits qu’il propose en rayon sont plutôt traditionnels et régionaux, entre Mars, Crocky et autres bonbons Gicopa. Son fils aîné, Vlatko, rejoint l’entreprise en 1996. Il y a 14 ans, le quadragénaire rachète la société paternelle et poursuit sur sa lancée, faisant la part belle aux produits d’importation pour se démarquer d’une concurrence toujours plus gloutonne.

C’est ainsi qu’il découvre notamment Bret’s, « la véritable chips bretonne » et ses saveurs surprenantes allant de brebis-cerise noire à frites-mayonnaise en passant par fromage bleu-Pancetta. « On a été les premiers à importer des Lays aux goûts originaux en Belgique, poulet rôti, spicy…, se souvient Vlatko. La gamme a bien fonctionné en rayon, donc forcément tous nos concurrents s’y sont mis et ont cassé les prix, donc j’ai cherché une alternative. J’ai eu la chance de rencontrer des représentants Bret’s sur une foire commerciale, j’ai goûté leurs produits, je les ai trouvés supérieurs à l’offre en Belgique, avec des goûts très différents, je me suis engagé, j’ai acheté un camion puis un deuxième » et la suite est connue: on retrouve désormais les Bret’s dans les rayons de Liège et d’ailleurs. Car depuis les débuts il y a bientôt trente ans, Barbarich Imports est devenue une entreprise qui travaille sur tout le territoire de la Belgique, mais pas que: « on livre aussi au Luxembourg et en France, avec des clients qui viennent parfois de très loin, d’Amérique du Sud, de Russie ou même des Etats-Unis ». Une forme de consécration pour celui qui mérite sans hésiter le titre de spécialiste du snacking US en Belgique. Même si son feeling ne s’aligne pas toujours sur celui des consommateurs.

L’originalité, oui, mais pas à tout prix

« J’ai acquis ma connaissance du marché au gré des années, en faisant énormément d’essais-erreurs. Quand j’ai un bon ressenti par rapport à un produit, je le teste, parfois ça cartonne et parfois ça fait un flop ». Pour ce qui est des goûts originaux de grandes marques, les Fantas en éditions limitées par exemple, en règle générale, le risque est minimal. Par contre, lorsqu’il introduit les Lucky Charms en rayon il y a quelques années, il se retrouve avec l’équivalent de trois palettes sur les bras… Alors même qu’aujourd’hui, ces céréales sucrées et régressives à souhait cartonnent, « parce que la clientèle est aussi en évolution permanente ».

Et puisque chaque crise est une opportunité déguisée, quand un nouveau produit ne rencontre pas le succès escompté, pas question de le jeter: « même si ça représente beaucoup de pertes, je préfère les donner à des associations qui aident des personnes dans le besoin » assure Vlatko.

Qui s’enorgueillit de rassembler un catalogue toujours renouvelé, même s’il est hors-de-question pour lui de poursuivre l’originalité à tout prix.

« La mode est aux boissons type Hard Seltzer, mais jusqu’à présent, toutes celles que j’ai goûtées n’étaient pas bonnes du tout, donc je n’en propose pas. L’originalité ne suffit pas, ça attire le client, certes, mais si on veut le fidéliser, il faut plutôt miser sur la qualité »

À l’image, par exemple, de la Bret’s goût beurre salé, dernier coup de coeur de Vlatko Barbarich dans son catalogue, l’entrepreneur soulignant comment le « mariage beurre et pomme de terres tape dans le mille ». Et s’il souligne en souriant ne pas goûter chacun des sodas qu’il propose, « parce que sinon je ne m’en sors pas », il s’avoue bluffé par une autre nouveauté, le Coca Vanille Orange, « un mix troublant mais au final vraiment bon ».

Carton plein en ligne

Plus délicieux encore? Après avoir longtemps approvisionné les commerces uniquement, Barbarich Imports a lancé sa boutique en ligne, disponible en version grossiste, pour commander les crapuleries par palettes entières (oui, même en tant que particulier, il suffit de s’inscrire) ou bien à l’unité, ici. Et le Willy Wonka du snacking liégeois d’assurer ne pas trouver sa gamme si farfelue comme ça, « parce que je baigne tout le temps dedans ». Espérons toutefois qu’il parle au figuré, et non de véritables rivières de délices sucrés-salés: on a bien vu avec Augustus Gloop comment ça finissait…

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Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.