On a testé Shizu Fusion, et c’était bon, mais…
Quand on a appris l’ouverture imminente de Shizu Fusion, restaurant de sushis et autres délices asiatiques, au sein du Van der Valk Sélys, on n’a eu qu’une hâte en bons inconditionnels de la cuisine nippone: s’y attabler.
Non pas lors de la soirée d’inauguration prévue pour la presse et autres dealers d’influence mais « comme de vrais clients », pour juger ce que Shizu Fusion avait vraiment dans le ventre – et aussi pouvoir se concentrer sur le contenu de nos assiettes. Rendez-vous fût donc pris pour une soirée en famille dans l’écrin de Shizu Fusion, car ici on dévore avant tout des yeux le cadre, tenant plus du petit salon du Trianon que du restaurant nippon, un joli contraste visuel qui pose directement le cadre: luxe, volupté et ambiance feutrée.
Pourquoi Shizu Fusion vaut le détour
Déjà, pour le cadre, donc. Hauteur sous plafond, parquet, tables suffisamment espacées pour créer un cadre intime, en couple ou en famille, vue sur une cour paisible… L’endroit tient moins de Tokyo que de Paris, mais c’est très joli aussi.
Autre excellente surprise: la carte des cocktails, qui se jouent des classiques pour leur apporter une touche Empire du Soleil levant, entre un Spritz twisté à l’Umeshu, une liqueur de prunes délicatement acidulée, ou un « geisha negroni », plus proche de la version italienne traditionnelle en goût mais très bon tout de même, sans oublier un surprenant Soleil Levant, mêlant Umeshu, whisky Nikka (les vrais savent), eau de coco et sirop de pandan. Proposés entre 13 et 15€ le verre, ils sont légèrement plus chers que dans d’autres établissements du centre, mais la différence de prix est compensée par l’originalité, la présentation soignée et la générosité des portions. Un sans faute à l’apéro, donc.
La star du repas? Le plateau de sushis Royal, 30 pièces pour 55€, entre sashimi exquis (poisson généreusement servi et aussi moelleux que du beurre), sushis au riz parfaitement vinaigré et à la consistance rêvée et des California Rolls audacieux mais ni trop gras ni trop sucrés, parmi lesquels un savoureux Spider Roll composé d’avocat, crabe frit, concombre et eel sauce. Si ici aussi, le prix est légèrement plus élevé que dans d’autres établissements, la qualité du poisson et la générosité des portions compense, d’autant que le plateau est une excellente entrée en la matière à partager pour toute la table, ainsi que notre tablée de cinq l’a fait avec délice lors de notre visite. Ce qui revient à 11€ par personne et est tout de suite plus raisonnable.
Mais pourquoi il y a un « mais »
Si les sushis sont exquis, les cocktails aussi, le cadre aussi charmant que le service, lui-même ultra souriant et attentif, alors pourquoi donc a-t-on laissé sous-entendre dès le titre qu’il y avait un « mais »? Précisément parce que rien ni personne n’est parfait, et Shizu Fusion ne déroge (malheureusement?) pas à la règle.
Là où les cocktails étaient délicieusement surprenants, tout comme les sushis, dont il est rare d’en trouver de qualité similaire à Liège, pour ce qui est des entrées, qu’on a décidé de panacher, profitant d’être cinq autour de la table pour (presque) tout goûter, seuls les nems sortent véritablement du lot et le rouleau de printemps au homard, bien que très joliment présenté, laisse un petit goût de trop peu à 22€ la portion pour un simple rouleau coupé en deux seulement.
Niveau plats, le niveau baisse ostensiblement par rapport à la qualité des sushis, entre nouilles et riz sautés noyés de la même sauce collante et sucrée qui masque non seulement le goût des légumes et viandes sautés dans les préparations que celui des plats qui l’accompagnent, et des plats de viande en sauce qui arrivent chauds à table mais dans des contenants privilégiant l’esthétique au pratique, et qui refroidissent donc extrêmement vite. Or si le véritable boeuf tigre qui pleure est exquis tiède, il n’en va pas forcément pour autant de sa version Shizu Fusion, qui tient plus du boeuf sauté en sauce. Et est donc moyennement gouleyant mangé froid.
La véritable raison de ce bilan en demi-teinte? L’addition finale. Outre la saveur de la compagnie (mais tout le monde n’a pas la chance de pouvoir s’attabler avec notre famille), la joliesse du cadre et la gentillesse du service auraient permis de fermer les yeux sur la température aléatoire des plats et le grand délai d’attente entre les entrées et l’arrivée de ces derniers, mais avec une note qui s’élève à près de 100€ par personne pour cocktails-entrées-plats, soit, à titre comparatif, l’équivalent d’un menu 7 services gastronomique chez Thomas Troupin, chef récompensé au Michelin, difficile de fermer les yeux sur ces différents manquements.
Sachant que les plats, qui coûtent entre 20 et 30€, ne s’accompagnent même pas d’une portion de riz blanc comprise, c’est sacrément cher payé, d’autant que contrairement à ce que notre serveur au demeurant charmant nous a indiqué, à moins d’avoir un appétit d’oiseau, il ne s’agit pas vraiment là de « généreuses portions pour deux personnes ».
La note est quelque peu difficile à avaler donc, et une leçon à en tirer, qu’on partage bien volontiers: la prochaine fois, on se contentera d’y aller pour siroter l’un ou l’autre cocktail et partager des sushis voire même uniquement des sashimis, exquis. Et on vous conseille de faire pareil: votre visite au Shizu Fusion n’en sera que plus délectable.
(papa et maman, si vous me lisez, merci pour l’invite, je suis pas ingrate promis mais c’est la dure loi de l’objectivité journalistique)
Shizu Fusion
Van der Valk Sélys, rue du Mont Saint-Martin 11