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Serrurière à vélo

Une serrurière à vélo donne une seconde vie aux portes de Liège

À l’heure d’un féminisme affirmé et de beaucoup trop de serrures cassées, j’ai rencontré Fanny Michel afin d’en apprendre plus sur son activité de serrurière. Telle une chevalière des temps modernes, ce n’est pas à cheval mais à vélo que Fanny accourt pour vous servir lorsque l’une de vos portes se fait la malle !

Serrures, charnières, verrous et autres fermetures seront choyés et
dorlotés par cette petite fée dont les doigts sont surentrainés. Je lui ai posé quelques questions et c’est avec sincérité et poésie qu’elle y a répondu, voici
le portrait de « La Goupille Mobile »

Qui es-tu ? 

Je m’appelle Fanny, j’ai 29 ans dans mon corps, 74 ou 4,5 dans ma tête, ça dépend !
Me définir par mon rapport d’employabilité ou mon statut social ne fait pas sens pour moi, alors je dirais que j’aime la mécanique, et que j’ai tout récemment et naturellement décidé d’en faire mon métier en devenant serrurière. J’ai donc lancé mon activité de dépannage de serrures à vélo à Liège, et je suis très contente d’avoir posé ce choix dans cet ici et maintenant !


Ton parcours ?

Logopède de formation, thérapeute, artiste plasticienne, militante, animatrice et recyclartiste !

Tes parents ?

De braves gens, ma foi. En tout cas ils ont selon moi fait le nécessaire pour que je sois en partie celle que je suis devenue et en toute prétention assumée, c’est plutôt salutaire 🙂

 

Ta motivation ?

Je me retrouve en fait simplement à faire ce que j’ai toujours fait. observer, manipuler avec mes mains, chercher, essayer, réparer, recycler, créer, chercher des solutions à des problèmes complexes. La serrurerie est un des champs qui me permet de faire cela, à la différence que j’ai choisi d’être rémunérée pour ça.

Qu’est-ce qui t’a amené à faire ce métier ?

Mon goût pour la création, le bricolage et pour les gens, et…sûrement le concours de péripéties sur lesquelles je n’ai pas eu de prise durant ma vie, à mon plus grand contentement aujourd’hui 🙂

Tes origines ?

Utérus de ma mère: c’est pas mal, très rouge chromatiquement parlant mais il a bien fallu que j’en sorte pour commencer une autre aventure, et ce n’est pas fini ! Je me sens davantage attachée à des manières d’être au monde ou à des systèmes cognitifs très spécifiques, qu’à un lieu géographique où j’aurai vécu 19ans de ma vie (à savoir la Bretagne)..même si je ne nie pas l’influence que ça a dû avoir sur moi !



Qu’est-ce que cette profession/passion t’apporte ?

Du fil à retordre, des interactions humaines riches car diversifiées, de l’activité physique, de l’aventure jour après jour. Cette profession que j’exerce actuellement est une manière pour moi d’intégrer mon mode de vie à mes valeurs (agir localement, minimiser mon emprunte écologique, décroitre (ou dirais-je suffire) en cultivant ma richesse intérieure, éviter le gaspillage, réenchanter la matière, réhabiliter la notion de « service », ne pas me surcharger dans le cadre de l’emploi afin d’avoir du temps pour cultiver les relations avec me proches et pour moi, parce que c’est important pour moi. Faire peu ET mieux, en somme..

Ta spécialité ou ce que tu préfères faire ?

« Chipoter » comme on dit ici ^^ ! M’ajuster à une demande précise, dans la mesure du réalisable, pour le plus grand plaisir des personnes qui font appel à mes compétences et services, et qui partagent mes valeurs. Réaliser des travaux qui demandent peut-être une touche artistique, une sensibilité esthétique, pour celles/eux qui y sont sensibles. M’ajuster à des handicaps particuliers en fonction de la vie de l’utilisation de chacuns/es.

Je recycle et revalorise, aussi, en reconditionnant des serrures et de la quincaillerie pour la revendre à des prix abordables pour les plus petits

budgets. En fait, mon travail, c’est un compromis artistico-fonctionnel entre ce que le/a client/e désire, et ce qui est possible techniquement, sans pour autant perdre en sécurité pour l’habitation de la personne. Je dirais de manière plus large ; proposer de modifier ce qui leur apparait impossible pour élargir le champ des possibles 🙂 !

Es-tu sportive ?

Of course. Voyez mon corps de déesse dont les fibres musculaires gonflent de jour en jour ^^

En combien de temps arrives-tu ?

En moyenne 30min, un peu moins en journée. Tout dépend de là où je me trouve au moment où on fait appel à moi évidemment…



Sur quelle zone travailles-tu ?

Je travaille là où je vis, donc à Liège centre. Il arrive parfois que j’aille faire des travaux dans les communes limitrophes pour les demandes non-urgentes. Pour celles/eux qui habitent plus loin, je peux tout à fait venir, mais dans ce cas c’est les clients/es qui viennent me chercher, ce qui leur évite de payer le défraiement compris dans mon tarif 😛 !

Tu disposes d’un atelier ? Où est-il ?

Mon atelier de serrurerie se trouve rue Dony 33, à l’espace Dony. C’est l’un des espaces de créateurs/ices mutualisé comprenant aussi d’autres corps de métier. Ce sont des espaces privés, non accessibles au public, j’y vais pour travailler et réparer mes pièces, mais des clients peuvent prendre rendez- vous avec moi pour que je vienne leur ouvrir et regarder ce qu’ils me demandent d’examiner.

Quels sont tes tarifs ?

Les tarifs vont de 25 euros pour un clé cassée dans une serrure à 77euros TVAC en cas de réparation et/ou déblocage d’une porte, hors défraiement (25euros), et hors prix des marchandises éventuelles à payer en cas de remplacement nécessaire.



Quelles sont tes perspectives d’avenir ? Comment souhaites-tu évoluer ?

Dans un sens qui me conviendra, avec une bonne évaluation de mes limites et de mes moyens, pour mettre en oeuvre mes projets dans les valeurs qui me sont chères sans trop de dégâts sur ma santé au long terme…et pour continuer de garantir de services de qualité bien sûr !

Où te vois-tu dans 10 ans ?

Soit dans une coopérative d’artisans/tes dont j’aurai co-initié la création.
Soit être artisane serrurière m’étant spécialisée dans la création d’accessoires ou dans la fabrication/transformation de mécanismes de fermetures/ quincaillerie pour personne en situation de handicap moteur.
Soit fabriquer de la quincaillerie artistique (car je suis aussi Sculptrice et plasticienne).

Fanny étant en stage, elle reprendra son activité à partir du 30 juin, vous pourrez donc profiter de ses services à temps plein dans quelques semaines !

Contacts :
+32 497 70 85 44 goupille.mobile@zaclys.net Plus d’infos par ici !

Après un passage chez ELLE Belgique et Paris Match, la plume de cette publicitaire de formation, mordue de copy-writing, s'est posée chez Boulettes Magazine où elle rédige des reportages percutants et des articles lifestyle brillants. Retrouvez, aussi, une partie de son travail dans le magazine PUB.