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Comment les Ardentes ont osé finir sur une note haute

Ce dimanche 9 juillet, ni Booba ni DJ Snake n’auront enflammé la plaine des Ardentes. Le festival a en effet annulé sa dernière journée pour cause d’alerte météo. Et si l’orage craint n’aura finalement pas (vraiment) éclaté, le festival, lui, finit sur une note haute. 

Marijke De Wilde. Marlo Ghys et Wendy Burecke. Kristof Lenaerts ainsi qu’une cinquième victime dont l’identité a été préservée, sans oublier dix blessés graves et 140 autres blessés : l’édition 2011 du Pukkelpop aura été mortelle, dans le sens le plus littéral et tragique du terme. Le premier jour du festival, alors qu’environ 65 000 festivaliers et saisonniers étaient présents sur place, une tempête s’est en effet abattue sur la plaine. Tempête que Chokri Mahassine, l’organisateur du Pukkelpop, a qualifiée d’une violence « jamais vue » lors d’une conférence de presse après le drame, assurant avoir couru vers le podium pour prévenir les gens du danger dès la réalisation de la gravité de la météo, soulignant que celle-ci n’était « pas prévisible ».

Une réaction qui n’avait pas convaincu à l’époque, les parents des victimes ayant mis en cause l’organisation du festival et la réaction des personnes en charge face à cette tempête « exceptionnelle ». Et si l’enquête originelle avait résulté en l’abandon des charges retenues contre Chokri Mahassine, la ville d’Hasselt et le loueur de chapiteaux par le procureur en charge de l’affaire, trois ans après le drame, les parents d’une des victimes avaient déposé à nouveau plainte pour déterminer précisément les circonstances ayant mené à la mort de leur fils âgé de 24 ans.

« Le Pukkelpop ne doit pas devenir le festival du traumatisme » martelait Chokri Mahassine à l’été 2015 à nos confrères de Moustique.

Reste que la tempête mortelle qui a ravagé la plaine du festival est encore dans tous les esprits. Sur la RTBF, un addendum à un article relatant les faits annonce ainsi que « Nous constatons que cet article est à nouveau partagé sur les réseaux sociaux depuis l’annulation de la dernière journée du festival Les Ardentes à Liège à cause des orages. Précisons qu’il s’agit bien d’un article de 2011, relatif aux événements survenus à l’époque ». Des événements qui auront (doublement) épargné Liège ce dimanche.

Une tempête « tramatique »

D’abord parce que les violents orages craints dès le matin auront épargné la région. Mais aussi et surtout parce que sans savoir que les alertes se révèleraient finalement un peu trop prudentes, décision fût prise dès ce dimanche matin d’annuler la dernière journée des Ardentes.

« En raison des prévisions IRM (pluie, grêlons, vents importants) et après analyse de risque par les différentes disciplines, le comité de coordination réuni à l’Hôtel de Police sous la présidence de Monsieur le Bourgmestre de Liège, invite tous les festivaliers à ne pas se rendre sur le site des Ardentes. Celui-ci n’ouvrira pas ses portes aujourd’hui. Les campeurs sont invités à quitter le camping dans le calme » pouvait-on lire ainsi sur les réseaux sociaux du festival ainsi que ceux de Willy Demeyer, chef de la police.
Une décision accueillie de manière mitigée : en marge des commentaires saluant le « courage » de cette décision et rappelant que « prudence est mère de sûreté », d’autres l’ont plutôt qualifiée de « ridicule », avant que, une fois l’alerte écartée, les critiques ne tournent autour de la gestion de Liège (tram et Ardentes, même combat) ou bien de « l’humour » de l’IRM. « Décidément qu’il s’agisse de la gestion des travaux du tram ou de l’organisation d’un festival de 4 petits jours….la Ville de Liège et son Bourgmestre ne gèrent plus rien » affirme ainsi une commentatrice.

Les Ardentes montrent l’exemple

Et si, dans une ville meurtrie par des travaux aussi interminables qu’envahissants, avec tous les désagréments qu’ils charrient en prime, il est tentant de faire ce parallèle facile, de qualifier l’annulation du dernier jour des Ardentes de « tramatique » et de railler une Ville « qui déraille », en ce qui nous concerne, on choisit plutôt d’applaudir les autorités communales ainsi que celles en charge du festival, qui ont eu le courage de mettre la sécurité des festivaliers au premier plan.

Tant pis pour les critiques, les déceptions ou les moqueries : l’alerte météo, tout ce qu’il y avait de plus grave dimanche au réveil, a été prise au sérieux. « Même si les violents orages annoncés par l’IRM (Institut Royal Météorologique de Belgique) ont finalement évité Liège, ces prévisions extrêmes en code orange ne nous ont pas permis d’ouvrir le festival ce dimanche. Cette décision a été prise par les autorités pour assurer la sécurité de tous. Ce qui est le plus important pour nous également » ont ainsi assuré les organisateurs des Ardentes dans un communiqué diffusé dans la soirée du 9 juillet.

« On comprend votre frustration et vous imaginez à peine la nôtre. Un festival comme Les Ardentes c’est une année entière de préparation pour vous accueillir 4 jours dans les meilleures conditions. Nous avons été tellement heureux de voir votre enthousiasme pour nos nouvelles installations, nos nouvelles scènes et l’ensemble de notre affiche. Nous rêvions tous d’un grand final pour ce dimanche » assurent-ils encore, partageant les modalités de remboursement* dans la foulée.

Mais s’ils l’avaient eu, ce grand final? Pas celui qu’ils avaient prévu, ni celui que les festivaliers attendaient, mais la confirmation que le « petit festival liégeois » a désormais décidément tout d’un grand, en ce compris dans sa gestion des imprévus et des aléas parfois dangereux de la météo belge? Face à l’incertitude qui planait ce dimanche, les Ardentes et la Ville n’avaient que des solutions perdantes : annuler et risquer le courroux des festivaliers, maintenir et susciter incompréhension et critiques, voire, pire que tout, persister à l’organiser, essuyer les violents orages annoncés, et dénombrer d’éventuelles victimes de ce choix sur la plaine du festival. Parmi des options plus ou moins dangereuses et pénibles, les autorités communales ainsi que les organisateurs du festival ont su choisir « la moins pire », comme on dit ici, et finissent ainsi cette édition 2023 sur une note haute alors même qu’aucune note n’aura retenti à Rocourt ce dimanche. C’est ça, le talent.

*Les informations billetterie « arrivent dans la semaine ». Les modalités de remboursement cashless restent inchangées et se feront comme prévu du lundi 10 juillet à 12:00 jusqu’au 24 juillet à 23:59, avec présentation du bracelet. 

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