Les films à ne pas manquer aux Grignoux d’ici à la fin de l’année
Pourquoi faudrait-il attendre le premier janvier pour prendre de bonnes résolutions, alors que là, maintenant, tout de suite, vous pouvez décider de passer ce qu’il reste de 2023 à faire une orgie de cinéma? À Liège, on a la chance d’avoir la programmation pointue et pointilleuse des Grignoux, et en allant s’y faire une séance (ou dix) on ne se fait pas seulement plaisir, on se cultive et on soutient le cinéma indépendant.
Plus qu’une bonne résolution, une bonne action, donc. Alors sans plus tarder, on se munit d’un abonnement ou d’une carte de dix séances, on sort son agenda, et hop, on file dans l’une ou l’autre salle sombre attendre 2024 les yeux scotchés au grand écran.
Les 5 sorties ciné à voir aux Grignoux en attendant 2024
Classées par ordre d’importance, de manière totalement subjective, mais surtout enthousiaste au possible, parce que certains de ces films, Past Lives en tête, ça fait tout bonnement des mois qu’on les attend. Rendez-vous au ciné?
Past Lives
Ça raconte quoi?
À Séoul, Nora et Hae Sung, 12 ans, sont amis d’enfance et amoureux sans se l’avouer. Les circonstances les séparent. À 20 ans, le hasard les reconnecte pour un temps à New York. À 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.
Déjouant les codes du film romantique, Past Lives se distingue par l’intelligence de son récit, sensible et lumineux, naviguant entre les décennies et les continents pour raconter cette histoire d’amour, ces liens qui résistent au temps, mais aussi l’impact intime d’un déracinement dans la construction d’une identité.
Pourquoi on va le voir?
Une production A24 (clap), avec l’incroyable Greta Lee (clap clap clap clap clap) dans un des rôles principaux? Déjà, on trépignait d’envie de voir le film. Mais la vision de sa bande-annonce, bijou de tendresse où nostalgie et humour imprègnent des dialogues précis et intelligents, nous a poussés à passer les derniers mois à vérifier de manière obsessionnelle quand Past Lives serait enfin visible au cinéma. Réponse: maintenant, donc, et on se précipite pour aller voir ce film qui a raflé toutes les accolades et des critiques dithyrambiques.
Wonka
Ça raconte quoi?
Le jeune Willy Wonka, extraordinaire inventeur, magicien et chocolatier, tente de mettre en place une boutique de chocolat en ville. Il doit affronter le cartel des chocolatiers qui voit d’un mauvais œil son arrivée, alors qu’il se met à créer ses premières friandises uniques au monde et qu’il fait la connaissance des Oompa-Loompas.
Pour ce retour très attendu, presque vingt ans plus tard, dans l’univers enchanté de Charlie et la chocolaterie (encore une merveilleuse création de Roald Dahl), c’est le désormais incontournable Timothée Chalamet qui a été choisi pour incarner Wonka, ce jeune homme débordant d’idées et déterminé à changer le monde… avec gourmandise. À ses côtés, on retrouve un Hugh Grant hilarant en Oompa-Loompa précieux et un peu ridicule. Wonka est le film de fin d’année qu’on attendait : haut en couleur, plein d’émotion et d’humour, il nous montre que, dans la vie, les rêves peuvent devenir réalité — surtout si on a la chance de rencontrer Willy Wonka !
Pourquoi on va le voir?
Parce qu’enfant, on a dévoré (et puis relu ad nauseam) le roman fantasmagorique de Roald Dahl, et que des années après l’adaptation de Tim Burton, on connait encore certaines répliques (« J’ai moi-même ma part de trophées. Des exploits de majorette« ) par coeur. Mais aussi parce que TIMMY (Timothée Chalamet, pour ceux qui n’ont pas la chance de faire partie de ses intimes), la toujours fabuleuse Olivia Colman et Hugh Grant, notre crush d’adolescence, qui vieillit de manière bof sexy, certes, mais qui incarne un Oompa Loompa et a déjà dit qu’il avait détesté le jouer. Bref: notre curiosité est piquée, et puis pardon, mais quel meilleur film à aller mater à une période où, de base, on ne fait que se gaver?
Smoke Sauna Sisterhood
Ça raconte quoi?
Un documentaire observant un groupe composé exclusivement de femmes qui se retrouvent dans un sauna en pleine forêt estonienne. Chacune, sous l’écoute bienveillante des autres et dans le cadre ritualisé de cette pratique, va délivrer ses pensées, jusqu’à ses secrets les plus profonds. Ce sont des histoires de tristesse, de terribles agressions sexuelles et de deuil profond, mais aussi de rencontres amusantes, d’amour et d’espoir.
Pourquoi on va le voir?
On pourrait vous écrire une bafouille, vous parler d’un voyage sublime en Estonie, dire que notre curiosité est drôlement piquée, avec une pointe d’envie de retourner explorer le pays, aussi, mais ce serait vachement bien écrit que l’avis des Grignoux, que voici:
« Hints parvient à créer un espace éthéré et magique, dans un film qui requiert d’être vu sur grand écran. Grâce à l’intelligent travail du chef-opérateur Ants Tammik, le film joue sur l’anonymat que permet cet endroit. Les ombres, les volutes de fumée et les reflets luisants sur les peaux composent un tableau d’une beauté abstraite, celui d’un espace sûr et inconnu à la fois, libre et accueillant.
La candeur des personnages est souvent émouvante, et leurs histoires sont bouleversantes. En effet, au même titre que ce film est une analyse de l’expérience du sauna à fumée, c’est aussi un document résolument féministe. À entendre les histoires racontées, qui parlent souvent d’assujettissement des femmes, on comprend que le propos sous-jacent porte sur une société qui a encore beaucoup à apprendre sur l’égalité des genres, mais on sent aussi la force du collectif, du lien qui se crée là.
Il y a quelques parallèles entre le sauna et le cinéma. Ce sont tous les deux des endroits où les gens sont ensemble dans le noir, où l’on se réunit pour écouter et apprendre, et dont on ressort (quand les circonstances sont bonnes) bien plus épanoui qu’on ne l’était en entrant. C’est ce qu’on ressent après la vision de Smoke Sauna Sisterhood ».
Voilà.
The Holdovers
Ça raconte quoi?
Il y a comme un petit air du Cercle des poètes disparus dans Winter Break, un peu de John Keating (ce prof inoubliable interprété par le regretté Robin Williams) dans le personnage de M. Hunham (Paul Giamatti), un professeur d’histoire, pédant et bourru, qui officie dans une école chic de la Nouvelle-Angleterre. Nous sommes en 1970, la veille de Noël : chacun retrouve sa famille pour le « winter break ». Hunham est désigné pour encadrer les élèves qui ne peuvent rentrer chez eux. Cette année, il n’y en a qu’un — Angus, un élève aussi doué qu’insubordonné. Avec Mary, la cuisinière de l’établissement, ce trio improbable va d’abord se détester avant d’admettre que la vie peut amener son lot de (belles) surprises.
Pourquoi on va le voir?
Déjà, parce que Paul Giamatti joue tellement bien, avec une voix tellement captivante, qu’on pourrait payer pour aller voir un film qui serait uniquement un plan de lui lisant les Pages Blanches. MAIS le bottin n’existe plus en version papier, et en prime, on a beaucoup mieux à aller voir, en l’occurence, cette comédie douce amère qui rassemble nombre d’ingrédients des films à succès (l’adolescence! la Noël! les aléas de la vie!) et offre également à Da’vine Joy Randolph, excellente dans Only Murders in the Building, un rôle à la mesure de son talent. Si on devait dire ce que ce Holdovers nous inspire, c’est de l’excitation à l’idée de le voir, donc, mais de la gratitude aussi: en prenant le classique « film d’adolescents », mais en le transposant dans le cadre d’un collège huppé, avec un acteur culte du cinéma d’auteur, son réalisateur, Alexander Payne, nous offre la possibilité de savourer un pur plaisir… pas du tout coupable, pour le coup. Joie! Et en plus, il y a de la neige! Magie de Noël!
Maestro
Ça raconte quoi?
Cinq ans après A Star Is Born, Bradley Cooper signe un autre grand film lyrique consacré à la figure de Leonard Bernstein, légendaire compositeur de West Side Story. Présenté en compétition officielle à la dernière Mostra de Venise
Plus qu’à la virtuosité du chef d’orchestre ou à son engagement politique, le cinéaste s’intéresse davantage à l’histoire d’amour que Bernstein (interprété par Cooper lui-même) partagea avec sa femme, l’actrice Felicia Montealegre (Carey Mulligan), sur une période de plus de trente ans, alors que celle-ci était au courant des relations homosexuelles que son conjoint entretenait en dehors de leur mariage.
Avec une mise en scène incroyablement soignée, soutenue par l’interprétation fabuleuse des deux acteurs principaux, Bradley Cooper signe à nouveau un film exaltant sur les affres de l’amour et de la création !
Pourquoi on va le voir?
« AaaaahAAAAAAAHaaaahAAAHaaaaaaaaaaahAAAAAAAAAAAAHaaaaaaahAaaahAHhaHAhaaaaa ». Lady Gaga interprétant Shallow. Vous l’avez?
Ce qu’on essaie de dire, c’est qu’après un premier essai plutôt réussi, on est drôlement curieux de voir quels autres tours Bradley Cooper a dans son sac. Même si, visiblement, celui-ci contient aussi une prothèse de nez très visible, et ça c’est un peu dommage. Mais qu’importe: on sent déjà qu’on va apprendre plein de trucs sur la vie de Leonard Bernstein, mais aussi sur toute une époque, et même probablement chantonner en douce dans la salle. Et on a bien hâte.
Et histoire de commencer l’année sur la même lancée, sachez que le Priscilla de Sophia Coppola sera projeté dès le 3 janvier. Elle est pas belle, la vie? Allez, tous aux Grignoux on a dit!
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