On est partis sur les traces de DJ Furax
Après avoir enflammé les pistes de danse ardentes au début du millénaire, DJ Furax s’est fait plus discret ces dernières années dans les playlists de soirées mais n’a pas disparu du paysage musical pour autant, au contraire. Heureux bénéficiaire du retour en force de la retro house, il raconte un quotidien à 1000 à l’heure, et revient sur les origines de son tube « Big Orgus ».
Nous sommes en l’an de grâce 2003, les Ardentes ne désignent encore que les Liégeoises au tempérament bouillonnant, et en attendant, ses fondateurs mettent le feu à la Soundstation, où l’ambiance n’est jamais plus brûlante que quand le DJ passe « Big Orgus ».
Et il la passera, c’est certain, car au-delà du rythme incroyablement entraînant de la chanson, son créateur est Liégeois, alors ça mouline du poing en l’air, ça se dandine, et ça crie « BIIIIIG ORGUS » en choeur au moment où le morceau s’emballe. Good times.
Dix-sept ans plus tard, la Soundstation est rentrée en gare, et les soirées de Liège et d’ailleurs ont fait place à un savant mélange de hip-hop et de musique électro désincarnée. Si Big Orgus se fait encore parfois entendre lors de l’une ou l’autre bamboule, il ne suscite plus l’euphorie orgasmique de ses débuts mais bien un plaisir nostalgique, souvenir de l’époque où personne n’aurait rêvé de porter des dad shoes en soirée sous peine d’être immédiatement estampillé has-been. Et DJ Furax, alors, lui, comment a-t-il résisté à l’avancée impitoyable du temps et des tendances? Dans un monde où Paris Hilton est désormais une DJ acclamée, quelle voie pour le natif de Liège, qui fêtera en novembre ces 50 automnes? Une seule manière de le découvrir: prendre contact avec lui.
Après un bref échange de mail, rendez-vous téléphonique est pris, et l’éclat de rire est franc au bout du fil. « Tu as cru que j’étais mon manager? Non non, je suis moi-même, enchanté » se présente DJ Furax, ou plutôt Alexandre Schippers à la ville, ravi de parler d’une carrière qui ne s’est au fond jamais mieux portée. Mais d’abord, pourquoi « Furax », contre quoi est-il donc en colère?
« Il me fallait un nom de DJ, comme à tous les autres. Furax est une référence au film « Signé furax »avec Coluche, et le nom correspondait bien a mes sonorités plus dures »
C’est qu’avant de faire danser les fêtards ardents avec son « Big Orgus », Alexandre a d’abord découvert la batterie à l’âge de 9 ans, et c’est un live d’Amnesia et Lords of Acid qui lui a donné envie de passer derrière les platines. Des influences qui vont animer son son hardstyle, et contribuer à construire sa renommée: né dans une famille de passionnés de musique, Alexandre Schippers comprend en effet très vite que la clé du succès est de se démarquer – et de prendre son destin en main.
« J’ai mixé dans ma chambre comme tout le monde, ensuite j’ai été demander dans certaines sonos et bars pour jouer ma musique, et en faisant ces démarches j’ai bien vite compris que des DJs, il y en avait beaucoup, et que produire sa propre musique était une façon de se démarquer »
Après quelques maxis, il signe sur un gros label des Pays-Bas, et puis « après deux titres, Big Orgus est arrivé, et là, tout a explosé. Je n’ai plus arrêté depuis ».
Premier à avouer q’il ne s’attendait pas du tout au succès du morceau, resté 14 semaines en 12e position des classements belges en 2003, il confie en riant avoir choisi le nom simplement parce que c’était « le nom du patch du synthétiseur de l’époque ». Et revient au passage sur la genèse de ce succès surprise.
« C’était un remix d’une version trance que j’avais réalisée trois ans plutôt et qui avait déjà cartonné à l’époque, je me suis remixé moi-même et le succès a suivi »
Un succès qui a notamment vu le morceau devenir l’hymne officiel du Sporting Charleroi (« une fierté ») et Alexandre Schippers devenir le 1er DJ belge résident à Paris. S’il parle de Liège, sa « ville de naissance », comme une ville qui reste « bien accueillante », il regrette toutefois que la scène musicale et festive liégeoise soit « très mal en point ». D’ailleurs, dans la région, il confie préférer le Real, à Tongres, « une des seules boîtes qui souligne encore le bon vieux temps », même si « The Living Room est très sympa aussi ». Et souligne que si on l’entend moins en soirée, c’est simplement parce que « la couleur musicale actuelle est plus portée sur le rap français et le R’n’B ». Ce qui ne veut pas dire qu’il est rangé des platines pour autant.
DJ Furax a toujours autant la hargne
C’est avec une pointe de surprise et beaucoup d’enthousiasme qu’il confie que son quotidien n’a jamais été aussi rempli que ces dernières années, retour en force de la retro house sur la scène club oblige. D’ailleurs, lui-même n’a-t’il pas été invité à prendre part à Tomorrowland l’été dernier? Un souvenir qui se distingue particulièrement dans ses plus de 25 ans de carrière, le DJ liégeois confiant « avoir senti que quelque chose se passait ».
« C’était fou, fou, fou »
Oserait-on dire… orgasmique? Au-delà du jeu de mot facile, l’allusion est d’autant plus évidente pour qui a vécu ces soirées bénies du début du millénaire à scander Big Orgus mains en l’air. Chaud boulette, bouillant, ardent même. Forcément.