
Politique et pékèt: l’interview barquette de Willy Demeyer
Non, pas du tout. Au contraire, c’est une question de respect pour le centre-ville. L’hyper-centre, c’est une concentration unique d’architecture, de patrimoine… mais c’est aussi une zone géographique d’une grande précarité. Vous savez, il faut être réaliste.
Aujourd’hui, croiser des toxicomanes dans le centre, c’est quelque chose qui peut arriver à toute heure. Ca m’est déjà arrivé.
En tant que bourgmestre, je suis souvent interpellé à ce sujet. D’un côté, on me dit qu’on ne veut plus les voir. De l’autre, on me dit qu’il faut m’en occuper. Une salle de consommation à moindre risque, c’est apporter une réponse à ces préoccupations.
Je n’insiste pas. On vous l’a dit, Willy Demeyer est rôdé. Il en faudra plus pour le désarçonner. Alors quitte à évoluer dans une zone de confort, autant enfoncer le clou.
Il a beau être bourgmestre de Liège, il n’en est pas moins socialiste. Pour faire honneur à son choix « framboise », j’enchaîne donc sur un peu d’idéologie.
Ce sont les électeurs qui décident, mais ce que j’observe, c’est que l’on va de plus en plus vers des politiques de rupture, qui sont des solutions contre-productives. Aujourd’hui, il y a des tensions partout. Vous savez, être socialiste, ce n’est pas tout permettre et être laxiste. C’est faire preuve de solidarité, mais c’est aussi reconnaître le mérite.
C’est cette combinaison qui fait la spécificité du socialisme ; être humble tout en tenant compte de la réalité. Nous, les socialistes, nous prenons nos responsabilités et nous les assumons.
Je pense qu’il faut pouvoir prendre son sort en main, mais je ne suis pas un fanatique.
Je soutiens la meilleure gestion possible, qui soit aussi la plus proche du citoyen sans pour autant multiplier les institutions. Plus fondamentalement, je suis un fervent partisan des Communautés urbaines, comme à Lille par exemple.

Vous m’avez demandé à la Violette. A Jupille, ça aurait été différent.
Un autre rêve un peu fou, ce serait que grâce à toutes les réformes que l’on met en place, qu’elles touchent à la mobilité, au développement durable, au numérique ou encore à la culture, tout le monde puisse vivre mieux en dépensant 200€ de moins par mois.
A l’amour comme à la guerre, Willy Demeyer est un stratège. Barquette de peket ou pas, celui que l’on a parfois qualifié de boa répond en slalomant. Se positionner, tout en évitant de polariser. On a toutefois vu notre bourgmestre hésiter sur les sujets plus personnels, où on le sent plus réticent à se livrer. Impératif de la fonction ou timidité dissimulée ? In Peket Veritas.
Les pekets consommés durant l’interview sont fournis à titre gracieux par Patrick Constant, aux commandes de la distillerie de l’Espérance commerciale, qui fabrique à Montegnée le peket depuis plus de 180 ans, qu’il soit traditionnel ou remis au goût du jour. Loin d’encourager l’abus d’alcool sous quelque forme, l’interview barquette est prétexte à un moment de convivialité… et les interviewés ne sont nullement obligés de boire tous leurs pekets.