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polémique autour des conférences liégeoises

Pourquoi les Grandes Conférences Liégeoises attisent la colère des féministes

Chaque année, les Grandes Conférences Liégeoises s’illustrent grâce au panel d’invités d’exception qui viennent discourir à Liège. Mais cette fois, la programmation fait mâle, et la pénurie de femmes dans les invités a poussé un collectif féministe à organiser sa propre conférence. 

Au programme du cycle 2019 des conférences liégeoises: l’inimitable Stéphane Bern, le philosophe André Comte-Sponville, l’historien David Van Reybrouck, le physicien Etienne Klein, l’écrivain militant Aymeric Caron, le juriste François Ost et pour clôturer l’affiche, la pédagogue Céline Alvarez. Soit une femme seulement sur 7 intervenants, une proportion ridiculement basse qui a poussé le collectif féministe la Barbe Liège à adresser ses vives félicitations « aux mâles organisateurs et intervenants des Grandes Conférences Liégeoises ».

Afflublées pour l’occasion de barbes leur mangeant la moitié du visage, les militantes ont vanté « la qualité et l’expertise des conférenciers et des experts », soulignant avec un enthousiasme feint que « le temps de la connaissance est réservé aux hommes ». 

Ce soir, c’est le temps de la physique quantique. Il est heureux de constater qu’une fois encore, les sujets sérieux tels que les sciences reconnues comme « dures » sont traités avec virilité. Nous félicitons les organisateurs des grandes conférences liégeoises de garantir une masculinité majoritaire dans le choix de leurs intervenants.


Car il n’y a pas que le cru 2019 qui pose problème: sur les 98 conférences programmées ces dernières années, seules 17 femmes ont été invités à intervenir. « Logique » :

On ne peut quand même pas laisser les sujets sérieux aux femmes. Leur cerveau n’est pas adapté à la compréhension des sciences, il est plus léger que celui des hommes. 

 

 

Les femmes sont douces, sensibles, attentionnées, elles se laissent dépasser par leurs émotions, alors que nos nobles domaines nécessitent froideur, sérieux, rigueur et fermeté, bref, des qualités masculines! Si même elles réussissent leurs études, les charges scientifiques ne permettent pas une maternité épanouie. 


Une croyance répandue bien au-delà des frontières de la Principauté, ainsi que le soulignent avec mécontentement les militantes de la Barbe. « combien de femmes ont reçu un prix Nobel en science? Pouvez-vous m’en citer? C’est difficile, elles ne sont que 3% à mériter ce titre. En Belgique, on compte seulement 21% de femmes chercheuses alors que la parité est présente au moment des études ». Une parité qui aurait tout à fait pu être respectée aussi lors de la programmation. Si imposer la parité à tout prix au mépris du mérite est en soi aussi une forme de discrimination sexiste, il existe toutefois suffisamment de femmes brillantes pour assurer qu’elles représentent plus d’1/7 des intervenants des Grandes Conférences. En lieu et place d’Aymeric Caron, Virginia Markus, militante antispéciste honorée pour son combat en Suisse. Plutôt que François Ost, Catherine Toussaint ou Carine Couquelet, deux stars du barreau de Bruxelles célébrées pour leur éloquence. La liste est longue, et il aurait d’ailleurs été possible de garder les sujets proposés, tout en rassemblant un panel exclusivement féminin pour charger. En attendant (et espérant) que les Grandes Conférences réagissent et adaptent la programmation de l’année prochaine, la Barbe finit sur un remerciement amer. 

Merci au plafond de verre persistant qui nous protège de l’invasion des femmes et nous permet, chers messieurs, de conserver de hautes fonctions académiques et de prendre les devants des connaissances.

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.