YCCA, l’e-shop slow et stylé
Si le confinement pose des problèmes à de nombreux magasins physiques, l’e-commerce est lui en plein boom. Fatiguées de la « mode jetable », Laura et Alicia ont lancé YCCA, un e-shop belge qui allie tendance et éthique en proposant des marques de vêtements alternatives made in Europe. Mails échangés et interview croisée, Boulettes Magazine à tendu le clavier au binôme pour découvrir YCCA et ses coulisses.
Fruit du hasard, Laura et Alicia ont débuté leur projet de manière pour le moins étonnante. C’est que le confinement a été annoncé alors que les deux entrepreneuses venaient à peine de se lancer. Si de nombreux éléments ont été chamboulés, comme les séances de shooting photo, les deux amies ont pu rebondir face à la crise : « impossible de compter sur les copines à qui nous avions demandé de nous aider. Nous avons dû jouer les mannequins nous-mêmes, chacune chez soi, et demander à nos conjoints respectifs de nous prendre en photo. C’était très comique et pas évident ! ».
Pour le nom de l’e-shop, les deux jeunes femmes ne voulaient pas d’un nom à caractère « green » ou éthique, parce qu’elles sont convaincues que la mode responsable ne doit pas être une exception, mais la règle. Avec YCCA, elles souhaitaient proposer des vêtements responsables, mais aussi tendances :
« On ne voulait donc pas être réduites à cet aspect éthique et écologique. Dès lors, pourquoi ne pas juste choisir un nom court, facile à retenir et joli ? Voilà comment nous avons décidé de nous appeler YCCA »
L’histoire de la rencontre de Laura et Alicia
Derrière YCCA, c’est avant tout l’histoire d’un duo, celui de Laura (25) et Alicia (26) ans, respectivement issues de Verviers et de Liège : « On s’est rencontrées lors de notre premier boulot dans une grande société de consultance en IT au Luxembourg, et on se retrouvait après le boulot pour manger un bout ». Souvent, les deux copines finissaient la soirée en rêvant de lancer un projet. « Un soir d’été 2019, on discutait de notre frustration liée à nos achats vestimentaires, et nous avons alors décidé de lancer notre propre e-shop afin de proposer des marques de vêtements alternatives, plus éthiques ».
Pour Laura et Alicia, la mode actuelle ne correspond ni aux besoins, ni aux valeurs qu’elles défendent. « Ce que l’on recherche aujourd’hui, ce sont des vêtements de bonne qualité, faits pour durer, mais aussi stylés, bien coupés, qui ont été réalisés de manière éthique et respectueuse de l’environnement. On a envie de savoir que lorsque l’on paye plus cher pour une belle pièce, c’est pour avoir une pièce qui va nous accompagner pendant des années et qui a été produite sans exploiter des travailleurs ou même enfants à l’autre bout de la planète, ou en polluant excessivement ».
Pour les deux entrepreneuses, ce n’est pas un problème de payer plus cher, mais pas pour financer des campagnes marketing inconsidérées ou pour remplir les poches d’actionnaires millionnaires. « Nous avons effectué quelques recherches et découvert énormément de marques responsables ».
Choisir, c’est déjà agir
Pour choisir les vêtements à intégrer à leur catalogue, Laura s’appuient sur six critères de base. Les vêtements doivent être en matières biologiques, fabriqués de manière équitable, être réalisés à partir de tissus recyclé ou upcyclé (issu de chutes de tissus), produits en Europe, être vegan (vêtements vegan) et produits dans une manufacture verte, c’est-à-dire une manufacture qui veille à son impact sur l’environnement. Une longue liste qui fournit déjà une première indication au consommateur.
« Chaque vêtement et chaque marque sur notre site respectent au minimum une de ces valeurs, qui sont clairement indiquées sur chaque produit. Pour nous, c’est super important que nos clientes soient tout à fait mises au courant de ce qu’elles achètent. On veut être les plus transparentes possible. Lorsque l’on navigue dans l’e-shop, on peut filtrer les produits en fonction de ces six valeurs ».
Pour le moment, l’e-shop ne propose que deux marques 100% belges : une marque qui récupère des chutes de tissu pour en faire de jolies pièces féminines confectionnées à Bruxelles et une marque slow-fashion créée par une verviétoise qui réalise des pièces en petites séries uniques, à découvrir bientôt sur l’e-shop. « Nous espérons bien-sûr voir ce nombre grandir à l’avenir. C’est, pour nous, une grande fierté que de proposer des marques belges à nos clientes ».
Fast fashion isn’t free. Someone, somewhere is paying
Pour le moment, YCCA propose exclusivement des vêtements féminins et des bijoux, même s’il est prévu d’étoffer la gamme dans les mois à venir : « Nous désirons aussi proposer d’autres accessoires, comme des sacs à main ou des vêtements de sport ». Dès la saison prochaine, les deux jeunes filles prévoient de doubler le nombre de marques responsables qu’elles proposent.
Des vêtements responsables qui ont malgré tout un coût : « la gamme de prix est directement liée aux valeurs que le vêtement respecte. Plus il en respecte, plus il est cher car la production aura été plus onéreuse ». Mais pour les deux amies, l’important n’est pas là : « le but de la mode responsable est de véhiculer une nouvelle manière de consommer, comme dirait Vivienne Westwood ‘Buy less, choose well, make it last’ ».
Be the change
L’avantage d’un site multimarque, c’est de pouvoir faire ses recherches sur une seule plateforme plutôt que de devoir dénicher soi-même ce dont on a besoin sur les sites web des différentes marques. Ca permet aussi de réduire les frais pour le client, car il ne paie qu’une fois la livraison expliquent Laura et Alicia. « Cela permet également de réduire l’impact écologique de plusieurs commandes séparées. La satisfaction de nos clientes est primordiale pour nous. On compte sur elles pour faire leur shopping de manière raisonnée et de se renseigner auprès de nous sur la taille à choisir pour limiter ces retours et l’impact écologique que cela entraine ».
A l’inverse, si les deux jeunes femmes admettent recevoir leurs commandes par la poste, elles assurent faire leur possible pour les grouper et limiter l’impact du transport : « Les marques avec lesquelles nous travaillons nous font parvenir les articles dans des sachets en plastique recyclé, ou même en amidon, ce qui les rend 100% compostables ».
Laura et Alicia à votre rencontre
Le déconfinement, les deux amies l’envisagent avec plein de projets : « on aimerait organiser plusieurs magasins éphémères à travers le pays pour faire découvrir notre concept ». Laura et Alicia aimeraient aussi organiser des ateliers qui tournent autour de la récup’, du bien-être et du do-it-yourself.
« Malgré cette ère du digital, on pense qu’il est important de pouvoir d’établir un vrai contact physique. De plus, c’est toujours chouette de pouvoir essayer les vêtements, de toucher les matières, de découvrir les coupes… »
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