Café Liégeois #4 : Thomas Malmendier et Clément Dechambre / musiciens de L’Oeil Kollectif
Vous vous souvenez de Charlotte, créatrice des bijoux Mirzale et doctorante à l’Ulg ? Lorsqu’on l’avait rencontrée, elle nous avait parlé avec enthousiasme du collectif de jazz liégeois auquel participait son copain. Cette fois-là, en plus d’avoir été conquises par les jolies boucles d’oreille de Charlotte, on avait été assez intriguées par l’évocation de ce collectif. Et on avait bien l’intention de s’y intéresser de plus près.
Rendez-vous à La Diode pour discuter, autour de quelques verres, avec deux musiciens passionnés – et à l’enthousiasme plutôt communicatif.
A la base, il y a un peu plus de 3 ans, le collectif s’est formé autour de 4 groupes dont les musiciens se recoupaient plus ou moins, dans l’idée de coordonner un peu le tout. Il y a eu des départs, il y a eu de nouvelles recrues, et à l’heure où nous publions cet article, l’Oeil Kollectif compte 9 musiciens. 9 musiciens, tous copains, qui cultivent tous leurs propres projets, à l’intérieur et à l’extérieur du collectif. Les membres se retrouvent, en public ou pas, au sein de groupes plus ou moins éphémères, chacun apportant sa propre identité et sa touche personnelle. Les groupes principaux du collectif sont, pour le moment, Bloom et Bobby de Nazareth.
Progressivement au sein de l’Oeil Kollectif, des projets se sont mis en place, avec comme but principal de donner une meilleure visibilité à une musique qui n’est pas forcément grand public. Et par pas forcément, on peut dire qu’elle ne l’est franchement pas du tout.
Justement, l’ultime point commun qui rapproche les projets de l’Oeil Kollectif, c’est l’improvisation. Et ce qui leur plait tellement dans l’improvisation,c’est la liberté. Pour Clément, c’est aussi le fait d’être humble, et toujours dans la recherche musicale : «Quand on joue, on est aussi en train de travailler, de réfléchir, et c’est ça qui est beau dans la musique improvisée. Chaque fois, on crée de nouvelles choses, par rapport à soi et par rapport à la musique ». Thomas ajoute que pour lui, la rencontre est hyper importante : « On rencontre un autre musicien, on se connaît pas, on a rien travaillé ensemble, et avec la plupart des gens il y a moyen de jouer de la musique ensemble très naturellement… même sans parler la même langue». Pour lui, cette rencontre, à deux ou à beaucoup plus, c’est tout la magie de l’impro.
Sinon, le collectif a aussi des projets plus récurrents : c’est le cas des soirées JazzOff. Une fois par mois, l’Oeil Kollectif organise une soirée à L’An Vert en invitant d’autres groupes, toujours avec l’idée d’improviser. Les invités s’occupent du premier set, et les membres du collectif les rejoignent pour le second set, et autour de cette réunion, « Il se passe quelque chose », il y a du partage, les réseaux se créent. On l’aura compris, l’intérêt pour l’Oeil Kollectif, ce n’est pas tant l’organisation d’évènements que les rencontres qui en découlent ! La prochaine soirée, c’est d’ailleurs demain – plus de renseignements à la fin de l’article !
Du coup, on leur a demandé s’ils se sentaient soutenus par les liégeois. Comment ça se passe, à Liège, pour créer un collectif et développer des projets, surtout lorsqu’on se concentre sur quelque chose d’aussi particulier que le Jazz expérimental ? Pour les deux musiciens, le soutien est bel et bien là, du moins du côté des organisateurs : ils se sentent plutôt bien accueillis dans plusieurs salles liégeoises, notamment La Diode, L’An Vert, le Jacques Pelzer club ou La Zone. Le problème se situerait plutôt du côté du public et de la difficulté d’avoir une bonne visibilité dans la Cité Ardente. D’où l’intérêt pour eux de monter un collectif, et de s’associer à l’occasion à d’autres collectifs liégeois. Tom souligne : « On est tous à Liège, c’est un peu la même galère pour tout le monde » . Du coup, une grande solidarité en découle, et même si les styles musicaux sont différents, les membres s’invitent mutuellement ; par exemple, l’Oeil Kollectif s’est déjà retrouvé invité par les collectifs super actifs Jungle ou Honest House.
Donc oui, il y a moyen de s’en sortir à Liège, même si c’est parfois la galère. Mais comme souvent, c’est une question de relations et de réseaux –dans le sens le plus noble du terme. Selon Clément, « On est déjà tous passé par une phase où on s’est dit que Liège c’était de la merde, et que du coup on voulait aller à Bruxelles, puis Paris, Puis New-York… ». Etant passées par là également, on ne risque pas de le contredire. Pour lui, « La Belgique c’est comme une grande ville », il se sent belge avant tout. Mais il rappelle qu’ils ont grandi ici, qu’ils vivent ici, et que faire en sorte qu’il se passe des choses ici, dans leur ville, c’est aussi ça qui les motive.
Les bons plans de Thomas et Clément :