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Coup de gueule: « J’en ai marre de me prendre la TEC »

Bon OK, après avoir bougé dans des villes comme New York ou Montréal, et avec les travaux du tram qui paralysent la mobilité liégeoise, je ne suis peut-être pas la plus objective pour faire le procès du TEC. Mais bon, parfois un coup de gueule fait changer les choses alors espérons que cet article fasse effet papillon…

Une fois, deux fois, trois fois que le bus nous passe sous le nez. Sans explication. Le SAV inaccessible et toujours dé-bor-dé. Un peu de neige et tout est bloqué. Les arrêts déviés ou les arrêts oubliés. Sans compter les fois où le chauffeur ne s’arrête pas pour les petits vieux. Combien d’entre eux ai-je vu trotter vaillamment, la main tendue vers tous les saints, priant que le chauffeur ne redémarre pas ? En vain … Comme dans la plupart des couples, le problème est la communication. On ne s’entend plus, parce qu’on ne s’écoute plus. Chauffeurs comme usagers.

Je précise. Le TEC et moi, c’est des années de relation. Je prends le bus depuis mes primaires, je sais donc de quoi je parle. C’est donc plus de 15 années de joies et de frustrations que vous vous apprêtez à lire, comme un doigt d’honneur aux transports en commun liégeois… que j’hais-me de tout mon cœur…

Décalage horaire

C’est l’histoire de l’ami d’un ami, dont le fils est chauffeur de bus. Celui-ci disait qu’il roulait en fonction de son itinéraire et non selon les horaires. C’est-à-dire que plus vite il finit son tour, plus tôt il est rentré chez lui. Légende urbaine ou non, cela justifierait-il les retards répétitifs et l’irrégularité au sein des lignes ? Pour les usagers, il suffirait d’appliquer le théorème de Pythagore pour calculer l’heure exacte d’arrivée, moins l’heure du prochain, fois l’heure prévue… Là où, il s’agirait pour les bus de respecter l’horaire indiqué, en fait. Marre de ces transports en commun qui roulent au singulier !

Conseil : venez 10 minutes après votre bus, il sera peut-être en retard et au pire, vous serez en avance pour le prochain. Un rendez-vous raté ? En retard à un exam ? Il va falloir redoubler de créativité pour ne pas ressortir une énième fois la même excuse ! Avoir un bus c’est une victoire, être à l’heure ça se mérite.

Je ne suis pas experte mais faire passer 4 bus, qui ont plus ou moins la même destination ou en tout cas la moitié de leur itinéraire en commun, aux mêmes heures, aux mêmes arrêts, n’est pas la recette parfaite pour rendre les usagers heureux. Lesquels voient, de ce fait, leurs chances d’arriver à destination, à l’heure, anéanties. En effet, la théorie voudrait qu’on ait plusieurs bus répartis sur une heure. Oserions-nous espérer avoir un bus toutes les 10 minutes ? En résumé, pour vous rendre à un point B, vous aurez le luxe de voir passer 4 bus à votre arrêt, en moins de 5 minutes. Si vous n’êtes pas à l’arrêt, pile durant ce laps de temps, vous serez bons pour attendre 20, parfois 30, longues minutes avant de voir la prochaine brochette de bus débarquer.

Enfin, la mobilité depuis le centre vers l’extérieur de la ville est tout simplement catastrophique. Comment s’en sortir avec un bus par heure ? Sans compter la paralysie du week-end, avec – en bonus – un bus toutes les 3 heures… WAW ! Les transports en commun ne sont déjà pas ouf pour circuler en plein centre, et manquent à l’appel lorsqu’il s’agit de sortir de Liège. Alors on fait comment ? On prend la voiture.

Une mobilité digne de ce nom ne devrait pas se limiter à un rayon de 10km, car oui, il existe une autre vie au-delà des frontières du centre…

 

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Merci le rapport « qualité »-prix

Si vous n’avez pas un BAC+5 en « calcul de zone », vous risquez de ne rien comprendre aux prix imposés par le TEC et c’est bien malheureux. Pour commencer, choisissez entre un ticket unitaire, un ticket avec plusieurs voyages (4, 6, 8 ou flex) ou un abonnement (1, 4, 6 ou 12 mois). Le prix minimum étant de 2,10€ pour un voyage qui fait 1 ou 2 zones. +0,50€ par ticket acheté à bord, + 0,30€ sur les tickets unitaires achetés sur cartes jetables.

Mais le prix augmente aussi en fonction de la distance que vous parcourez. La deuxième étape est donc de choisir entre Next (1 ou 2 zones), Horizon (tout le réseau) ou Express (tout le réseau + lignes express). Une fois que vous avez établi votre profil – « dis-moi où tu vas et je te dirai combien tu paies » – vous arriverez à un prix total, qui reste bien trop cher au vu des services fournis. La bonne nouvelle : l’abonnement annuel Express est gratuit pour les 65+ ayant le statut BIM et les 6-11 ans, et coûtera 12€/an pour les 18-24 ans. La moins bonne nouvelle : pour les 12-17 ans, cet abonnement coûtera 281€/an ! Vu que c’est papa et maman qui paient encore …

Lire aussi: 10 résolutions impossibles à tenir à Liège

Toutes les infos sur les prix ici !Vous ne comprenez toujours pas comment calculer vos zones ? Moi non plus. Peut-être trouverez-vous la réponse ici.

Avec l’arrivée du tram à Liège (pour 2024, croisons les doigts !) j’ose espérer que la mobilité et les prix vont s’améliorer. Car au vu des tarifs, c’est à se demander si les transports en commun et toutes leurs galères sont un problème de riches. Big up à la SNCB aussi, by the way. Qui n’est pas mal non plus dans le genre transports de luxe (niveau budget, pas qualité, soyons clairs)…

Les transports en communs gratuits ? Le 1er mars 2020, le Luxembourg est devenu le premier pays au monde (avec l’Estonie) à rendre les transports publics gratuits sur l’ensemble de son territoire national. Tous les voyageurs peuvent monter librement dans les bus, les trains ou les trams sans avoir besoin de ticket. Des chiffres datant de l’automne 2021 (pandémie de 2020, toi-même tu sais) montrent une augmentation de l’utilisation des transports publics. J’aurais donc tendance à voter oui aux transports gratuits, pour donner les mêmes chances à tout le monde d’une part et pour désengorger les routes d’autre part, sans compter l’impact positif sur l’environnement.

À vos portefeuilles les contribuables ! Au lieu de payer pour des travaux qu’on n’a pas demandés et pour l’état des routes qui s’empire, autant payer pour que tout le monde puisse se déplacer librement non ?

Enfin, c’est peut-être le serpent qui se mord la queue, car qui dit gratuité, dit encombrement sur les lignes et augmentation de l’offre de transports, et ça ce n’est pas gagné non plus.

N*que ta grève?

Rien ne justifie le fait de se faire agresser, personne ne mérite ça. Même pas un chauffeur en retard, un chauffeur qui ne vous rend pas votre bonjour ou encore un chauffeur qui roule comme un malade. Un juron – pensé – à la rigueur, mais jamais en venir aux mains ou aux insultes. Malheureusement, Dieu seul sait que dans notre Cité ardente, la population est elle aussi parfois … échaudée.

Surtout que malheureusement, bis, les transports en commun à Liège, ça tend. Et même au sein du TEC, certains pensent la même chose et considèrent qu’ils ont la grève facile… (c’est pas moi qui le dis !)

Quand on fait le compte : une perte de temps, d’argent et on n’a même pas un sourire pour compenser tout ça ! Rappelons que ce sont des fonctionnaires avec des horaires de fonctionnaires et un salaire de fonctionnaires. Si personne ne monte dans leur bus, ça ne changera rien à leur vie. Sans compter qu’il n’y a aucune concurrence en termes de transports en commun à Liège, donc qui va dire quoi ? Et si les usagers faisaient grève ?

Il y a de ça, à peine trois jours, une femme avec deux enfants et un bébé dans les bras, qui courent pour tenter d’avoir le bus, arrêté au feu rouge, à 10 pas de l’arrêt. Celui-ci redémarre sans leur ouvrir ses portes. « Prenez les transports en commun » disent-ils. Ben ce n’est pas qu’on ne veut pas, mais …

Bien sûr il y a des exceptions, « les chauffeurs ne sont pas tous des cons » « ils n’ont pas un job facile » et de nombreuses grèves sont justifiées.

Et donc – of course – je ne m’en prends pas personnellement au personnel du TEC, je m’en prends juste à un système qui est loin d’être optimisé, archaïque, avec des façons de faire hiératiques où les usagers sont négligés, voir oubliés.

Pour conclure cette histoire d’amour-haine qui m’unit au TEC, je précise qu’aujourd’hui, je suis – contrainte et forcée – de prendre le bus car je n’ai plus de voiture à cause d’un connard qui l’a déclassée (et pris la fuite). L’avantage, pour ceux qui ne le savent pas, c’est qu’à la suite de ça, j’ai dû radier ma plaque d’immatriculation, et avec la preuve de radiation de votre plaque, vous pouvez faire la demande d’un abonnement TEC qui vous sera offert pour une durée de 3 ans. Alors, on dit merci qui? Merciiiii le TEEEC!

 

Après un passage chez ELLE Belgique et Paris Match, la plume de cette publicitaire de formation, mordue de copy-writing, s'est posée chez Boulettes Magazine où elle rédige des reportages percutants et des articles lifestyle brillants. Retrouvez, aussi, une partie de son travail dans le magazine PUB.