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La chocolaterie Galler relève la tête et rêve en grand

Quand tout va mal, il reste le chocolat pour nous aider à nous rappeler de tout ce qui va bien. Voici peut-être la leçon principale livrée par Harry Potter et le Prisonnier d’Azkaban. Et pour ceux qui ne versent pas dans la magie, il y a la chocolaterie Galler. Fière, indépendante, et délicieusement solidaire.

Gravement sinistrée par les inondations de juillet, la chocolaterie fait front depuis des mois pour relancer la production. Une catastrophe saisie à bras le corps par toute l’équipe, souvent accompagnée par les proches et qui, ensemble, forment un véritable barrage solidaire. En s’organisant pour relancer la production à Chaudfontaine, au plus proche des collaborateurs. En décidant en bonne intelligence qui fera la navette dans l’intervalle, pour assurer la continuité de l’approvisionnement. En dialoguant. Et en continuant de faire ce qu’elle fait le mieux : du chocolat fourré aux valeurs. Des considérations matérielles concrètes à l’impact profondément humain et qui n’empêchent pas la chocolaterie de continuer à voir loin et de rêver grand.

Plus de bras, plus de chocolat

GallerSi on a tous une version différente du carnage laissé par les inondations de l’été 2021, difficile d’être passé à côté des images désolantes de la chocolaterie sous les eaux. Un drame économique, mais aussi social pour les 170 collaborateurs de la chocolaterie, souvent eux-mêmes riverains et qui se seraient bien passés de cette double peine…

On a en revanche moins parlé de l’énergie mise en œuvre par l’ensemble du personnel pour parer au plus pressé et relancer la production au plus vite. Une fois les eaux évacuées et les premiers dégâts constatés, la chocolaterie a fait un grand pow-wow pour savoir comment redémarrer du bon pied, et faire contre mauvaise fortune, bon cœur. C’est à cette occasion qu’il a été décidé de déplacer une partie de la production à Eeklo, le temps de relancer la machine, et de réhabiliter l’usine de Vaux-sous-Chèvremont, proche du domicile de nombreux collaborateurs.

« La volonté est de tout ramener à Liège, où sont basés énormément de collaborateurs. La proximité est une valeur essentielle chez Galler. », Vanessa Fernandes, Brand & Community Coordinator.

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Une reprise rendue possible par une bonne dose de volonté, en ce compris venue de l’extérieur, comme l’explique Vanessa Fernandes : « Dès la fin des inondations, tout le monde y a mis du sien. Je me rappelle, nous sommes tous venus avec nos bottes et avec nos seaux. Il fallait voir ça ». Et celle-ci d’insister sur l’importance du lien tissé par la chocolaterie avec ses collaborateurs : « C’est le papa retraité d’une collaboratrice qui s’est porté volontaire pour travailler sur la remise en état de la ligne de production. Nous sommes une sorte de grande famille chez Galler. »

Une résilience à toute épreuve puisque déjà en grande partie relancée, du moins pour l’emballage, la pâtisserie et les chocolats creux, la chocolaterie devrait être 100% opérationnelle dès le mois de juin. Une reprise des activités également marquée par la réouverture de la boutique outlet historique de Vaux-sous-Chèvremont, aux commandes de laquelle on retrouve Lory, comme auparavant. De bonnes nouvelles à la veille des fêtes de Pâques et que confirment les délicieuses odeurs de cacao et de beurre fondu qui se dégagent des allées de l’usine remise à flots.

Plaisir non-coupable

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Fournisseur officiel de la Cour de Belgique, la chocolaterie Galler ne doit pas ses lettres de noblesse qu’à la qualité de son chocolat et à son implantation locale. Depuis la reprise en mains de l’entreprise par Salvatore Iannello et son équipe, celle-ci s’est positionnée comme un pionnier du durable, du social et de l’éthique. Des valeurs qui s’accompagnent d’une gouvernance interne « libérée » qui vise à briser les hiérarchies traditionnelles sur le lieu de travail.

« Notre organisation interne a pour ambition de supprimer les hiérarchies habituelles sur le lieu de travail et d’avancer vers une holocratie, de manière à ce que les décisions soient prises collectivement, en cercle et en fonction des métiers. »

Des valeurs empathiques et universelles qui donnent au chocolat un délicieux arrière-goût de respect et d’humanité qui va bien au-delà du cadre de l’entreprise stricto sensu et dont les inondations n’auront heureusement pas eu raison.

C’est en ce sens qu’ont récemment été invités Yesson Moussa et Amaré Koné, représentants de la coopérative Yeyasso, qui emploie 42 personnes en Côte d’Ivoire et rassemble plus de 6.000 producteurs de cacao sur place. Des travailleurs extrêmement précaires dans une industrie qui redistribue encore bien trop peu ses bénéfices vers la base explique Isabelle Petit Dufernoy, Ethical and Sustainability Coordinator chez Galler.

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Engagée dans une démarche Fair Trade rigoureuse, la chocolaterie Galler souhaite aller de l’avant en se fixant ses propres standards. C’est la raison pour laquelle elle est activement impliquée dans deux programmes conjoints au niveau belge : People Planet in Cocoa, qui vise à diversifier et autonomiser les cultivateurs de cacao tout en les orientant vers des cultures plus responsables et Virtuose Beans qui a pour objectif de travailler sur l’ensemble de la filière pour la rendre plus équitable, et plus écologique au passage.

« Lorsqu’un cultivateur décide d’acquérir des poules pour recourir au fumier plutôt qu’aux intrants chimiques, il fait une triple bonne opération. D’un côté, il autonomise sa production, de l’autre, il la diversifie, puisqu’il produit des œufs, qu’il peut manger ou revendre. Enfin, il opte pour un mode de production plus durable, mais connait à court terme une baisse de production. Avec le programme Virtuose Beans, nous cherchons à les épauler dans cette démarche », Isabelle Petit Dufernoy, Ethical and Sustainability Coordinator chez Galler.

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Un souci de l’humain qui pousse aussi la chocolaterie à réfléchir à d’autres manières de fabriquer son chocolat, par exemple en évoluant vers des gammes plus spécifiques, plus indépendantes des grands distributeurs et plus rémunératrices pour les cultivateurs. « Notre objectif est de mieux payer les cacaoculteurs, nous confie Isabelle Petit, selon qui des pistes existent pour augmenter la valeur sur place ». Quant à savoir sous quelles formes ? C‘est une décision qui devra être prise avec les coopérateurs de Yeyasso, qui signifie « Village d’espoir ».

Certes, on est encore loin du mois de décembre, mais cette année, Pâques aura un petit parfum de Noël pour l’ensemble du personnel, pour qui le retour au bureau résonne comme une libération et à qui on a envie de bravo, et merci.

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Explorateur du quotidien, Clem vit sa ville entre de multiples jungles, qu'il parcourt bras dessus, bras dessous aux côtés de Kath. Reporter pour Boulettes, Le Vif et Saveurs, il profite de la vie comme on croque un fortune cookie, intensément, tout en se remémorant ce proverbe : “life is like a roll of toilet paper. The closer it gets to the end, the faster it goes”