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Agression homophobe aux guillemins - Unsplash

Les Guillemins théâtre d’une agression homophobe ce mardi

La semaine prochaine aurait dû se tenir la Belgian Pride, si le Covid-19 et le confinement n’en avaient pas décidé autrement. Pour faire mauvaise fortune bon coeur le photographe Bob Reijnders a décidé de tirer le portrait de membres de la communauté LGBTQI+, « comme s’ils y étaient ». Une intention louable qui s’est transformée en agression homophobe ce mardi. 

Tout avait pourtant si bien commencé. Alors qu’il y a quelques jours encore, la météo annonçait nuages, vent et même pluie pour aujourd’hui, un soleil vaillant avait finalement décidé de se montrer. Tom Devroye, coordinateur chez Arc-en-Ciel Wallonie et son amie Megan rejoignent Bob Reijnders et son mari à la gare des Guillemins pour prendre part à sa campagne photographique. Objectif: organiser une pride « virtuelle », à grand renfort de portraits de membres de la communauté LGBTQI+ « comme si nous allions à la Pride ». Ainsi que le raconte Tom, « nous étions belles, elle en robe rouge d’été et moi en legging rose. Nous avions des drapeaux arc-en-ciel et étions déterminées à faire les divas pour quelques minutes ». Un vent de paillettes salutaire après des semaines d’hibernation forcée, et l’annulation d’un événement attendu de pied ferme chaque année par le milieu LGBTQI+. Malheureusement, dès l’arrivée de Megan aux Guillemins, les ennuis commencent.

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Agression homophobe en plein jour

« Megan arrive tremblante, elle vient de se faire insulter sur le chemin entre le ‘kiss and ride’ et l’avant de la gare par plusieurs hommes. On décide d’aller de l’autre côté pour être plus au calme. A peine le drapeau sorti et les premiers réglages, un groupe commence à nous insulter ».

« Cassez-vous », « Vous êtes dégueulasses de faire ça devant des enfants », « On a vu que vous étiez pédés, c’est bon », « Si vous ne vous bougez pas, c’est nous qui allons vous bouger »

Et un homme de s’approcher du petit groupe pour leur demander de ne pas afficher le drapeau arc-en-ciel. « Les jambes tremblent, les cœurs battent à 1000 à l’heure, les sourires sont figés sur les photos. Ils lancent une cannette de bière remplie dans notre direction ». Fort heureusement, ils ratent leur cible, qui, eux, ne lâchent pas les deux agents Securail qu’ils aperçoivent… et dont la réponse s’avère malheureusement bien décevante: « l’un d’eux me regarde avec dégoût et mépris. L’autre m’explique gentiment qu’ils ne sont pas compétents pour ce genre d’affaire et que le commissariat n’est pas loin ».

Agression homophobe aux guillemins - Unsplash

Jusqu’à ce qu’une autre équipe de Sécurail arrive, lance la conversation avec les auteurs de l’agression homophobe qui vient de se produire, et permette à Tom, Megan et les autres de respirer enfin un peu. « Pourquoi ai-je décidé, à nouveau, de dénoncer ce genre de faits qui arrivent malheureusement quotidiennement à de nombreuses personnes LGBTQI+ de par le monde ? » interroge Tom dans un post partagé des dizaines de fois en moins d’une heure.

« Parce que nous sommes fatigué-e-s, énervé-e-s, tristes, et angoissé-e-s. Parce que nous refusons de devoir nous cacher, partir, rentrer dans le rang, baisser la tête et ravaler notre colère de peur de nous faire agresser ».

Et aussi « Parce que Megan me raconte plus tard, quand je la raccompagne à sa voiture, que « si [elle] devait faire des posts chaque fois que ça lui arrive, [elle] en ferait 20 par jour » ». Pour Megan, Tom, Bob, et tous les autres, contraints comme le jeune coordinateur d’Arc-en-Ciel wallonie « d’avoir l’air hétéro, ne pas sortir de la norme. Et je le fais, lâchement. Être invisible ». Parce qu’il « faut une force de caractère incroyable pour tenir dans une société qui se moque de toi, t’insulte, te crache à la gueule ».

« Force et courage à tou-te-s mes ami-e-s, proches, frères, sœurs, connaissances et toutes les personnes LGBTQI+ à qui cela arrive beaucoup trop souvent. Nous n’abandonnerons jamais. Vous n’êtes pas seul-e-s. Vous êtes des survivant-e-s. Vous êtes des héro-ïne-s ».

« Nous sommes tou-te-s des héro-ïne-s » finit le jeune homme. Et Arc-en-Ciel Wallonie de rappeler de son côté que « ce type d’agression peut faire l’objet d’une plainte auprès de la police, d’un signalement auprès d’Unia et/ou d’une communication aux associations compétentes. Ne pas en parler, c’est nous invisibiliser. Recenser ces agressions, c’est mettre en lumière les violences quotidiennes que nous vivons ». Vous avez été victime ou témoin d’une agression homophobe? Prenez contact avec Arc-en-ciel Wallonie au 04/222.17.33. Parlez, criez, dénoncez. Vous êtes des héro-ïne-s, et vous n’êtes pas seul-e-s.

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.