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capture d'écran SPW

Pourquoi la vidéo des voeux du SPW fait mal au coeur

Sacrée fausse note pour le SPW, qui commence cette nouvelle décennie en étant la risée de la toile après la diffusion d’une vidéo de voeux délicieusement kitsch tournée par le service. Mieux vaut en rire, n’est-ce pas? Sauf qu’en réalité, cette vidéo, et sa diffusion goguenarde, font plutôt mal au coeur. 

Voyez donc, tout y est: air désuet (pour ne pas dire ringard), fausses notes, voix de fausset… Le SPW aurait voulu créer le (bad) buzz qu’il ne s’y serait pas pris autrement. Impossible, dans ces conditions, de ne pas ressortir d’un air moqueur le refrain de la « Wallonie qui gagne », et qui gagnerait décidément plutôt à prendre des cours de chant. Sauf qu’à trop en rire, on oublierait presque que la situation est plutôt triste. Sur la forme, d’abord: en 2020, dans une région connectée d’un pays civilisé, peut-on encore vraiment diffuser un spot pareil?

Tout dans la vidéo évoque ces odieuses cartes musicales que votre Tonton Gégé vous offrait au début du millénaire, et le concept n’a décidément pas bien vieilli. « Qui a donc pu bien valider ça », vous demandez-vous, et nous aussi, et la question est légitime. Il ne faudrait pas toutefois que ces considérations de forme empiètent sur le fond, car contrairement à la vision cauchemardesque d’une certaine élue PS parlant à son Teddy (les vrais sauront), ici, la vidéo n’avait aucune vocation à être diffusée au grand public.

Fausse note pour le SPW

Suite au bad buzz engrangé par ce spot qui voit notamment le responsable du SPW Mobilité se faire tatouer un « SPW Forever » sur l’omoplate, Nicolas Yernaux, porte-parole du SPW, a assuré que la vidéo avait été tournée pour une diffusion en interne.

« Le but était de réaliser un message de communication interne à destination du personnel des agents du SPW à l’occasion de la nouvelle année (…) Vu de l’extérieur, cela peut paraître ridicule. Mais si c’est votre patron qui le fait, ça va vous faire sourire. Cela doit être pris au second degré »

Et d’ajouter encore que l’objectif était d’encourager les 10 000 agents du SPW à suivre l’exemple de la direction en sortant de leur zone de confort. Car Dieu sait que les protagonistes de la vidéo ont l’air d’avoir été sortis de la zone en question, et lâchés quelques milliers de kilomètres plus loin, et c’est bien pour ça que cette vidéo fait mal au coeur. On vous propose de pousser la chansonnette pour motiver les employés, face caméra qui plus est, vous savez chanter faux et n’être pas très à l’aise devant l’objectif, mais bon, les collègues ont dit oui, et puis personne ne la verra, donc bon, d’accord, et puis soudain, vous tournez en boucle sur les réseaux sociaux sous l’oeil goguenard des internautes. Cauchemar. Si la légendaire fierté wallonne (ou bien est-ce seulement à Liège?) est certainement mise à mal par le format kitsch et daté choisi pour diffuser le message (même en interne, c’est légèrement gênant), ce qui devrait véritablement faire de la peine, c’est le sort des 7 directeurs généraux du SPW, jetés ainsi en pâture sur l’impitoyable Toile. Espérons qu’eux, au moins, auront réussi à garder le message initial en tête et à prendre tout ça au second degré.

Et sinon, pour des voeux différents: 

Journaliste pour Le Vif Weekend & Knack Weekend, Kathleen a aussi posé sa plume dans VICE, Le Vif ou encore Wilfried, avec une préférence pour les sujets de société et politique. Mariée avec Clément, co-rédacteur en chef de Boulettes Magazine, elle a fondé avec lui le semestriel SIROP, décliné à Liège et Bruxelles en attendant le reste du pays.