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Les Liégeois confient leurs addictions - Unsplash - Am JD

10 Liégeois se confient sur leurs addictions insolites

Addictions, dépendances, troubles obsessionnels (clic clac clic clac clic clac) compulsifs (oups l’interrupteur) ou juste plaisirs coupables font souvent partie de nos vies. Que l’on s’en rende compte ou non, ces petits « défauts » (pour certains) ou drogues (pour d’autres) peuvent carrément nous pourrir le quotidien … Pour réussir à lutter ou à s’en débarrasser, il faut parfois avoir des super-pouvoirs et devenir un super-héros… ça tombe bien, nous en avons rencontré 10 !

Avant de parler d’addiction, il est important de savoir que quasiment tout le monde souffre de dépendances affectives et que celles-ci sont souvent la source d’autres accoutumances. Selon Alain Marthoz, psychopraticien, hypnothérapeute, coach Intégral et grand passionné de la conscience humaine, tout le monde souffre d’une addiction à quelque chose, à des degrés divers.

« L’addiction c’est une tentative de l’inconscient de montrer quelque chose et de satisfaire un besoin, c’est un signal d’alarme. C’est plutôt la cause de quelque chose. »

L’addiction se produirait aussi quand le plaisir se transforme en quelque chose qui nous fait du mal, dont on perd le contrôle. Être addict, en résumé, c’est ressentir un plaisir instantané, mais qui n’est pas sain et qui doit être répété régulièrement.

« À Liège, je rencontre beaucoup de gens accros à la cocaïne, au cannabis, aux jeux type Bingo… une personne est accro au moment où elle s’en rend compte. C’est à partir du moment où elle le remarque qu’elle peut espérer changer. »

Toutes les problématiques humaines (comportementales, problèmes relationnels, addictions…) au fond, seraient liées à cette dépendance affective. C’est difficilement compréhensible car dans nos sociétés, on confond l’amour et l’attachement. Tant que les personnes ne voient pas ça, toutes les autres problématiques restent… La preuve par 10.

Les Liégeois confient leurs addictions - Unsplash - Am JD

Media Woman – Louise, 28 ans, a une addiction aux réseaux sociaux

« Tout le temps, partout et avec n’importe qui (rires) ! » ce n’est pas de sexe dont Louise, 28 ans, nous parle (même si nous aurions aimé rencontrer un/une nymphomane), mais de réseaux sociaux. Mal du siècle ou symbole d’une nouvelle ère ? Souffrir d’hyperconnexion est malheureusement plus courant qu’on ne le croit…

Louise fait partie de cette génération Y, née avant les réseaux sociaux, mais qui a grandi avec : « En 2003, j’avais 12 ans, j’étais déjà sur My Space, puis mon compte Facebook a vite suivi. On ne se rendait pas compte des dangers des réseaux sociaux à l’époque. Maintenant, c’est devenu un phénomène de société qui sert/dessert tous les secteurs. » Louise consulte (toutes) ses applications du matin au soir.

« Dès que je me lève, je check mes notifications et je scroll pendant une heure environ pour voir si j’ai manqué quelque chose et pour suivre l’actu. Le positif ? Ça m’inspire au quotidien et ça stimule mon esprit. Ça me permet de voir et de penser à des choses auxquelles je ne pense pas moi-même. Voir le nouvel appartement (et sa déco) d’une instagrammeuse par exemple. Mais ça a aussi du négatif… J’envie la vie des autres et je ne me satisfais plus de la mienne. »

Par jour, Louise n’a pas compté les heures, mais quand elle ne travaille pas, qu’elle ne mange pas ou qu’elle ne dort pas, elle est sur son téléphone. Constamment. « Même le soir, devant ma télé, je n’arrive plus à passer un moment sans mon téléphone, j’ai la chance d’avoir un petit ami compréhensif, mais ça a été la source de nombreuses disputes… »

Super Nose – Elisa, 24 ans, souffre d’une addiction aux gouttes pour le nez

Elisa a 24 ans, elle ne souffre pas de rhume ou de sinusites chroniques, mais elle ne respire pas l’air de la vraie vie sans ses gouttes pour le nez : « Je suis addict aux gouttes pour le nez, plus précisément Otrivine en gouttes (le « en gouttes » a toute son importance) ! J’ai constamment le nez bouché. Impossible de respirer et de dormir, donc les gouttes améliorent vraiment ma qualité de vie et de sommeil. »

Elisa met des gouttes à chaque fois qu’elle en ressent le besoin et ça va jusqu’à un flacon toutes les semaines et demi. Avant d’en mettre, il lui est impossible de respirer, elle a des maux de tête et elle ne peut se concentrer sur autre chose que ça. Après sa dose d’Otrivine, elle est soulagée de pouvoir respirer correctement. Ceci n’est pas un placement de produit.

« Si je n’ai pas de gouttes je passe en full panique mode et je dois trouver la pharmacie la plus proche même si il est 22h et même en vacances ! Pour les gens qui ne me connaissent pas, ça peut paraître étrange de me voir m’injecter des gouttes dans le nez tous les jours et n’importe où. J’ai déjà eu des regards bizarres dans le bus ou au resto, par exemple. »

Un tube de gouttes lui coute 6€ donc elle dépense en moyenne 25€ tous les mois : « Même plus parce que j’aime bien avoir des tubes un peu partout, au bureau, dans mon sac, dans ma chambre … Je ne peux pas vivre sans. »

Double Ration – Pierre, 46 ans, accro à la nourriture

Pierre 46 ans, est addict à la nourriture : « J’ai commencé à manger beaucoup vers 22-23 ans et ça a été crescendo. Le problème n’était pas seulement le fait que je mangeais beaucoup, mais en plus de ça, je mangeais vite. À table, tout le monde expédiait son repas, ce n’était pas vraiment un moment que l’on partageait en famille. »

En plus de ça, Pierre est une personne stressée de base, la nourriture ne l’aide plus à évacuer son stress, mais c’est plutôt devenu un réflex qu’une issue : « Je m’énerve, je mange. Je m’ennuie ? Je mange. En plus du besoin, je ressens encore la faim, c’est un cercle vicieux, car je mange constamment. Plus je mange, plus mon estomac grandit, plus mon estomac grandit, plus je mange… »

Sa femme dit de lui, que quand il a faim, il est impatient, de mauvaise humeur et surtout frustré : « Selon elle, je suis prêt à tuer père et mère, c’est la fin du monde (rires). Ma devise c’est : on ne va pas jeter ça quand même ! »

Pierre mange environ 8 fois par jour (grignotages compris). C’est dans la nourriture qu’il trouve sa satisfaction. Niveau rations, il se sert toujours des plus grosses parts que les autres : « Et je suis souvent le premier à me reservir… Portion double obligée. »

Les Liégeois confient leurs addictions - Unsplash - Am JD

Golden Card – Manon, 23 ans, addict au shopping en ligne

Manon, 23 ans, étudiante en psycho, a commencé le shopping online vers 18 ans, quand elle s’est intéressée aux influenceuses qui partageaient leurs derniers achats sur Instagram : « Je devenais indépendante financièrement. J’avais accès à tous mes comptes, plus de restrictions et libre d’acheter quand je le voulais. J’ai commencé sur Zalando.»

Manon passe en moyenne deux heures par jour sur les sites en semaine. Le week-end, son temps de « consommation » peut parfois tripler. « Je me rends compte que je perds beaucoup de temps et d’argent et que le jour que j’aurai fini mes études, je n’aurai rien épargné, j’aurai du mal à me lancer dans la vie active et ça me faire peur…»

Aujourd’hui, Manon a toutes les applis qu’il faut pour acheter en ligne sur son iPhone, de Zalando et Asos à Amazon et Ali Express, en passant par Vinted bien sûr… « Le fait d’acheter en ligne m’occupe et me fait du bien. En fait, je n’achète pas toujours, mais j’aime faire du repérage et créer des wishlists ou sélectionner des coups de coeur. Quand je n’ai pas le budget, je ne vais pas jusqu’à m’endetter, par contre cela m’empêche de mettre de côté pour un quelconque imprévu et c’est là qu’est vraiment le problème… Je dirais que, par mois, je peux dépenser entre 250 et 300 euros. C’est mon job d’étudiant qui me le permet. »

BIG Bisou – Camille et son addiction au baume à lèvres

« Je mets du baume à lèvres depuis DES années. Je ne sais plus quand j’ai commencé exactement… sûrement depuis que je m’intéresse au maquillage, c’est-à-dire mes douze ans environ, mais vu que j’étais trop jeune pour avoir des rouges à lèvres, j’ai commencé avec du Labello. De fil en aiguille, c’est devenu mon indispensable au quotidien. »

Camille a 27 ans, et se dit accro aux baumes à lèvres. Si c’est un accessoire pour certains, c’est devenu plus qu’une nécessité pour elle : « Quand je n’en ai pas sur moi, je commence à avoir les mains moites et les lèvres qui piquent… Comme si j’étais en manque, alors je me sens ridicule et coupable, car je me dis que c’est impossible d’être accro au baumes à lèvres ! Mais je suis sincèrement mal dans ma peau quand je n’ai pas les lèvres hydratées… J’en mets 5 à 6 fois par jour et je dors avec mon baume avec moi, car si je n’en mets pas le soir, j’ai du mal à m’endormir… »

The Entertained – Dewey, 25 ans, gamer passionné

Dewey (surnom choisi par le gamer, les vrais comprendront) 25 ans, a commencé à jouer à 8 ans avec Spyro et Crash Bandicoot sur PS1 : « Je jouais à chaque fois que j’allais chez ma grand mère, car il n’y avait que chez elle que j’avais cette console. »

Vers 13 ans c’est la consécration. Il a sa première console, chez lui, dans sa chambre : « C’était la PS3. Mon jeu préféré à cette époque c’était Call of Duty et j’y jouais 5h par semaine, genre je jouais une heure en rentrant de l’école. »

Aujourd’hui, 12 ans plus tard, son temps de jeu a plus que triplé : « J’adore jouer, m’immerger. Une journée type : je commence à 9h et je m’arrête à 18h, en comptant les pauses, ça fait 6h de jeu non-stop. Quand je travaille, je joue 2 à 3h en rentrant, tous les jours, et il m’arrive, quand j’ai des insomnies, d’allumer la console. Si je m’en passe un ou deux jours, j’arrive à m’en passer une semaine, mais j’ai un besoin constant d’être occupé et ce depuis tout petit. Donc même en vacances, j’ai toujours ma Game Boy. Je joue surtout à des jeux de guerre et des battles royale, principalement des jeux multijoueurs, pour l’instant c’est beaucoup COD, mais sinon j’aime beaucoup GTA, Red Dead. Je suis dans la compétition, ce qui demande beaucoup d’implication perso. »

Dewey n’y voit pas tellement d’impact sur ses proches. Fils unique, c’est quelqu’un de solitaire : « Ma copine, avec qui je vis, trouve que j’y consacre beaucoup trop de temps et le fait d’être déconnecté non-stop m’habitue à être distrait. Elle dit aussi qu’elle me trouve plus agressif et impatient, c’est sûrement lié à la cadence de mes jeux. En terme d’argent, je joue tellement souvent aux mêmes jeux que je ne dépense pas beaucoup, maximum 50€ par mois, pour l’achat d’extensions. »

Comment ça se passe quand le wifi foire ? « Déjà, je donne ma vie pour le rétablir, puis je râle à mort, car j’ai pris du temps pour arriver à ce que je voulais faire dans le jeu et vu que le wifi déconne je suis contraint de trouver autre chose à faire, j’ai déjà sacrifié quelques manettes d’ailleurs pour ça (rires) ! »

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Nanny Coffee – Annick, 51 ans, accro au café

Annick, 51 ans, est clairement (selon elle) addict au café : « J’ai commencé vers 15-16 ans, je trouvais ça sympa de voir les gens autour d’un café dans des salons de dégustations ou à la tv. Un jour, au déjeuner, j’ai essayé et ça m’a plu. Mes parents en buvait tous les jours, donc je vivais avec du café au quotidien et la possibilité d’en boire. »

Aujourd’hui, Annick recherche toujours ce moment de pause où elle prend le temps de boire son café et rien d’autre, c’est devenu un rituel et un moment de bien-être pour elle : « Je m’évade un peu du quotidien et du stress. C’est un moment que je m’accorde le matin (primordial, deux tasses de café serré), puis vers 10h pour faire un break. Le midi, je termine mes repas avec un café, ça m’aide à entamer mon après-midi. Puis de nouveau à 16h et quand je finis ma journée. Et enfin, le soir, devant la tv, j’ai besoin de mon dernier café. Ça me relaxe plus qu’autre chose, donc je n’ai pas peur de ne pas dormir. »

Ancienne (grande) fumeuse, Annick a arrêté la cigarette d’elle-même et de manière radicale. Le café faisait déjà partie de sa vie à ce moment-là. Le maximum de tasses qu’elle peut boire ? Il lui est déjà arrivé d’en boire 3-4 d’affilée quand il y avait des problèmes de famille par exemple, c’était son seul réconfort dans ces moments-là.

« Je ne saurais pas passer une journée sans boire de café, sauf si je suis vraiment, mais vraiment, malade. Je n’ai pas ce plaisir avec une quelconque autre boisson. Par contre, je ne prends jamais mon café sans un morceau de chocolat noir, ça fait partie de mon petit rituel, je ne peux pas m’en passer. Les pâtes sont aussi une partie essentielle de ma vie, avec 50% de sang italien, je ne peux nier mes origines (rires). »

Sweety Baby – Anonyme, addiction au chocolat

À la recherche du golden ticket, cette personne vit depuis très longtemps dans un monde à la Willy Wonka où le chocolat est roi : « Honnêtement je ne sais pas du tout dire à quand mon addiction au chocolat remonte… Depuis toujours j’ai envie de dire, ou du moins depuis qu’on m’en a donné ! Etant petite, je ne mangeais pas beaucoup, j’étais toujours vite dégoutée par la nourriture, je n’y voyais pas de plaisir (contrairement à maintenant) et ça a duré très longtemps… Je n’appréciais que les biscuits, le chocolat et les pâtes, mais je me forçais à manger de tout (ou presque), sans plaisir. Du coup, c’est peut-être pour ça que mes parents m’ont toujours laissé manger pas mal de bonbons, biscuits, crèmes… après le souper. À l’époque, je préférais déjà tous les trucs au chocolat. Maintenant, j’en mange tous les jours ! Des fois, je quitte le boulot pour passer au petit magasin du coin et me chercher une tablette que je grignote au bureau. Ou pire, que je dévore déjà dans ma voiture sur le retour du petit magasin (rires). Je fume aussi et je pense que fumer peut « remplacer » le fait de ne pas avoir de chocolat. Mais c’est pas du tout la même chose. Après le souper, j’ai pris l’habitude de manger mon chocolat ET de fumer. Donc je dirais que ça « aide » un peu, mais la cigarette ne remplacera jamais le chocolat, c’est un plus. Je pense que le chocolat a été ma solution pour commencer à aimer la nourriture. »

Les Liégeois confient leurs addictions - Unsplash - Am JD

The Runner – Thibaut, 32 ans, addiction à la course

À 32 ans, Thibaut aurait pu remporter autant de prix que de kilomètres parcourus. Kiné de formation, mais coureur par passion, ce grand sportif court tous les jours. Peu importe le temps et peu importe son emploi du temps, Thibaut parvient toujours à caser une heure ou deux dans son planning pour une « petite » foulée : « C’est très important pour moi. Je ne peux plus me passer de la course et de ses effets. Ça fait maintenant 11 ans que je cours pour le plaisir, c’est devenu une addiction. S’il faut que je me lève à 4h ou annuler un rdv, je le fais. Quand je cours, j’évacue tout. »

Lorsqu’il a commencé, ce n’était pas une partie de plaisir. Initié à la course lors de ses études, Thibaut ne prenait pas autant son pied que maintenant lorsqu’il prend ses jambes à son coup.

« Petit à petit, j’ai trouvé dans la course des effets que je ne ressentais nulle part ailleurs. Si avant de courir, je suis plutôt anxieux et sur la défensive, la course m’aide à me canaliser. Lors de très grosses journées ou d’événements importants, je peux courir deux fois par jour et jusqu’à 15km. Qui plus est, j’ai vraiment besoin de ce contact avec la nature. Ma femme ne voit pas d’inconvénient à ce que je courre, à part quand j’y vais à 23h après le film, mais elle est sensée dormir à cette heure là (rires) »

Magic Hands – Clara a vaincu son addiction à la crème pour les mains

Quand on parle de super héros, en voici un autre qui mérite que l’on mentionne son super pouvoir. Clara a 25 ans et a vaincu son addiction aux crèmes pour les mains : « C’est venu assez jeune, peut-être à l’âge de 12 ans. La matière de mes mains me gênait (souvent trop sèches), surtout après être passées sous l’eau (pluie, douche, évier) ou après avoir touché des matières ‘mattes’, je ne pouvais pas toucher une craie. Quand j’étais en cours, c’était problématique, car il m’était impossible d’aller au tableau. »

La crème ou les gels rendant le touché de ses mains beaucoup plus agréable. Par le passé, elle avait toujours une petite crème sur elle et en mettait très souvent, peut-être 6 à 8 fois sur une journée : « Avant d’en mettre, je n’étais pas bien, dans un profond mal être, voire carrément en manque. Tout ce que je touchais me dérangeait. J’en avais surtout besoin en sortant de ma douche. »

Son entourage la connai(ssai)t avec cette habitude et Clara ne s’est jamais sentie jugée ou observée, sauf peut-être la fois où… ses amis l’ont surprise à mettre du gel pour les cheveux ! « Oui parfois, ça allait tellement loin, que si je n’avais plus de gel/crème/n’importe quoi à me mettre pour enlever cette sensation désagréable, je mettais du gel pour les cheveux.»

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Photos d’illustration: Unsplash 

 

 

Après un passage chez ELLE Belgique et Paris Match, la plume de cette publicitaire de formation, mordue de copy-writing, s'est posée chez Boulettes Magazine où elle rédige des reportages percutants et des articles lifestyle brillants. Retrouvez, aussi, une partie de son travail dans le magazine PUB.